"Madame Bachelot comme Monsieur Vaillant se trompent complètement." Depuis qu'il doit s'expliquer sur des paiements de factures en liquide, au montant important, retrouvés chez lui lors d'une perquisition, Claude Guéant fait face aux doutes des socialistes et de certains anciens ministres.
L'ancien titulaire de la Place Beauvau est en plein marathon médiatique pour expliquer que cet argent venait de primes en liquide touchées lorsqu'il n'était que collaborateur de cabinet au ministère de l'Intérieur. Et que ces primes - pourtant interdites en 2002 - avaient mis du temps à disparaitre dans ce ministère.
Au rang des anciens ministres, Roselyne Bachelot a tiré la première le 30 avril sur D8, lors de son émission, en assurant qu'il était "impossible d'avoir touché des primes de cabinet à partir de 2002", date à laquelle Lionel Jospin a supprimé cette pratique dans les ministères pour la remplacer par des virements.
Ce à quoi Claude Guéant a d'abord tenu à répondre, lors de son passage au JT de France 2 le 30 avril :
Au passage, j’admire la délicatesse de Madame Bachelot qui,sans doute, peine un peu pour remonter l’émission à laquelle elle participe.
Mais l'ancienne ministre sarkozyste n'est pas la seule à mettre en doute ses explications. Daniel Vaillant était ministre de l'Intérieur socialiste jusqu'en mai 2002. Interviewé par France Info mardi, il est sur la même ligne que Roselyne Bachelot :
Il n’y a plus eu de primes de cabinet en liquide à partir du 1er janvier 2002 et jusqu’à ce que nous partions.
Je n’imagine pas le gouvernement Raffarin remettre au goût du jour les anciennes primes de cabinet et, moi, je peux vous affirmer qu’entre le mois de janvier et le mois de mai, mes collaborateurs n’avaient plus ce type de prime versées en espèce.
Sur LCI le 30 avril au soir puis lors du JT de France 2, Claude Guéant leur a répondu que le ministère de l'Intérieur était "spécifique", qu'il a fallu attendre 2006 pour que ce système indemnitaire soit supprimé, que Roselyne Bachelot ne pouvait pas être "au courant" en tant que ministre des Sports et que Daniel Vaillant avait sans doute "oublié" :
Le ministère de l’Intérieur avait un régime spécifique. Ce sont plusieurs milliers de fonctionnaires, dont les membres de cabinet, qui étaient rémunérés par des frais spécifiques appelés les frais de police.
Etant donné le nombre de personnes concernées, il a fallu du temps pour rétablir un système indemnitaire.
Toujours sur France Info, Daniel Vaillant a validé l'existence de ces "frais de police" mais a précisé que ces sommes n'étaient pas destinées aux collaborateurs du ministre :
[Ils servaient] pour des projections à l'extérieur du côté de la DGSE ou les RG de l'époque sur des opérations de police. Il y a aussi eu des petites primes versées dans les commissariats
Avant d'être ministère, Claude Guéant a été collaborateur de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur entre 2002 et 2004 puis de 2005 à 2007. Les fonds sur lesquels il doit s'expliquer aujourd'hui ont été retrouvés à son domicile lors d'une perquisition en février, dans le cadre de l'enquête sur un présumé financement illégal par la Libye de la campagne présidentielle de 2007.
A lire également sur ce sujet :
>> Fonds en liquide : la défense hasardeuse de Claude Guéant [Lemonde.fr]
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A voir aussi :
La une de Libération consacrée à Claude Guéant.
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— Jean-François Guyot (@JFGuyot) 1 mai 2013