Dans sa petite lettre de félicitations envoyée à Barack Obama pour sa ré-élection, François Hollande emploie un "friendly" dont la rigueur anglaise est très douteuse.
En novembre 2008, Nicolas Sarkozy écorchait quant à lui le prénom de Barack Obama, l’appelant "Barak".
"Barak" pour Sarkozy, "friendly" impropre pour Hollande
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OXFORD ENGLISH - François Hollande a félicité, mercredi 7 novembre dans la matinée, Barack Obama pour sa réélection à la Maison Blanche.
Jusque là, rien que de très normal.
Problème : le président de la République français a décidé d’apposer, sur ce courrier rédigé sur ordinateur, une petite formule manuscrite, écrite en langue anglaise.
Et c'est précisément avec ce "friendly" que les ennuis débutent : sa rigueur est plus que contestable, comme le confirment au Lab plusieurs spécialistes de langue anglaise.
L’objet de la faute est visible en ligne, sur la page Facebook de l’Elysée, qui a publié la missive :
Contactée par Le Lab, Julie Vatain, maître de conférence à l'UFR d'anglais de l'université Paris-Sorbonne, et auteure d'un ouvrage à paraître en décembre 2012, intitulé Traduire la lettre vive, aux éditions Peter Lang, explique :
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L'emploi de "friendly" en tant qu'adverbe n'est quasiment plus attesté en anglais contemporain. On peut supposer que François Hollande a voulu essayer de traduire littéralement "amicalement". L'adverbe usuel en anglais aurait été "sincerely" (américain) ou "faithfully" (britannique).
Mais friendly" est un adjectif et il faut un nom avec: "friendly regards" ou "friendly greetings".
"Egalement contactée par Le Lab, l'université d'Oxford, et plus précisément le département chargé de l'édition du dictionnaire d'Oxford, confirme :
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"Friendly" ne peut pas être utilisée de cette manière en anglais.
On écrirait plutôt : "Best wishes", ou "All the best", dans un contexte relativement informel.
De manière plus formelle, on pourrait également écrire : "Yours sincerely", ou "Yours faithfully" - mais uniquement dans le cas où vous n'adressez pas votre message à un destinataire particulier.
"Autre petite coquille contenue dans ce courrier : le président français tient à féliciter Barack Obama "en [s]on nom personnel", formule qui tend au pléonasme, comme nous le signale un commentateur du Lab.
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L’exercice de la lettre de félicitation à Barack Obama est décidément très délicat pour les locataires de l’Elysée.
En novembre 2008, c’est un certain Nicolas Sarkozy qui s’était pris les pieds dans le tapis, exactement dans les mêmes circonstances.
Au "Monsieur le Président élu" de rigueur, Nicolas Sarkozy avait en effet ajouté un "Cher Barak" impropre, comme l’avait révélé Mediapart, publiant la missive :
Antoine Bayet et Ivan Valério