En plein discours, Cazeneuve étrille Ciotti, "beaucoup plus calme à Cannes qu'à l'Assemblée"

Publié à 14h57, le 11 mai 2016 , Modifié à 15h00, le 11 mai 2016

En plein discours, Cazeneuve étrille Ciotti, "beaucoup plus calme à Cannes qu'à l'Assemblée"
Bernard Cazeneuve et Éric Ciotti © Montage Le Lab via AFP

DOUBLE-FACE - Ah, Cannes ! Son soleil, son ambiance de vacances, ses stars, ses blagues durant les discours... Et pas seulement pendant le Festival du même nom. Tel un maître de cérémonie pour l'ouverture de la quinzaine, le ministre de l'Intérieur sait aussi jouer du registre de l'humour pour capter son auditoire cannois, même lorsqu'il parle des sujets pourtant peu propices à la blagounette que sont la sécurité et le terrorisme.

Mercredi 11 mai, c'est le journaliste Guillaume Durand qui raconte dans L'Opinion cette scène, qui se déroule donc à Cannes lundi. Le ministre de l'Intérieur y est en déplacement au contact du dispositif de sécurité déployé pour le Festival de Cannes, qui s'ouvre ce mercredi. Après une réunion à l'hôtel de ville avec le maire LR de la ville, David Lisnard, et le président du Festival, Pierre Lescure, le premier flic de France donne un discours "devant les journalistes, le préfet et tous les notables de la région", relate Guillaume Durand. Parmi les quelque 200 personnes qui constituent l'assistance, il y a aussi Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes.

Spécialisé tout autant dans les sujets de sécurité que dans la dénonciation permanente des décisions gouvernementales, l'élu du cru va alors être la cible d'une bonne vieille attaque aigre-douce de Bernard Cazeneuve :

 

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J’adore venir ici, j’ai un profond attachement pour cette région, notamment parce qu’Éric Ciotti est bizarrement beaucoup plus calme ici qu’à l’Assemblée nationale ! Ici, il ne subit pas la pression de ses amis politiques, ce qui, malheureusement, lui arrive souvent... Moi jamais !

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Et crac, voilà la double personnalité d'Éric Ciotti révélée au grand jour, par le biais de cet humour pince-sans-rire si caractéristique de Bernard Cazeneuve. D'un côté, le porte-flingue de l'opposition, préposé à la réaction offensive et immédiate à toute actualité susceptible de mettre le gouevernement en difficulté ; de l'autre, un élu local qui sait mettre le théâtre politique de côté pour accueillir le ministre de l'Intérieur.

Ce dernier n'en a d'ailleurs pas fini avec lui. Toujours selon Guillaume Durand, le résident de la place Beauvau enchaîne :

 

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Éric va me dire que les 9.000 emplois supplémentaires [dans les forces de l'ordre], que nous avons créés depuis 2012, n’arrivent toujours pas à combler les 13.000, qui ont été supprimés imprudemment par nos prédécesseurs ! [...] Je vais d’ailleurs revenir le 1er septembre, avec Éric Ciotti, s’il le souhaite [rires] pour bien lui prouver que tous les effectifs promis sont en place.

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Pendant ce temps-là, la cible du jour est contrainte au silence. "[Éric Ciotti] a déjà parlé et se contente de dire qu’il a toujours soutenu les lois proposées actuellement par le ministère", raconte encore Guillaume Durand. De la fourberie stratégique du ministre de l'Intérieur, qui dézingue gentiment un adversaire qui n'a pas de droit de réponse...

Notons que ce n'est pas la première fois que Bernard Cazeneuve vanne allègrement Éric Ciotti en public. En janvier, en plein hémicycle, il avait ainsi lancé au cours d'une passe d'armes avec le député LR : "Quand je suis assis ou debout, j’ai de toute les façons la même taille… C’est ce qui me rapproche de Monsieur Ciotti."

[BONUS TRACK]

Dans l'avion les conduisant à Cannes, Bernard Cazeneuve a aussi glissé quelques confidences au journaliste qui l'accompagnait. Et celui qui est accessoirement le moine-soldat du quinquennat a évoqué la situation actuelle de François Hollande :

 

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Hollande, depuis son arrivée à l’Elysée, travaille incessamment, il ne s’accorde pratiquement pas de repos. Une cohérence va finir par émerger et d’ailleurs la parole de la France est respectée dans le monde. Moi, je me pose une seule question politique : comment l’aider à réussir sa réélection ? Car, que vous le vouliez ou non, des choses ont été faites et bien faites.

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Il est donc bel et bien en campagne, même s'il s'en défend. Enfin, au moins d'après ce ministre dont il est très proche...

Du rab sur le Lab

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