"Madame la commissaire politique". Marine Le Pen a trouvé un nouveau surnom à Anne-Sophie Lapix, présentatrice du magazine politique Dimanche Plus sur Canal Plus. Un sobriquet répété à plusieurs reprises pendant l'émission, qui succédait à un échange particulièrement tendu sur le plateau de l'émission, lors duquel Marine Le Pen accuse les journalistes de "racisme anti-FN".
Le journaliste Karim Rissouli rappelle alors les condamnations d'élus Front national dans les années 1990. Bruno et Catherine Mégret, Jean-Marie Lechevalier, Daniel Simon-Pierri, Jacques Bompard... Trois maires FN sur quatre condamnés pour "discrimination et provocation à la haine raciale", "favoritisme, fausses factures et emplois fictifs", ou encore "détournement de fonds publics".
Ce qui inspire à Anne-Sophie Lapix cette conclusion: "c'est toujours un peu le même genre de délits", puis cette question volontairement provocatrice:
"N'y a-t-il pas une tendance naturelle de l'élu FN parce qu'il est isolé à distribuer les marchés à des proches ?
"
Marine Le Pen, sans surprise, s'indigne: "Oui, c'est ça, c'est dans notre ADN?" et répond à la question... par une autre question :
"Vous savez qu'on peut se faire condamner pour racisme avec les propos que vous venez de tenir, là, madame ?
C'est du racisme, vous voyez, vous en faites à l'égard du Front national, c'est scandaleux.
"
Anne-Sophie Lapix ne se démonte pas et précise sa question: parce qu'il est isolé, l'élu FN n'aurait-il pas tendance à donner ses marchés à des proches ?
Marine Le Pen, agacée :
"Non mais écoutez, non mais écoutez, moi, ce genre d'émissions... Vous avez fait votre... Voilà, c'est bien. Vous vous êtes félicités... D'abord je voudrais vous dire que ces faits-là ont eu lieu il y a 20 ans.
Je ne vous ai jamais vus faire la liste des dizaines et des dizaines de condamnations à l'égard des autres partis politiques.
"
Les deux journalistes en plateau rappellent que Dimanche Plus le fait pourtant régulièrement. Marine Le Pen poursuit son développement, régulièrement contredite par ses interlocuteurs, et lâche, les yeux dans les yeux, tout sourire :
"Je voudrais juste que vous me laissiez terminer ma phrase ? D'accord ? Voilà, c'est gentil.
Vous n'allez pas me laisser tenir pour responsable de ce qu'a fait monsieur Mégret.
"
Mais la présentatrice interrompt régulièrement la présidente du FN. Toujours plus agacée -et toujours plus souriante-, Marine Le Pen s'énerve :
"Vous n'êtes pas capable de vous taire deux minutes ? C'est moi qui suis invitée et vous êtes censée madame, apporter une information à vos téléspectateurs. [...]
"
Contredite par Anne-Sophie Lapix, Marine Le Pen, en mode bis: "vous me coupez la parole toutes les deux secondes !" Mais la présentatrice laisse alors la présidente du Front national terminer son raisonnement, concluant ainsi:
"C'est difficile de se taire, hein ? Oui, je sais que c'est difficile.
"
Les joutes verbales se poursuivent et Anne-Sophie Lapix explique qu'elle fait là son métier de journaliste:
"Ce n'est pas non plus une tribune, vous ne pouvez pas non plus parler quatre minutes sans qu'on puisse vous relancer.
"
L'interview se poursuit et Marine Le Pen trouve alors des petits surnoms aux journalistes qui l'interviewent : "Monsieur le procureur" pour Karim Rissouli, "Madame la Commissaire politique" pour Anne-Sophie Lapix. Des sobriquets qu'elle répétera tout au long de l'émission.
Marine Le Pen et Anne-Sophie Lapix s'étaient déjà écharpées lors de la campagne présidentielle . La journaliste avait alors voulu démontrer que le programme économique de la présidente du Front national ne tenait pas debout.
Edit 15h50 :
Le député UMP Lionnel Luca a pris la défense de Marine Le Pen sur Twitter. Il voit le plateau de Canal Plus comme un "tribunal stalinien" :
Canal ,2interviews désolantes partisanes et sectaires qui font d'un plateau de Tv,un tribunal stalinien...
— Lionnel Luca(@lionnelluca06) 28 avril 2013