NORMALISATION - La dédiabolisation du FN ? Non, ce n’est pas le fait de Marine Le Pen, mais de la classe politique française dans son ensemble, juge Jean-Luc Mélenchon. Pour le codirigeant du Parti de gauche, le Front national est devenu "un parti comme les autres". Et il aurait fallu l’interdire "il y a plus de vingt ans", comme il le demandait alors.
Invité de la matinale de France Inter, lundi 7 octobre, l’ancien candidat à l’élection présidentielle a ainsi déploré l’évolution de l’acceptation du FN dans le paysage politique français :
Il faut que la France regarde bien qu’en face d’elle, ayant refusé d’interdire le Front national lorsqu’il était temps, il y a plus de vingt ans, on les a accepté comme un parti comme les autres.
Bah maintenant c’est un parti comme les autres, oui ou non ? Il vit d’argent public, il reçoit des dotations de l’Etat et on nous le ressort aux élections pour nous faire peur.
Un argument qui l’autorise, aujourd’hui, dans le cadre du second tour de l’élection cantonale partielle de Brignoles, à ne pas choisir entre le FN et l’UMP. A contre-courant de la majeure partie des politiques, de l’UMP au PS en passant par le maire communiste de la ville ou même le dissident d’extrême-droite, l’ancien sénateur socialiste ne souhaite pas faire le jeu du "Front républicain".
Aussi décide-t-il de ne pas choisir entre l’UMP et le FN, entre "la peste et le choléra" :
Je serais là-bas, je ne vois pas comment je vote UMP. Enfin, c’est la peste ou le choléra.
C’est tous les mêmes. Ils racontent les mêmes choses, ils ont les mêmes objectifs, ils tiennent les mêmes propos insensés contre à peu près tout ce qui bouge. Ils sont aussi antisociaux les uns que les autres.
Et d’ajouter, quelques minutes plus tard :
Choisir entre un UMP qui maudit tout le monde et un Front national qui maudit tout le monde. Quelle est la différence entre les deux ?
De surcroit, s’il considère que "le principal pourvoyeur des voix du FN est à l'Elysée", l’ancien sénateur socialiste rend le PS, et Harlem Désir, responsable de l’élimination de la gauche dès le premier tour à Brignoles.
Selon lui, le PS national ne devait pas appeler à voter pour le candidat communiste (alors que le PS local soutenait le candidat écolo) :
On élit un président social-démocrate, et il démantèle les acquis sociaux. (…) La distribution de tracts avec le poing et la rose et l’appel d’Harlem Désir à voter pour le communiste n’ont pas aidé la situation.
Evidemment, ça l’a plombé (le candidat communiste, ndlr). Il y a deux tiers d’abstentionnistes. Où manque-t-il du monde ? Clairement chez ceux qui ont cru à la gauche et aux solfériniens et qui pensent que ce sont d’horribles traitres.
BONUS TRACK : HOLLANDE, UN HOMME CHARMANT
Jean-Luc Mélenchon a fait de la petite phrase envers François Hollande l’un de ses fonds de commerce médiatique, le traitant tour à tour de capitaine de pédalo, de Louis XVI ou encore d’homme d’embrouilles. Pourtant, assure-t-il, il n’a aucun problème personnel avec le chef de l’Etat.
Je n’ai aucun problème personnel avec François Hollande qui est un homme charmant. J’ai un problème politique avec lui.
La ligne qu’il pratique me parait meurtrière pour le pays. Ce n’est pas moi qui fais perdre la gauche, ce n’est pas moi qui gouverne le pays. Ca n’a rien de personnel. C’est de la politique.