"Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre." La ministre de la Famille Dominique Bertinotti choisit de révéler dans Le Monde de ce 22 novembre qu'elle souffre d'un cancer du sein et a terminé sa dernière séance de radiothérapie cette semaine.
Un témoignage "pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène", explique-t-elle au Monde, détaillant comment elle a d'abord choisi de taire son mal auprès de ses collègues ministres comme auprès du Premier ministre. Seul François Hollande a été mis au courant, début mars. Le président de la République lui a alors répondu :
Tu fais le choix que tu souhaites devoir faire pour toi. Tu choisis le silence et je le respecterai.
Dominique Bertinotti raconte la perte des cheveux, des sourcils, le choix obligé d'une perruque, le regard des autres et la fatigue, le tout en plein débat sur le mariage pour tous à l'Assemblée nationale et durant la préparation de sa loi Famille.
Ainsi lors d'une séance de questions au gouvernement, alors qu'elle porte pour la première fois cette perruque :
Summum du summum, une question m'est adressée. Sur la réforme des prestations familiales ou le mariage, je ne sais plus. Là je me suis dit : "C'est la totale."
Vous vous levez, vous êtes filmée, il y a un public qui ne regarde que vous. On vous a répété que la perruque était très bien faite mais vous êtes sûre qu'elle va tomber.
Là, je me souviens, je me suis dit : "Reste neutre, il ne faut surtout pas que tu bouges."
Rien n'y parait.
Pendant huit mois, la ministre raconte qu'elle parvient à mener de front le cancer et le ministère. Elle manque une seule fois le conseil des ministres, le lendemain de son opération.
Le Monde recueille également le témoignage de Marisol Touraine, sa ministre de tutelle :
Dominique nous a bluffés. Pouvoir vivre avec sa maladie sera l'un des grands enjeux à venir.
Tout comme celui d'Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, premier opposant au mariage pour tous, premier donc à l'affronter dans l'hémicycle au moment du débat :
Même si nous l'avions su, le respect que l'on doit à une personne engagée et malade est de tenir le débat de façon ordinaire.