Macron va payer l'ISF : des députés PS proches du ministre crient au complot

Publié à 17h21, le 31 mai 2016 , Modifié à 21h23, le 31 mai 2016

Macron va payer l'ISF : des députés PS proches du ministre crient au complot
Emmanuel Macron © ALAIN JOCARD / AFP

COMPLOOOOOOT - Selon les informations de Mediapart et du Canard Enchaîné, mardi 31 mai, Emmanuel Macron vient de subir une réévaluation du patrimoine immobilier de son couple qui va le forcer à payer l'Impôt sur la fortune (ISF). D'après le site d'informations, le ministre de l'Économie estimait ne pas être redevable de l'ISF mais les vérifications fiscales déclenchées après sa nomination au gouvernement ont débouché, au terme d'un an et demi de discussions avec l'administration fiscale, sur cette régularisation.

D'après Le Canard, "Macron avait sous-évalué la valeur de la maison de son épouse de 200.000 euros". Il a donc finalement admis être assujetti à cet impôt et cette réévaluation "lui fait franchir le seuil de l’ISF fixé à 1,3 million d’euros (d’actifs nets taxables)", ajoute Mediapart, qui précise que "le rattrapage pourrait toutefois rester inférieur à 10.000 euros, intérêts ou pénalités compris". Emmanuel Macron a "déposé une déclaration rectificative pour les années 2013 et 2014", écrit encore le site d'informations. La situation du ministre serait donc désormais "tout à fait régulière", fait valoir son entourage.

Rapidement, divers élus ont réagi à ces informations. Et notamment des députés socialistes qui soutiennent le résident de Bercy, engagé dans sa propre initiative politique avec son mouvement "En Marche". Pascal Terrasse a ainsi, le premier, joué l'air du complot contre son champion, cible selon lui d'"une cabale" parce qu'il "n'est pas de l'establishment" :

Contacté par Le Lab pour préciser ses propos, l'élu de l'Ardèche relance :

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Emmanuel Macron est la cible d'attaques parce qu'il dérange. Ils veulent l'abattre parce qu'il offre un nouveau regard sur la politique : un homme neuf et des idées nouvelles, ça heurte les habitudes et l'establishment va tout faire pour l'écarter.

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Arnaud Leroy, député PS des Français de l'étranger a quant à lui estimé que ces révélations interviennent dans une "période de la chasse au Macron", et ce car ce dernier "dérange" :

Arnaud Leroy ne nomme cependant personne. Pascal Terrasse, pour sa part, précise auprès du Lab "ne pas savoir d'où viennent ces fuites", mais estime qu'il pourrait s'agir de "soldats mal intentionnés de Bercy restés au pouvoir après l'alternance de 2012". Questionné pour savoir s'il vise également le gouvernement actuel, il dit : "Je ne l'espère pas." Il ne l'écarte donc pas catégoriquement non plus.

Leur message est limpide : par ses ambitions, Emmanuel Macron gêne des gens qui disposent d'informations confidentielles sur sa situation fiscale, et qui ont décidé de les faire fuiter pour causer sa chute. 

Ces dernières semaines, le ministre a délibérément entretenu le flou quant à ses intentions pour 2017, alors que François Hollande tente de préparer le terrain à une nouvelle candidature. Il se dit par ailleurs que le chef de l'État piloterait en sous-main la prise d'indépendance de son ancien "chouchou" avant que celui-ci ne se rallie à sa cause, dans le but d'attirer un électorat centriste pour 2017... mais avec comme risque que Macron ne décide finalement de rouler pour lui-même.

Ironie de l'histoire : ces informations sont publiées quelques semaines après que le même Emmanuel Macron a pris position en faveur de... la suppression de l'ISF. Dans Risques, une revue professionnelle du secteur de l'assurance, il expliquait :

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Je pense que la fiscalité sur le capital actuel n'est pas optimale. Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF.

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[EDIT 21h01]Emmanuel Macron a réagi très rapidement après cette nouvelle polémique. "Je suis en conformité avec l'administration fiscale", a d'abord assuré le ministre de l'Economie : 

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Je suis en conformité avec l'administration fiscale. Je suis en conformité avec la haute-autorité pour la transparence de la vie publique. Je me suis toujours conformé à ce que ces administrations ont demandé quand j'étais un citoyen normal et, a fortiori, quand je suis devenu un responsable politique [...] Je suis pour la transparence dans la vie publique, je suis pour le contrôle régulier et intransigeant de tous les dirigeants publics, mais je ne suis pas pour la société du déballage. Je suis attaché comme tous les citoyens au secret fiscal.

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Après cette clarification, Emmanuel Macron a envoyé un message à "ceux qui tentent" de le "fragiliser". "Bonne chance parce que cela ne m'arrêtera pas", a-t-il assuré.

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Je ne suis dupe de rien, sachez-le ! Le fait que ces derniers jours et ces dernières semaines, il y ait un emballement sur à peu près tous les sujets pour essayer de soit me déstabiliser, soit me fragiliser, soit penser sans doute à salir l'action qui est la mienne. Je ne suis pas naïf. Donc, bon courage à ceux qui tentent cela. Bonne chance parce que cela ne m'arrêtera pas. Cela ne fait que conforter ma détermination à renouveler l'offre politique et à changer l'offre politique. 

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Du rab sur le Lab

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