Le mauvais feuilleton de la loi dite El Khomri restera comme un cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire. Pour réformer de façon forte, quelques règles élémentaires s'imposent dans la manière de faire, qui toutes découlent du même principe : échanger un minimum avec les parties concernées.
> Travailler d'abord avec le ministre le plus concerné. Cette exigence de base ne semble même pas avoir été respectée, si l'on en croit ce que nous dit un des conseillers de Myriam El Khomri qui vient de démissionner.
> Se concerter avec les partenaires sociaux. Pas pour les contenter tous, ce qui est impossible. Mais pour ne pas satisfaire qu'un camp, le Medef, et braquer tous les autres. Aucune concertation préalable sur les éléments les plus nouveaux. Et tous de s'opposer, syndicats réformistes inclus.
> Discuter avec les ministres. Le conseil des ministres est fait pour cela. Les principaux éléments du projet de loi ont cependant été divulgués avant même la réunion du conseil !
> Respecter les députés. Que le gouvernement ait recours à l'article 49.3 pour faire adopter un texte sans vote, s'il n'est pas censuré, la Constitution le permet, et cela peut se concevoir au terme de longs et vrais débats. Mais que le recours au 49.3 soit envisagé avant même le dépôt du texte à l'Assemblée, avant même le débat entre ministres, c'est du jamais vu.
> Expliquer les raisons de la réforme. Ce qu'elle change et ce qu'elle préserve. Ce qu'elle apporte aux uns et aux autres, aux entreprises et aux salariés. Ne pas se contenter de phrases creuses sur l'équilibre entre flexibilité et sécurité, mais démontrer concrètement les progrès permis.
Faute d'avoir respecté ces cinq principes démocratiques de base, le pouvoir se retrouve obligé de reculer. Pour tenter de faire à l'envers ce qu'il fallait faire à l'endroit.