Ce jeudi 1er décembre, l'Assemblée nationale examine une proposition de loi socialiste, soutenue par le gouvernement, visant à étendre le "délit d'entrave" à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Le texte cible les sites internet qui militent contre l'IVG et cherchent à dissuader les femmes enceintes en quête d'information, mais le font en prenant l'apparence de sites neutres voire officiels.
Les signataires considèrent que "la multiplication de ces pratiques trompeuses est inquiétante" et entrave "l'action des pouvoirs publics qui tentent de prodiguer une information claire et accessible quant aux conditions d'accès à l'IVG". En face, les opposants à cette extension du délit d'entrave font valoir "la défense de la liberté d'expression" et défendent le droit à dispenser une information "alternative". Le gouvernement, par la voix par exemple de Laurence Rossignol, rétorque que "la liberté d'expression n'inclut pas le droit au mensonge".
Isabelle Le Callenec, députée LR et porte-parole de François Fillon pendant sa campagne de la primaire de la droite, tente de renverser l'argument. En séance, elle évoque la "pluralité" d'informations disponibles en ligne, notamment venues de "sites clairement anti-IVG et qui proposent, c'est vrai, des alternatives à l'IVG". Elle enchaîne sur le site officiel du gouvernement sur l'IVG, sur lequel on peut lire - "en première page", précise-t-elle - que "la majorité des études scientifiques sérieuses qui ont été publiées sur le sujet montrent qu’il n’y a pas de séquelle à long terme psychologique de l’avortement". Elle attaque :
"Ce qui, reconnaissez-le madame la ministre [Laurence Rossignol, ndlr], peut être contesté et manque singulièrement d'objectivité.
"
Ou comment accuser à son tour les pouvoirs publics de fournir une information biaisée sur le sujet. Isabelle Le Callenec est pour sa part habituée des combats parlementaires sur l'IVG : en 2014, elle faisait partie des 19 députés UMP qui avaient déposé des amendements visant à la dérembourser.
À noter enfin que la page du site gouvernemental sur ces études scientifiques est inaccessible à la navigation ce jeudi matin.