PAPIVORE – "Il n’y a que ce journal pour titrer « Aubry met Hollande sous surveillance »." Ces propos – rapportés dans un confidentiel de l’Express – tenus par François Hollande à l’endroit du Figaro prolongent les rapports conflictuels qu’entretient le chef de l’Etat avec le quotidien depuis la campagne présidentielle.
"J'aurais pu faire tous mes meetings sur les unes du Figaro"
Près de quatre mois après son élection, François Hollande reste fâché contre le Figaro.
Un indiscret de L’Express, daté du 5 septembre, rapporte les propos du chef de l’Etat, mécontent du traitement de l’université du PS par le quotidien de Serge Dassault. Et notamment de son édition du 27 août :
Il n’y a que ce journal pour titrer « Aubry met Hollande sous surveillance ».
Et François Hollande d’ajouter, toujours selon l’Express :
Dans ce numéro, on pouvait lire un éditorial sur le duel Fillon-Copé qui, lui, bien sûr, "réveille l’opposition". On n’est pas près de lire un article sur le duel Jean-Christophe Cambadélis-Harlem Désir qui redynamise le Parti socialiste.
Ces propos ne sont qu’un nouvel épisode de la relation conflictuelle qu’entretiennent les deux parties depuis la campagne présidentielle.
La première pique :
Le rythme de la campagne commence à s'accélerer quand François Hollande décoche, en premier une pique contre le Figaro, racontée par Laurent Binet dans son livre "Rien ne se passe comme prévu".
De retour d'un déplacement à Londres, le 29 février, le candidat Hollande fait un habituel "off" dans le train. Et interpelle les journalistes, et notamment celui du Figaro :
Pourquoi j'ai remercié la presse pendant le meeting, ce soir ? Vous vouliez quoi ? Que je vous insulte ? Vous me suivez partout, on se voit tous les jours... J'espère qu'à l'issue de cette campagne vous aurez tous des promotions, vous aussi, Nicolas, j'espère que "le Figaro" vous donnera de l'avancement même si vous ne parvenez pas à empêcher mon élection, ha ! ha !
La première polémique :
Le 10 avril, en plein cœur de la dernière ligne droite avant le premier tour de la présidentielle, Etienne Mougeotte, alors directeur des rédactions du Figaro, se fend d’un encadré mettant en cause le candidat Hollande :
AVANT le premier tour de la présidentielle, Le Figaro a souhaité publier quatre grands entretiens, avec François Bayrou, François Hollande, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy.
Tous ont donné leur accord à l'exception de François Hollande, qui n'a pas souhaité répondre aux questions des journalistes du Figaro.
La justification de Hollande :
Le jour même, le prétendant socialiste à l’Elysée répond, sur iTélé, de lui-même, aux insinuations du patron éditorial du quotidien :
Vous avez lu Le Figaro depuis les derniers mois ? [...]
Ce n'est même pas une prise de position [...] chaque jour, un discrédit une déconsidération de ce que je suis. Ils en ont parfaitement le droit, c'est la liberté de la presse [...]
La liberté doit être totale, et bien la mienne aussi.
Parant les accusations potentielles de la droite sur son "manque de courage", le candidat socialiste affirme assumer pleinement son refus :
Je suis allé suffisamment devant Etienne Mougeotte dans des émissions de radio pour ne rien craindre de la rédaction du Figaro.
Quand Hollande récidive :
Quelques jours plus tard, le 25 avril, alors qu’il tient une conférence de presse "présidentielle", le candidat socialiste revient sur cette polémique. Et récidive, avec humour, ses attaques contre le quotidien (Passage à partir de 58’41’’ de la vidéo) :
J'aurais pu faire tous mes meetings sur les unes du Figaro alors qu'elles faisaient mon bonheur. Je me demande même si le 6 mai, le Figaro ne titrerait pas «François Hollande élu président de la République, embarras au parti socialiste».