La majorité LREM à l'Assemblée fait face à deux critiques principales depuis le début de la législature : son amateurisme dû à un manque d'expérience général à ce niveau de l'action politique (un procès qui est instruit y compris par certains des députés LREM les plus chevronnés) et une certaine tentation hégémonique, à travers la captation des principaux postes stratégiques du palais Bourbon mais aussi le peu de dialogue parlementaire qui y a pour l'instant eu lieu. Aujourd'hui chef de cette majorité en sa qualité de Premier ministre, Édouard Philippe a tenu à adresser un message à tout un chacun sur ce dernier point samedi 8 juillet, lors de la première "convention" de La République en marche qui cherche à s'implanter dans le temps long.
Devant quelque 3.000 militants, référents locaux, cadres du mouvement, députés et autres ministres, le chef du gouvernement a ainsi évoqué son expérience politique locale au Havre. Et a adressé aux marcheurs de tous ordres cette mise en garde :
"Quand vous êtes dans l'opposition, et ça se passe souvent au début des majorités, il n'y a rien de pire que de constater que la majorité, parce qu'elle a été élue, pense que par définition, elle a toujours raison, elle sait plus et elle sait mieux et elle doit systématiquement imposer.
Bien sûr, notre majorité claire, forte et stable nous donne une légitimité. Mais j'attire vraiment votre attention sur le fait que nous ne serions pas à la hauteur de notre responsabilité, nous ne serions pas à la hauteur du moment si nous pensions que l'intelligence revêt désormais une couleur partisane. L'intelligence est quelque chose de beaucoup plus large. Nous réussirons en écoutant y compris ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Et j'ai même tendance à penser qu'en faisant ainsi, nous irons plus vite et serons encore plus fiers de ce que nous sommes.
"
Voilà qui est dit. D'autant plus audible peut-être qu'Édouard Philippe avait pris soin de brosser son auditoire dans le sens du poil quelques minutes plus tôt :
"Mes amis, alors vous voilà ! Vous voilà, les marcheurs, ceux qui ont réussi ce que l'on disait impossible, ceux qui ont fait ce que personne n'avait jamais fait, ceux qui ont démontré à tous les incrédules, à tous les experts, à tous les installés, qu'on pouvait en très peu de temps créer une force militante, formuler des idées, renouveler les pratiques et les candidats, gagner une présidentielle et des législatives et tout ça avec le sourire !
"
Visiblement très populaire au sein de La République en marche et chaleureusement applaudi tout au long de son discours (on ne sait pas s'il y avait des consignes spécifiques à ce sujet...), l'ancien député-maire LR a aussi évoqué son rôle dans la création de l'UMP, revendiquant totalement son parcours d'homme de droite devant cette assemblée "et de droite et de gauche". Un message quand même plus sûrement adressé à ses anciens camarades LR, au moment où le parti de la rue de Vaugirard réfléchit plus que jamais à exclure ceux de ses membres qui se sont mis "en marche" à des degrés divers. Édouard Philippe a déclaré :
"Je le dis pour ceux qui ont longtemps combattu cette formation et qui sont dans cette salle, c'est comme ça, j'en suis fier, je ne m'en excuserai pas [rire] !
"
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[BONUS TRACK]
Et tandis que le même jour, le Parti socialiste désignait sa nouvelle direction collégiale temporaire au cours d'un Conseil national, Manuel Valls, désormais député de la majorité macroniste, a tenu à se rappeler au bon souvenir de ses anciens camarades :
D'un côté au PS "ni Macron,ni Mélenchon",la ligne qui a conduit au désastre,de l'autre l'optimisme,l'envie et la mesure à #LaConventionLREM
— Manuel Valls (@manuelvalls) 8 juillet 2017