Plafonné, constitutionnellement, à 577 élus, le nombre de députés est remis en question à la fois par la droite et par la gauche. Lors de ses vœux aux bureaux des assemblées parlementaires, François Hollande s’est dit favorable à l’hypothèse d’une réduction du nombre d’élus au Palais Bourbon.
Hollande "est au taquet sur cette idée"
"François Hollande songe à diminuer le nombre de députés", écrit le Monde à la suite des vœux présidentiels, mercredi 16 janvier, aux bureaux des assemblées parlementaires.
Selon un proche du chef de l’Etat cité par le quotidien du soir, l’ancien député de Corrèze est emballé par cette idée de réduire le nombre de membres du Palais Bourbon, sanctuarisé à 577 par la réforme constitutionnelle de 2008 :
Il est au taquet sur cette idée.
Son ami et patron du groupe PS à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, approuve également cette hypothèse d’une réduction du nombre de parlementaires.
Invité de BFM TV, jeudi 17 janvier, le député de Seine-Saint-Denis explique sa position, personnelle, vu qu’il n’en a pas "encore parlé" avec son groupe et ne serait pas contre une réduction importante du nombre de députés :
On en discute. Si jamais il y avait une proposition, personnellement, je la soutiendrai.
Si jamais on réduisait le nombre de députés, il faudrait que ça soit significatif, que ça permette de renforcer les pouvoirs réels du Parlement.
Il y a une marge pour diminuer aujourd’hui le nombre de députés. Personnellement, j’y serai très favorable.
Cette position est partagée au-delà des clivages partisans. Le jeune député UMP proche de Xavier Bertrand, Gérald Darmanin, énonce la même proposition, ce jeudi dans Libération :
Si François Hollande veut un vrai big bang, il doit s’engager à diminuer le nombre de députés et leur donner plus de moyens.
Pour le jeune élu du Nord, le chiffre idoine serait de 400 députés. Un chiffre proche de celui -450- avancé par Bruno Le Maire, qui proposait également de diminuer le nombre d’élus à la chambre basse.
400.C’est également le chiffre annoncé par François Bayrou en février 2012 lorsqu’il s’engageait, en pleine campagne présidentielle, à réduire de 30% le nombre de députés s’il était élu à l’Elysée.
Le même mois, Marine Le Pen d’abord, puis Nicolas Sarkozy, alors président, s’engageaient, s’ils étaient élus, à "réduire le nombre de parlementaires". Une proposition surprenante alors que sa réforme constitutionnelle de 2008 initiée par Nicolas Sarkozy inscrivait dans le marbre de la constitution le nombre de député, désormais fixé et plafonné à 577.
Cette sortie avait ainsi fait sourire Jean-Jacques Urvoas, aujourd’hui président de la commission des lois de l’Assemblée, qui rappelait cependant que les socialistes ne trouvaient pas cette réforme "opportune".
Ainsi écrivait-il sur son blog :
Ainsi donc, le candidat de l’UMP a annoncé qu’il souhaitait engager "sans tarder avec toutes les formations politiques" une discussion pour "réduire le nombre de nos parlementaires". En écoutant cela j’ai éclaté de rire.
En effet, au moment de la révision constitutionnelle en 2008, lors de nos débats en commission, c’est sur l’initiative de son Président l’UMP Jean Luc Warsmann que le chiffre de 577 fut constitutionnalisé, rendant ainsi extrêmement difficile la réduction du nombre de députés…
Dans l’hémicycle, – nous étions alors le 26 mai 2008 – j’avais expliqué au nom du groupe socialiste que cette initiative ne nous semblait pas opportune.
Comme le démontrait Slate.fr dans une enquête intitulée "Y a-t-il trop de députés à l’Assemblée nationale" :
Une chose est sûre, la France a peu de députés proportionnellement à sa population par rapport à ses voisins européens.