SABOTAGE ? - L'information est quelque peu passé inaperçue, au lendemain du second tour des élections départementales. Lundi 30 mars, l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à autoriser la réouverture des listes électorales, comme le relève Le Scan ce mardi. Un texte porté par les députés socialistes et apparentés, dans la foulée de leur chef de file Bruno Le Roux et d’Elisabeth Pochon.
Ce texte, dont le Lab révélait l'exposé des motifs début mars, a pour but "la réouverture exceptionnelle des délais d’inscription sur les listes électorales". Autrement dit, alors que pour voter en 2015, il fallait s’inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre 2014, cette loi doit permettre à ceux qui n’ont pas fait la démarche de pouvoir s’inscrire d’ici à l’automne 2015 pour les échéances de la fin d’année. C'est à dire les élections régionales de décembre.
Les députés PS estiment que "la nécessité de lutter contre l’abstention qui mine la démocratie impose de permettre au plus grand nombre d’électeurs de s’inscrire sur les listes électorales postérieurement au 31 décembre 2014" afin d’obtenir "un corps électoral plus sincère". Ils ajoutent que 7% du corps électoral ne serait pas inscrit sur les listes et qu’il y aurait 3 millions de non-inscrits et 6,5 millions de mal-inscrits.
Mais Hervé Mariton, lui, est inquiet. Seul le groupe UMP s'est opposé à ce texte et le député de la Drôme n'en démord pas : il y a manipulation sous PPL. Au Scan, l'ex-troisième (et dernier) homme de la course à la présidence de l'UMP fait part de ses doutes. Il explique :
"C'est la porte ouverte à toutes les manipulations et toutes les contestations ! La démocratie exige la stabilité. Pour qu'un scrutin ne soit pas systématiquement remis en cause, il faut que les listes électorales soient connues bien à l'avance.
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Et Hervé Mariton de dénoncer "une mesure de gauche taillée sur mesure pour les prochaines régionales". Il accuse également les socialistes de "torturer les listes" électorales :
"La question des listes faussées est un vrai problème, mais on ne le réglera pas avec une mesure ponctuelle. Si on commence à torturer les listes, où s'arrête-t-on ? Il faut démontrer beaucoup de prudence. L'enjeu d'une liste électorale, c'est d'être la plus solide possible, pas de coller à l'actualité d'un scrutin qui tombe en fin d'année.
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Début mars, le député UMP Guillaume Larrivé dénonçait déjà auprès du Lab "une tentative de réouverture sans précédent". Il ajoutait :
"C’est hypocrite, nous ne sommes pas dupes. C’est une question de principe : dans une démocratie apaisée, on ne peut pas modifier les règles du jeu par convenance pour le parti au pouvoir.
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Élue socialiste de Seine-Saint-Denis qui a défendu ce texte, Élisabeth Pochon se défend de toute malveillance auprès du Scan :
"Des élections en fin d'année, c'est très rare. Avec cette clôture des listes à la fin de l'année dernière, tous ceux qui, par exemple, ont déménagé en cours d'année auront des difficultés pour voter. [...] C'est aussi un projet d'amélioration de la validité de ces listes. Elles sont très incomplètes : par exemple à Bordeaux, on estime que 30% des listes sont faussées. [...] On ne vit plus dans les années 50 ! La mobilité s'est largement développée, c'est une loi de modernisation !
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