IL EST OÙ LE RESPECT ? - France 3 vs Laurent Wauquiez. Samedi 9 janvier, l'antenne Auvergne-Rhône-Alpes de la chaîne publique a grandement trollé le nouveau président LR de la région. En tout, près de 4 minutes qui ont dû faire *très* plaisir à l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
En cause, une invitation à participer à l'émission de débat La voix est libre, en compagnie de "citoyens engagés", qui, selon la chaîne, a finalement été déclinée au dernier moment après que le numéro 2 de Les Républicains a longuement fait lambiner France 3.
Samedi, lors de l'émission, ce bandeau figure au bas de l'écran : "L'invité : Laurent Wauquiez". Or, point de Wauquiez à l'horizon. Le présentateur donne alors cette explication :
"Laurent Wauquiez a en fait décliné notre invitation. Cette invitation lui avait été lancée dès le soir de son élection, le 13 décembre dernier. Le 31, une réponse devait nous être donnée, il n'y en n'a pas eu. Dans les jours qui ont suivi, nous avons à de multiples reprises relancé nos interlocuteurs ; la plupart de ces relances sont restées lettre morte. Il y a quelques jours, Laurent Wauquiez nous a fait savoir qu'il avait des problèmes d'agenda. Et puis ensuite, il nous a finalement donné un accord de principe... à la condition qu'il n'y ait pas de contradicteur sur ce plateau, condition que nous avons refusée.
Jeudi 7 janvier à 11h45, moins de 48 heures avant 'La voix est libre' et 24 jours après notre invitation initiale, la réponse est tombée : ce sera non, un non définitif. Selon l'attaché de presse du nouveau président, il serait trop tôt pour échanger en direct sur France 3 avec des citoyens engagés.
"
En plateau, le journaliste Olivier Michel explique encore que la rédaction "regrette cette absence" et a été "un peu contrariée par cette réponse très très tardive". La chaîne poursuit sa mise au point en diffusant deux montages vidéos de propos tenus par Laurent Wauquiez lors de la première séance du nouveau conseil régional, lundi. Et le fraîchement élu président de région a beaucoup parlé de la défiance des citoyens envers les politiques et des moyens d'y remédier :
"Je suis convaincu que les habitants de notre région, que les Français, attendent que leurs élus aient le courage de leurs convitions au lieu de s'en excuser. Rarement les politiques ont été victimes d'un tel rejet. Rarement la défiance des citoyens a été aussi grande.
[...] Il faut changer la politique et nous changerons la politique par le terrain. Les Français se méfient des débats politiques en chambre stériles, mais ils croient en leurs maires. Les Français n'accordent plus de crédit aux discours sans lendemains mais ils ne demandent qu'à juger leurs élus sur les résultats, pour pouvoir à nouveau nous faire confiance. Ayons le sens des responsabilités qui permette de comprendre que les habitants de notre région sont las des affrontements politiciens et attendent de nous le sens de l'intérêt général.
"
"Depuis plusieurs années, nous tentons à notre manière de rapprocher les citoyens de leurs élus, par-delà la démagogie, les préjugés ou les raccourcis faciles et souvent faux", fait alors valoir le journaliste, qui dit "partager le constat" de l'élu. Et de lui lancer une nouvelle invitation teintée de provocation :
"Alors Laurent Wauquiez, si vous regardez cette émission, je vous lance cet appel public et un peu solennel. Vous vous êtes donné 100 jours pour appliquer votre programme ; 100 jours, cela nous amène au début du mois d'avril. Monsieur le président, nous vous invitons dès aujourd'hui à tirer un premier bilan de votre action, ici même dans 'La Voix est libre' sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. 100 jours, je pense vraiment que ça vous laisse le temps de bloquer une date sur votre agenda et de vous y préparer.
"
Contactés par Le Lab, ni Laurent Wauquiez ni son entourage n'étaient disponibles pour donner plus de précisions. L'un des journalites de la chaîne a posté la vidéo de la séquence sur son compte Facebook (public).
[Edit 12/01 17h15]
Auprès du Lab ce mardi 12 janvier, l'entourage de Laurent Wauquiez rétorque tout d'abord que "c'est nous qui fixons notre agenda de communication et qui acceptons, ou non, les invitations des médias". Cette mise au point faite, ce collaborateur du président de région précise :
"Nous n'avons jamais répondu positivement à leur proposition, il n'y a jamais eu d'accord. Ensuite, la journée de samedi était particulièrement chargée, avec pas mal d'opérations de terrain et nous avons fait un arbitrage tout simple : privilégier cette présence de terrain plutôt qu'une présence médiatique.
"
Si une demande de changement de "format" de l'émission, pour aboutir à une interview sans intervenants de la société civile, a bien été formulée par l'équipe de Laurent Wauquiez, celle-ci n'a pas reçu de réponse favorable et les deux parties ne sont "pas tombées d'accord", ajoute-t-on. Et de qualifier la chose de "petit événement" : "Il n'y a rien de grave".
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