Depuis une semaine, les deux principales concurrentes à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo, sont lancées dans une bataille de chiffres. Un coup porté à l'origine par NKM qui, le 26 août, est venue sur RTL avec une mitraillettes à pourcentages pour dénoncer une augmentation des impôts locaux et des coûts de fonctionnement de la mairie sous l'ère socialiste.
Des chiffres confortés le 30 août par un fact-checking du site capital.fr que réfute totalement la candidate socialiste. Invitée de France Bleu Paris ce 2 septembre, elle a tenu à apporter un sous-titre à cet article en dénonçant sa partialité :
"Le magazine Capital mène depuis longtemps une ligne éditoriale contre nous, contre Bertrand Delanoë.
"
Et rappelle que quelques mois plus tôt, le magazine a été condamné pour diffamation à l'encontre de Bertrand Delanoë, pour l'avoir accusé d'être "pire que Chirac" en matière "d'emplois fictifs" :
"D’ailleurs il a été condamné ce magazine en avril dernier pour diffamation contre le maire de Paris.
"
De fait, le début de l'article mis en cause par Anne Hidalgo ne malmène pas vraiment NKM :
"Bertrand Delanoë a raison : Nathalie Kosciusco-Moriset "n’est pas idiote". Mieux : la candidate de l’UMP à la mairie de Paris sait parfaitement compter, ce qui n’étonnera personne, s’agissant d’une polytechnicienne.
"
La suite est factuelle. Capital.fr se penche sur la hausse d'impôts de 40% qui, selon NKM , aurait eu lieu depuis 2001 et la confirme. Il précise néanmoins que le montant d'une taxe locale "résulte de la combinaison d'un taux et d'une base fiscale" et, donc, que l'augmentation n'est pas entièrement du fait de la municipalité : les bases fiscales ont été revalorisées de 22.29% en 12 ans par les gouvernements successifs.
De son côté, Anne Hidalgo parle de hausses bien plus limitées décidées par sa mairie : taxe d'habitation et taxe foncières ont augmenté de 9% en 2009 et 8% en 2010. A cela s'est ajoutée une taxe départementale de 3%. Sur France Bleu Paris, la candidate PS décide même d'additionner ces chiffres pour prouver que l'on n'aboutit pas à une hausse générale de 40% ... un calcul pourtant non pertinent en matière de pourcentages.
Autre argument de la candidate : ses opposants prendraient en compte l'augmentation des recettes fiscales et non celle du taux des taxes. Ce qui, vu l'augmentation du nombre d'habitants, va forcément crescendo :
"La réalité c’est 9 plus 8 plus 3, ça ne fait pas 40.
Et deuxièmement, bien sur qu’à Paris, il y a eu plus de population donc le produit des recettes fiscales, le produit non pas les taxes, a augmenté, lié à la population, 118.000 habitants de plus.
"
La bataille de chiffres - et surtout d'utilisation des chiffres - a encore de beaux jours devant elle.