Cela ressemble fort à une prise de rendez-vous pour 2022. Ce dimanche 9 juillet et après plusieurs jours de rumeurs et autres on-dit sur son compte, Valérie Pécresse annonce plusieurs choses : 1) elle n'est pas candidate à la présidence de LR, que Laurent Wauquiez briguera même s'il ne le dit pas encore ; 2) elle crée en revanche un nouveau mouvement qui, POUR L'INSTANT, est interne au parti pour défendre une droite "ni soumise à Macron ni poreuse avec le FN" ; 3) elle n'exclut pas de plier bagages et d'aller faire valoir ses idées ailleurs si une ligne trop "brutale" et "conservatrice" prenait le pouvoir rue de Vaugirard. Comme un premier pas pour sauter la case "bisbilles partisanes" et se rapprocher directement de celle de la prochaine présidentielle, dont elle sait qu'elle l'intéresse fortement.
Disant dans une interview au JDD ne pas vouloir prendre part à la "guerre des chefs" qui s'annonce, la présidente de la région Île-de-France plaide d'abord pour un report du congrès au cours duquel se jouera le leadership de LR. A priori prévu pour décembre, il devrait être repoussé à 2018, selon Pécresse. "Ce serait logique qu'on se mette d'accord sur une ligne qui nous unit avant de choisir un leader", dit-elle alors que son parti se fracture entre les modérés et les autres. Délaissant pour le moment la bataille des postes, cette ancienne filloniste qui a finalement soutenu Alain Juppé pour la primaire préfère donc engager celle des idées. Pour ce faire, elle annonce la création d'un énième micro-parti à droite, prenant soin de préciser que celui-ci ne sera pas forcément toujours affilié à LR :
"J'ai décidé de créer un mouvement d'idées qui, à ce stade, se situe au sein des Républicains. 'Libres !' serait un beau nom. [...] J'invite tous ceux qui veulent construire et peser dans le parti sur cette ligne à nous rejoindre. Nous verrons ensuite is nos idées sont majoritaires.
"
Et si elle dément dans un premier temps être déjà en train de quitter LR ("Ce que nous voulons, c'est que nos idées soient respectées. Nous voulons les faire vivre et les exprimer"), elle n'exclut pas de le faire à terme :
"- Valérie Pécresse : Quel que soit le futur président du parti, il devra entendre la voix forte de ceux qui disent 'nous voulons une autre droite'. Personne ne peut gouverner seul, replié autour d'un clan. [...]
- Le JDD : Si vous avez le sentiment de ne pas être entendue, quitterez-vous LR ?
- Valérie Pécresse : Si on ne s'y sent pas chez nous, oui. Mais mon espoir, c'est qu'en créant ce mouvement on arrive à entraîner, y compris des personnalités de la droite du parti qui pourraient être plus à l'aise avec nous qu'avec une ligne caricaturale.
"
"Il y a un vrai risque de division si tous ceux qui sont comme moi attachés à cette droite gaulliste, libérale, sociale, forte mais humaniste, ne trouvent pas leur place", avertit-elle encore. Laurent Wauquiez est donc prévenu : si elle ne l'affrontera pas pour la présidence du parti, Valérie Pécresse n'entend pas pour autant lui laisser le champ libre, lui qu'elle accuse d'avoir "la tentation d'un rapprochement avec l'extrême droite".
Où l'on se souvient tout de même de cette promesse faite par celle qui n'était alors que candidate aux régionales, il y a tout juste deux ans : "Si on perd en 2017, j'arrête la politique... Je n'aurai plus la foi." Il semblerait bien qu'une telle retraite ne soit plus du tout à l'ordre du jour...
[BONUS TRACK]
Pendant ce temps, certains songent donc pour leur part à devenir président(e) de LR. C'est le cas de Daniel Fasquelle, lieutenant sarkozyste, député du Pas-de-Calais et intransigeant trésorier du parti. Il "n'exclut pas d'être candidat", fait-il savoir au JDD, disant vouloir annoncer sa décision "fin août ou début septembre", après avoir été "à la rencontre des militants" cet été. Suspense, donc.
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