Emeutes à La Réunion, silence en métropole

Publié à 14h40, le 24 février 2012 , Modifié à 16h25, le 24 février 2012

Emeutes à La Réunion, silence en métropole
La Réunion, 23 février 2012 (Maxppp)

La Réunion a connu une troisième nuit de violences de jeudi à vendredi. Les incidents ont commencé mardi par une manifestation contre l'essence chère et le blocage par des transporteurs routiers du seul dépôt de l'île.

Claude Guéant s'est enfin fendu d'une déclaration vendredi : "Ces violences sont absolument inacceptables (...). Ce ne sont pas les violences qui vont permettre de régler les problèmes".

Nos hommes politiques réagiraient-il avec la même indifférence si de tels événements venaient à se dérouler en métropole ?

  1. Les raisons de la colère

    Sur europe1.fr

    "Tout est parti d’un mouvement de protestation contre la hausse des prix du carburant sur lequel d’autres revendications sont venues se greffer", explique Europe1.fr.

    Les émeutiers "sont des jeunes, des groupes isolés, des casseurs". "Il y a 200 casseurs au Chaudron, pareil au Port, une centaine dans l’est de l’île", un chiffre à rapporter aux plus de 800 000 habitants que compte La Réunion.

    "C’est du pur vandalisme. Ça n’a rien à voir avec le malaise de la population sur la vie chère", dénonce le sous-préfet de Saint-Benoît, Serge Bideau. Yves Mont-Rouge, rédacteur en chef du Journal de l’île de La Réunion et du site Clicanoo , a un "regard plus nuancé". Certes, les casseurs sont "déconnectés des vraies revendications sociales". Mais, souligne-t-il, ces jeunes "sont dans une situation de désespérance sociale, ils n’ont pas de travail".

    La Réunion, comme la métropole, est touchée par la crise, rappelle Europe 1.fr, "sauf qu’ici, près de 35% de la population est au chômage et il y a 60% de jeunes qui ne travaillent pas. La situation sociale elle-même est explosive". Et le problème de la vie chère, à l’origine du vaste mouvement de protestation en 2009, n’a jamais eu de "réponse concrète" : "depuis 2009, ça n’a pas vraiment bougé", estime Yves Mont-Rouge.

  2. Ce qu'en disent les médias locaux

    Sur la1ere.fr

  3. L'outre-mer, un passage obligé pour les candidats à la présidentielle

    Sur huffingtonpost.fr

    La classe politique française est bien silencieuse sur les affrontements à La Réunion. Pourtant c'est LE déplacement à prévoir pour toute campagne électorale : au moins un déplacement dans l'un des DOM-TOM.

    Lors de ses voeux aux Français d'outre-mer, en janvier dernier en Guyane, Sarkozy avait ainsi annoncé qu'il se rendrait à La Réunion au "premier semestre 2012". A voir finalement...La Réunion avait été en tout cas dans son agenda de candidat en 2007 :

    Marine Le Pen a aussi fait le choix de se rendre à La Réunion en février dernier, où elle a été chahutée :

    François Hollande s'est lui rendu en Martinique en janvier :

  4. "C'est loin, on s'en fout, non ?"

    Sur rue89.com

    Revenant sur les événements des derniers jours, Rue 89 publie une tribune écrite par une Réunionnaise, Anne-Sophie Rochegune. Elle conclut par :

    "

    Mais bien sûr, en métropole personne n'en parle. C'est loin, on s'en fout, non ? Ce n'est jamais que 800 000 habitants qu'on laisse partir à vau-l'eau et qu'on recontactera éventuellement pour la présidentielle à l'instar de Marine Le Pen il y a deux semaines...

    "
  5. Eva Joly : "Je n'ai pas de baguette magique"

    Sur mediapart.fr

    Comme le signale Thédel dans les contributions, Eva Joly, interviewée par Mediapart jeudi soir, a notamment été interpellée sur la situation dans les DOM-TOM.

    Elle répond :

    "

    J'ai peur de ne pas avoir la solution sur le chômage dans les DOM-TOM. Nous ferons là comme ailleurs avec une agriculture plus saine, bio. Avec la reconversion énergétique, nous créerons des emplois. Nous réserverons beaucoup de postes d'apprentis dans le bâtiment par exemple et nous aurons des mesures particulières en leur faveur. Mais je n'ai pas de baguette magique.

    "

    A regarder à 1'27 :

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