LA FAUTE A LA DROITE - Après des mois de polémiques autour de la déchéance de nationalité, François Hollande a finalement décidé de renoncer. A l'issue du Conseil des ministres, mercredi 30 mars, le Président a annoncé qu'il ne réunira pas le Congrès à Versailles pour sa réforme constitutionnelle.
Après des dernières consultations lundi et mardi auprès des présidents des deux assemblées, Claude Bartolone et Gérard Larcher, le chef de l'Etat a donc jeté l'éponge. François Hollande a accusé une partie de la droite, "hostile à toute révision constitutionnelle". Il dit :
"Je constate, aujourd'hui, que l'Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un même texte et qu'un compromis paraît même hors d'atteinte sur la définition de la déchéance de nationalité pour les terroristes. Je constate aussi qu'une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu'elle porte sur l'état d'urgence ou même sur l'indépendance de la magistrature. Je déplore profondément cette attitude [...] J'ai décidé, après m'être entretenu avec les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, de clore le débat constitutionnel.
"
Depuis le départ, de nombreux députés de la majorité ne se sont pas gêné pour critiquer cette mesure voulue par le Président. Le 22 mars dernier, le ministre à l’Aménagement du territoire Jean-Michel Baylet avait même enterré publiquement le Congrès. N'oublions pas non plus que la déchéance de nationalité avait aussi provoqué la démission de Christiane Taubira .
Et dans les rangs de l'opposition, les critiques fusaient également. "Même Donald Trump n'oserait pas proposer" la déchéance de nationalité, avait fustigé le juppéiste Benoist Apparu le 18 mars dernier. Mardi matin, le sénateur LR Jean-Pierre Raffarin avait estimé qu'il serait "assez sage" que François Hollande renonce au Congrès. Le Président a donc fini par se résigner.
Il renonce donc à la déchéance de nationalité pour tous, telle qu'adoptée par l'Assemblée nationale. Le Président renonce également à la constitutionnalisation de l'état d'urgence, pourtant adoptée par l'Assemblée et le Sénat - dans des termes très proches. Les textes sur la déchéance de nationalité, votés par l'Assemblée et le Sénat, étaient trop différents pour espérer trouver un consensus. Enfin, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature est abandonnée également .