La pause fiscale de François Hollande, un "supplice chinois" aux yeux de Christian Saint-Etienne

Publié à 10h35, le 02 septembre 2013 , Modifié à 10h35, le 02 septembre 2013

La pause fiscale de François Hollande, un "supplice chinois" aux yeux de Christian Saint-Etienne
Christian Saint-Etienne sur BFM Business, le 2 septembre 2013. (Capture d'écran BFM Business)

METAPHORE EVER - Parmi les figures de style favorites des hommes politiques, Le Lab vous avait déjà parlé de l'anaphore, de la gradation ou de la prétérition. Mais jusqu'à présent, la métaphore, pourtant l'une de leurs friandises favorites, avait été laissée dans l'ombre.

Christian Saint-Etienne, économiste au CNAM et également candidat UDI à la mairie de Paris, donne aujourd'hui l'opportunité de réparer l'oubli.

Invité sur le plateau de la chaîne BFM Business, avant tout en tant qu'économiste si l'on en croit son "synthé" (les quelques mots de présentation sous son nom à l'écran, en l'occurence "professeur au CNAM"), le candidat UDI à Paris est amené à se prononcer sur la "pause fiscale" annoncée par François Hollande.

Cette promesse intervient après l'annonce, un peu plus tôt au cours de l'été par Pierre Moscovici, d'une hausse de 0,2 à 0,3 points des prélèvements obligatoires en 2014, "de l'ordre de six milliards d'euros".

Surtout, cette promesse de ne pas augmenter les impôt gouvernement s'inscrit dans un contexte de hausse des prélèvements depuis des années. En mai dernier, La Tribune notait par exemple qu'ils étaient passés de 42,5% du PIB en 2010 à 43,7% en 2011 et 45% en 2012.

De quoi relativiser la portée de la "pause fiscale", ce que ne va pas manquer de faire le professeur d'économie centriste.

Mais plutôt que de perdre son auditeur en termes techniques, Christian Saint-Etienne choisit, donc, de se tourner vers la métaphore, puis vers la comparaison :

La "pause fiscale", c'est un sujet compliqué qu'il faudrait préciser. Normalement, quand on parle de pause fiscale on parle de stabilité des taux.

Là, on parle de prélèvements obligatoires, ce qui permet tous les jeux de bonneteau.

Le jeu de bonneteau, cette arnaque de rue où l'on doit retrouver une carte après qu'elle a été mélangée avec d'autres, n'a a priori pas grand chose à voir avec le gouvernement de François Hollande.

Mais dresser un parallèle entre les deux permet à Christian Saint-Etienne de délivrer un message clair, sans vraiment le dire : la pause fiscale de François Hollande, à mes yeux, c'est un prétexte à toutes les arnaques.

Christian Saint-Etienne poursuit la démonstration avec une comparaison, la même chose qu'une métaphore avec un outil de comparaison, le plus souvent, "comme" :

C'est quand même une farce puisque sur la période 2011-2014, c'est à dire que c'était déjà le cas sous Sarkozy et que ça s'est accéléré sous Hollande, on va quand même augmenter la fiscalité de plus de 70 milliards d'euros.

Donc parler de pause fiscale pour moi, c'est comme dans un supplice chinois : on vous a arraché tous les ongles des mains, on commence par vous arracher un ongle de pied, et on vous dit "maintenant j'arrête, est-ce que ça va mieux ?". C'est la réalité de la pause fiscale française.

Christian Saint-Etienne explique ensuite les données économiques qui lui font faire cette comparaison :

Nous atteignons maintenant l'un des niveaux de prélèvement obligatoire les plus élevés des pays développés.

Sachant que le niveau de dépense publique, qui dans une vision globale est la vraie évaluation du prélèvement sur la richesse avec 57 points de dépense publique, on est maintenant avec un record du monde.

Et les statistiques de l'OCDE nous ont montré pendant l'été que sur les 57 points de PIB prélevés sous forme de dépense nationale vous avez 33 points de pib de protection sociale, record absolu.

Une vraie pause économique, ce serait une baisse de la dépense.

Des explications techniques, par forcément compréhensibles par tous, et sans doute bien moins efficaces que l'image, éloquente et compréhensible, d'un ongle arraché par un bourreau et l'absurdité de la consolation qui s'ensuit.

Sur le plateau même de BFM Business, composé, outre l'intervieweur et le candidat UDI, d'experts en économie invités à s'exprimer sur la pause fiscale au même titre que Christian Saint-Etienne - et donc susceptibles de bien connaître ces problématiques -, c'est la comparaison du supplice chinois qui fait mouche, et non l'explication qui s'ensuit.

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