C'est une promesse estampillée *la politique autrement* qui pourrait bien être finalement enterrée à l'ancienne. En tout début de mandature, une pratique nouvelle a été annoncée par le président du groupe LREM à l'Assemblée Richard Ferrand : tous les postes à responsabilité parlementaire détenus par la majorité seront remis en jeu à mi-mandat, y compris la présidence de l'Assemblée nationale. Mais il semblerait que le titulaire du perchoir François de Rugy ne soit finalement pas très chaud pour laisser sa place dans deux ans et demi - alors qu'il y est élu pour cinq ans selon la Constitution.
Sur France Bleu mercredi 12 juillet, le président de l'Assemblée n'est pas catégorique mais ouvre de fait la porte à une grosse remise en cause de cet engagement. François de Rugy rappelle d'abord avec force sous-entendu qu'il est "élu pour cinq ans", puis que certains de ses prédécesseurs (comme Jean-Louis Debré ou Bernard Accoyer) se sont publiquement opposés à cette démission à mi-mandat. Et joue la montre quant à son intention de s'y plier ou pas. Il dit :
"Nous avons eu une discussion au sein du groupe En Marche qui a consisté à dire qu'on redébattrait de la répartition des responsabilités à mi-mandat, donc on le fera. Je ne vais pas préjuger des conclusions de ce débat, parce qu'en effet, en ce qui me concerne, je suis élu pour cinq ans, ça c'est un fait. Et donc si nous décidions de changer, il faudrait que je démissionne. Moi j'entends les arguments des uns et des autres, je vois des anciens présidents de l'Assemblée s'exprimer - Jean-Louis Debré, Bernard Accoyer, Claude Bartolone me l'a dit aussi -, eux ils pensent qu'il vaut mieux pour l'Assemblée, pour le respect des institutions, que le président de l'Assemblée fasse la totalité du mandat.
Il faut rester assez serein par rapport à ça, moi j'en discute aussi avec les députés, notamment d'En Marche. Seul un certain temps de fonctionnement permettra d'avoir le recul nécessaire sur cette question. Parce que c'est un engagement sur l'ensemble des responsabilités - président de l'Assemblée, vice-présidents, présidents de commissions, président de groupe, etc. Donc il faudra bien mesurer ce que l'on doit faire sur l'ensemble de ces responsabilités à mi-mandat.
"
Sur RTL dimanche, le même se montrait déjà très évasif lorsqu'il se voyait demander s'il avait "accepté de ne pas se représenter" à la présidence du palais Bourbon lorsque son mandat serait remis en jeu. Il répondait alors :
"Cela n'a pas été dit ainsi dans le groupe mais ça fera partie de la discussion au bout de deux ans et demi, c'est normal.
"
En annonçant fin juin cette nouvelle pratique qui concerne aussi son poste de président de groupe, Richard Ferrand était pourtant catégorique, assurant que les sortants ne pourraient pas se représenter pour ces postes à responsabilité.
Il semblerait qu'une discussion entre les deux hommes s'impose. À noter que ce ne serait pas la première fois que François de Rugy effectuerait un tel reniement, lui qui avait soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle au mépris de son engagement à soutenir le vainqueur de la primaire à laquelle il était candidat.