Il sait qu'il la provoque. Mais il y va quand même. En rajoute. Et jubile... Mardi 19 mars, le député soutenu par le Front national Gilbert Collard prend la parole alors que Sandrine Mazetier, vice-présidente de l'Assemblée nationale, assure l'interim de Claude Bartolone. Il s'adresse à elle en l'appelant "Madame le président". Sandrine Mazetier n'apprécie pas.
Commence alors un dialogue de sourds entre les deux députés :
- Madame le président, Madame le ministre, Monsieur le rapporteur...
- Madame la présidente, Monsieur Collard. C'est systématique...
- Je respecte la grammaire. Je respecte la grammaire. Je respecte la grammaire. La grammaire française m'impose, et l'Académie aussi...
- Je vous demande de respecter le réglement de l'Assemblée et la plus simple courtoisie.
- Si y a un conflit entre le réglement de l'Assemblée et la grammaire, qu'est-ce qu'on fait ?
Interrompu par une remarque dans l'hémicycle, Gilbert Collard s'emporte :
Moi vous ne m'imposerez aucun point ! Rien, personne ne m'imposera rien ! Je dis madame le Président parce que c'est la grammaire.
Gilbert Collard clôt alors la joute verbale par une phrase... alambiquée :
- Alors Madame le président, ou Madame la présidente, pour faire plaisir à Madame le président qui est en fait Madame la présidente... Est-ce que je peux m'exprimer ?
Gilbert Collard ressuscite ici un débat vieux de plusieurs décennies : doit-on féminiser des titres qui, historiquement, étaient généralement détenus par des hommes ? Oui, répondent la plupart des femmes concernées.
En septembre dernier, déjà, Cécile Duflot recadrait sèchement Bernard Accoyer, député UMP et surtout ancien président de l'Assemblée nationale, qui lui donnait du "Madame le ministre" :
Ce que je sais, c'est que je suis une femme, je vous prierai donc de m'appeler 'Madame la ministre', sinon je me verrai dans l'obligation de vous appeler Monsieur le député avec un A, ça fait 'la députée', et ce serait aussi désagréable à votre égard qu'au mien.
Voir la vidéo à 19'10 :
Comme le note le bloggueur et attaché parlementaire Pierre Januel dans un billet pour L'Express, le débat sur la féminisation des titres est ancien . En 1986, alors Premier ministre, Laurent Fabius publie une circulaire sur 'la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre'.
Mais l'Académie française avait alors estimé que "la marque du féminin ne sert qu'accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle". Comprendre là qu'il n'est pas obligatoire d'employer les termes "Madame la ministre", ou "Madame la ministre".