Le PS drague ses anciens dissidents pour verrouiller sa majorité absolue

Publié à 17h43, le 25 juin 2012 , Modifié à 22h13, le 25 juin 2012

Le PS drague ses anciens dissidents pour verrouiller sa majorité absolue
Dominique Baert, élu du Nord (Maxppp).

Officiellement, ils ne font plus partie du PS, qui d’ailleurs, ne rend même pas compte de leur élection, sur son site internet.

Pourtant, selon les informations du Lab, le groupe PS à l’Assemblée, et, plus précisément encore, son président, Bruno Le Roux, accueille à bras ouverts tous les « dissidents » que Solférino a pris soin d’exclure, pour candidature aux législatives "non légitime".

Dans la foulée, leur réintégration au sein du parti devrait également être accélérée, et ce même si, officiellement, le PS doit respecter un délai de deux ans d'exclusion. 

L’enjeu symbolique est de taille : c’est cette poignée de dissidents qui peut offrir au groupe PS seul "sa" majorité absolue : seuls 280 députés du "Parti socialiste" canal historique (comprendre : investis par Solférino) ont en effet été élus.

  1. Présents lors du vote pour le président de groupe

    Ils ont été exclus du Parti socialiste. Pour cause de campagne dissidente aux élections législatives, une dizaine de députés ont été privés du label "Parti socialiste" et exclus du mouvement, comme les statuts le prévoient

    Mais aujourd'hui élus, ils réintégrent le groupe PS à l'Assemblée nationale et sont les bienvenus.

    Contactés par le Lab, au moins cinq élus ont raconté, de manière concordante, comment le groupe PS, et notamment son président, Bruno Le Roux, leur avait ouvert ses portes. 

    Il s'agit de : 

    - Hervé Pellois, député du Morbihan,

    - Dominique Baert, député du Nord,

    - Edith Gueugneau, députée de Saône-et-Loire),

    - Serge Bardy, élu du Maine-et-Loire

    - Et Annie Le Houérou, députée des Côtes d'Armor)

    Guy-Michel Chauveau (Sarthe) et Yves Goasdoué (Orne) pourraient en faire de même.

    Le cas, beaucoup plus médiatique, d'Olivier Falorni reste plus sensible.

    Un autre dissident est d'ores et déjà réintégré. Il s'agit de René Dosière. Dissident et écarté en 2007, il sera le 281e membre du groupe socialiste.  

    Au PS, ces retrouvailles sont un secret de polichinelle :

    Aucun de ces élus n'existe sur le site officiel du Parti socialiste (qui présente en revanche tous les élus EELV élus sous l'étiquette majorité présidentielle).

    De même, auprès du groupe parlementaire, c'est motus et bouche cousue, au moins jusqu'au 26 juin, date officielle du début de la législature.

    Ces réintégrations sont pourtant indispensables au PS : avec 280 élus, les socialistes ne bénéficient pas, à eux seuls, de la majorité absolue sans leurs proches alliés radicaux, qui vont constituer un groupe autonome.

    >> Accueillis par Bruno Le Roux et Christophe Borgel

    Dans le dossier qui est remis aux députés à leur arrivée, un formulaire leur permet de s'inscrire à un groupe. "Apparenté politique", ou "apparenté administratif", les élus ont le choix.

    Hervé Pellois, élu dans le Morbihan, explique :

    "On a reçu une sollicitation pour adhérer au groupe.

    J’ai signé un papier pour dire que je m’y inscrivais en tant qu’apparenté."

    Pour Dominique Baert, dissident PS du Nord, ce sera le premier choix :

    C'est naturel

    Je suis député socialiste, j'ai fait campagne parce que je voulais donner une majorité claire pour François Hollande.

    Pendant la campagne, j'avais eu une visite de Bruno Le Roux, … et j'ai 38 ans de socialisme !.

    Comme d'autres dissidents - eux préfèrent parler de "résistants" -, Dominique Baert a pris part au vote pour la présidence de groupe. Sans que personne n'ait rien fait pour les en empêcher."Au contraire", précise Serge Bardy, élu dans le Maine-et-Loire :

    C'est Bruno Le Roux qui m'a accueilli au Palais Bourbon, il m'a dit qu'il était très satisfait que j'intègre le groupe socialiste.

    Edith Gueugneau, députée de Saône-et-Loire, a eu l'occasion d'en discuter avec Christophe Borgel, secrétaire national du Parti socialiste aux élections : 

    J'ai été associée au groupe.

    Je l'ai rejoint assez naturellement et j'ai vu Christophe Borgel qui m'a dit qu'il n'y avait aucun souci pour cela.

    Le cas d'Olivier Falorni est plus compliqué.

    Falorni explique au Lab qu'il souhaite réintégrer le groupe à terme : 

    Mon souhait c'est de retrouver ma famille politique naturelle au cours de mon mandat, mais j'attendrai que les choses s'apaisent.

    Je suivrai le vote du groupe socialiste, puisque je suis socialiste de coeur.

    >> Une réintégration au sein du parti à l'automne ?

    Mais retrouver le groupe socialiste à l'Assemblée ne veut pas dire revenir au PS. Il y a une distinction claire entre le groupe et le parti. Les statuts prévoient une réintégration au bout de deux ans minimum pour un dissident qui le souhaite.

    Hervé Pellois, élu dans le Morbihan, explique sur ce point :

    Je veux réintégrer le PS mais j’attendrai qu’on me le propose.

    Tous témoignent cependant de la possibilité de retrouver Solférino dès l'automne. Selon Hervé Pellois, il se chuchote dans les couloirs de l'Assemblée que les exclus de mai pourraient être accueillis "après le congrès".

    Le congrès du Parti socialiste pourrait en effet être l'occasion de revenir sur la règle des deux ans, si toutes les parties se mettent d'accord. Et comme l'indique le dissident Yves Goasdé:

    Les statuts du PS se tordent assez facilement.

    En 2009, Marcel Rogemont et Guy Chambefort, candidats dissidents, avait finalement retrouvé leur carte du Parti socialiste avant le fameux délai.

    Delphine Legouté et Ivan Valerio

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