Quatre mois après son retour, l'UMP redevient le premier parti de France. Le principal parti d'opposition, présidé par Nicolas Sarkozy depuis fin novembre 2014, allié avec l'UDI, a terminé en tête du premier tour des élections départementales, dimanche 22 mars. Un succès électoral qui n'éclipse visiblement pas la proximité d'autres échéances, pour lesquelles certains fourbissent leurs armes depuis de longs mois. Il en va ainsi d'Alain Juppé et François Fillon, candidats déclarés à la primaire de la droite et du centre pour 2017.
Si l'heure est au rassemblement de leur famille politique, les deux hommes n'en oublient donc pas de jouer leurs propres partitions. Réunis à Pessac (Gironde) pour un meeting commun lundi 23 mars, les deux anciens Premiers ministres ont ainsi soigneusement évité de prononcer le nom de l'ex-chef de l'État. Manière de ne pas trop personnaliser le bon résultat de ce premier tour pour leur parti. Tout juste le maire de Bordeaux a-t-il salué "la victoire de l'UMP, de son président".
Sur RTL lundi, François Fillon avait déjà minimisé le poids de Nicolas Sarkozy sur ce premier tour. "Il a gagné cette élection comme tous les membres de l'UMP ont gagné cette élection, expliquait-il. Il a sa part de mérite naturellement, mais il n'est pas tout seul. On a travaillé ensemble." Et de considérer que la "victoire" de Nicolas Sarkozy n'était pas une "évidence".
Un autre candidat pour 2016 aiguisait son argumentaire depuis quelques temps. Bruno Le Maire a prévenu, bien avant le 22 mars : "Une victoire est toujours une victoire collective, expliquait-il par exemple devant la presse parlementaire, le 11 mars. Si l'UMP l'emporte, ce sera la victoire de nos candidats et ensuite de notre famille politique. Le président de notre famille y aura pris toute sa part, bien évidemment. Un message que le député de l'Eure a répété depuis dimanche soir.
Au contraire, Laurent Wauquiez veut croire que ce succès est d'abord celui du président de l'UMP. Cité par Le Parisien mardi 24 mars, le député de Haute Loire et numéro 3 de l'UMP explique :
"On peut retourner la question dans tous les sens, ce résultat est avant tout la victoire de Nicolas Sarkozy et de son équipe autour de lui.
"
Et d'ajouter : "Ce scrutin le consolide, il a réussi son retour."
[BONUS TRACK] Juppé s'oppose au "ni-ni"
En ce meeting post-premier tour, François Fillon a expliqué "défendre" le "ni-ni" prôné par le parti et Nicolas Sarkozy en cas de duel FN-PS au second tour, dimanche 29 mars. Alain Juppé, en revanche, n'a pas vraiment masqué ses réticences, lui qui avait appelé à voter PS pour la législative partielle dans le Doubs, à rebours de la position officielle de l'UMP. Lundi soir, le maire de Bordeaux a déclaré que sa "priorité" restait de "faire barrage au FN" :
"En cas de duel FN/PS, le bureau politique de l'UMP a fixé sa ligne. Je la respecte. (...) Chacun connaît ma position qui n'a pas varié : pour moi, la priorité est de faire barrage au FN et de poursuivre le travail de pédagogie que nous avons commencé pour convaincre les électeurs de bonne foi des incohérences et des dangers de son programme
"