L'annonce devait être une main tendue aux communistes. Alors qu'elle est toujours en pleine négociation avec le PC parisien pour savoir s'ils partent ensemble dans la course à la capitale pour 2014, Anne Hidalgo a présenté ce 23 septembre devant la presse ses "priorités" pour Paris. Dedans, une promesse visant explicitement les communistes : atteindre 30% de logements sociaux d'ici à 2030. Une demande du PC depuis le début des discussions.
Rien de concret, ont déjà regretté ces derniers par la voix de leur chef de file pour ces élections parisiennes, Ian Brossat. Maintenant ainsi la pression.
Ce lundi, lors d'une conférence de presse, Anne Hidalgo a placé la question du logement comme "première priorité". Sans cacher son intention de séduire les communistes :
J'ai entendu nos partenaires communistes parler de 30% de logements sociaux à l'horizon 2030. Je reprends cette idée à mon compte avant même que nos discussions aillent plus en avant.
La loi prévoit actuellement d'atteindre 25% de logements sociaux dans le parc immobilier d'ici à 2025. Anne Hidalgo dit vouloir aller plus loin. Problème, au-delà du chiffre global, la candidate refuse encore de s'engager sur un nombre précis de logements sociaux réservés chaque année. Son entourage détaille au Lab :
Les communistes souhaitent que l'on crée 7.500 logements sociaux par an. La mairie de Paris en crée actuellement 6.000, c'est déjà une augmentation de l'effort. Rien n'est arrêté à ce stade.
Un flou qui permet aux communistes de maintenir la pression. Leur chef de file, Ian Brossat, a immédiatement fait part de ses "interrogations". Il souhaite que la création de logements sociaux au rythme de 7.500 par an débute dès 2014, sous l'impulsion de Bertrand Delanoë :
Il n'y a pas d'annonce nouvelle.
En revanche j'ai une vraie interrogation sur le rythme de production de logements sociaux. Elle dit qu'elle veut tenir l'objectif de 25% en 2025, ce qui revient à créer 6.000 logements par an. Mais si on veut atteindre 30% en 2030, il faut créer 7.500 logements par an.
C'est dès 2014 qu'il faut se mettre en situation d'aller vers 30% en 2030.
2014 ou 2015, 6.000 ou 7.500 ... des chiffres à peaufiner dans l'esprit de l'équipe Hidalgo qui met surtout en avant son "volontarisme" face au logement.
Dans sa besace, outre les 30% d'ici à 2013, la candidate a promis de créer "10.000 logements pour tous par an", sociaux mais également intermédiaires, pour les jeunes actifs et les classes moyennes. Là aussi, l'annonce est forte mais le contenu encore flou. En substance, Anne Hidalgo veut en créer davantage mais sans dépenser plus :
Ces créations de 10.000 logements comprendront 1.500 constructions neuves mais aussi la mobilisation de bureaux obsolètes, de logements vacants, l'acquisition de logements dans des copropriétés privées ... Le budget, actuellement d'environ 500 millions d'euros par an, restera à cette hauteur là.
L'adjoint au maire chargé des Finances, Bernard Gaudillère, précise au Lab qu'entre 2008 et 2014, l'effort moyen sur le logement comprenant les aides à caractère social sera d'environ 560 millions d'euros par an.
Parvenir à plus de logements pour le même coût, quelle est la recette miracle ? Son entourage évoque le partenariat public-privé que souhaite propulser Anne Hidalgo pour inciter les propriétaires à louer leurs biens à des loyers abordables et, en contrepartie, leur offrir des garanties de paiement. Autrement dit, dénicher des biens jusqu'ici absents du marché.
Parmi les financeurs, la candidate compte également sur les collectivités franciliennes dans le cadre du Grand Paris et sur l'Etat.
Chez les communistes, on salue "des objectifs louables mais qui mériteraient d'être précisés" avant de poursuivre les négociations. Les militants communistes parisiens décideront à la mi-octobre d'un éventuel ralliement au PS lors des élections municipales.