Et l'Elysée se mit à évoquer à haute voix la fusion des sites Internet de Radio France et France Télévisions

Publié à 22h10, le 18 décembre 2013 , Modifié à 08h06, le 19 décembre 2013

Et l'Elysée se mit à évoquer à haute voix la fusion des sites Internet de Radio France et France Télévisions
Capture d'écran.

CONTENT MANAGEMENT SYSTEM - Tout n'est pour l'instant qu'au stade d'idée, mais ça germe à l'Elysée. L'idée en question: rapprocher les sites internet, et les contenus numériques de Radio France et de France Télévisions.

Une piste évoquée le 17 décembre au soir par François Hollande, confirmée par la ministre de la Culture, et détaillée au Lab par un membre de l'entourage du chef de l'Etat :

C'est une piste de réflexion. Pourquoi pas envisager ça ? Si ça se faisait un jour, il s'agirait d'alimenter mutuellement les sites mais ce ne serait en aucune façon une mutualisation des moyens. Il n'y a aucune crainte à avoir.

A l'Elysée, on tient à insister sur ce point: non, le palais n'envisage pas de supprimer des postes dans l'audiovisuel public.

Ce même conseiller évoque auprès du Lab d'éventuelles pistes de réforme :

Par exemple Radio France pourrait avoir France Télé comme prestataire de service vidéo. Mais là je m'avance. L'idée est de réfléchir à un grand service public numérique.

Cette idée, c'est François Hollande qui, le premier, la lance le 17 décembre à l'occasion des 50 ans de la Maison de la radio. Lors d'un discours devant les personnels de l'institution.

A l'écrit, François Hollande devait dire ça :

Faudra-t-il rapprocher les sites de la radio et de la télévision pour créer un grand service public audiovisuel numérique qui allie sons et images originales et spécifiques ?

Problème: François Hollande s'éloigne un peu de ses notes, et zappe le mot "site" de son discours. Ce qui donne une version bien différente, qui fait comprendre que c'est à la fusion de la radio et de la télévision publique que pense le chef de l'Etat :

Nous pourrions imaginer que France Télévision et Radio France puissent rassembler leur contenu dans un grand service public audiovisuel.

Voir la vidéo, à 18'40

Immédiatement, le chef de l'Etat lève la main et, sur un ton humoristique, admet "s'aventurer" et "préfère ne pas trancher". Des rires sont d'ailleurs entendus dans l'assistance.

Une gaffe ? Pas du tout, selon la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Une blague, plutôt.

Voilà ce qu'elle déclare sur iTélé ce 18 décembre :

Le Président de la République est facétieux : il n'y aura pas de fusion entre Radio France et France Télévisons,  je suis très claire là-dessus.

La ministre de la Culture, en revanche, confirme l'idée de rapprochement du numérique entre les deux maisons :

Il doit y  avoir un travail sur les contenus numériques, pour voir comment valoriser les pratiques très innovantes de Radio France, comme le grand succès de France Culture en matière numérique.

[Il faut] travailler ensemble entre établissements publics à travers les contenus numériques pour créer de nouvelles synergies, c'est à cela qu'il [François Hollande, NDLR] faisait allusion.

Il fallait donc y voir un "trait d'humour", d'ailleurs peu goûté par la Société des journalistes de Radio France, qui se fend d'un communiqué salé ce même 18 décembre :

Si c’était une plaisanterie, la Société Des Journalistes de Radio France l’a fort peu appréciée. Des annonces impromptues concernant l’audiovisuel public qui apparaissent au détour d’un discours, nos amis de France Télévisions ont déjà vécu cela avec le précédent Chef de l’Etat.

Nous espérons que la parole présidentielle d’hier n’avait pas même valeur de ballon d’essai et que seul le sens de la « facétie » du Président explique cette sortie comme l’affirme aujourd’hui la Ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.

La société des journalistes fait allusion au discours de février 2008 de Nicolas Sarkozy, lors duquel le chef de l'Etat annonça la suppression de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques. Une annonce qui, selon plusieurs sources, aurait été soufflée à quelques minutes de la conférence de presse par Jacques Attali.

Paul Larrouturou, avec Thibaut Pézerat

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