DEPART ? – A la suite de l’annonce par Jean-Marc Ayrault du pacte de compétitivité qui reprend une grande partie des préconisations du rapport Gallois, Noël Mamère et Jean-Vincent Placé se posent ouvertement la question du départ des ministres d’Europe Ecologie-Les Verts du gouvernement. François de Rugy, lui, est plus nuancé.
"Perplexe quant à cette participation gouvernementale"
Après des mois de divergence, les partenaires écologistes et socialistes de la majorité doivent affronter un nouveau point de désaccord après l’annonce du pacte de compétitivité par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Le plus en verve est, ce vendredi 9 novembre, sur Radio Classique, Jean-Vincent Placé, patron des écolos au Sénat, qui ranimé les velléités, s’interrogeant sur la place des siens, Cécile Duflot et Pascal Canfin, au gouvernement.
Et ce, sans détour ni pincette :
Nous nous posons la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement.
Depuis le virage post-rapport Gallois et les annonces très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique, je suis moi-même de plus en plus perplexe quant à cette participation gouvernementale.
Non seulement je le dis, mais je ne suis pas le seul, explique Jean-Vincent Placé sur son compte twitter, ce vendredi, où il passe en mode "service après vente".
Il décline sur tous les tons une même constante :
1. en trollant Manuel Valls : Jean-Vincent Placé répond, par titre de journal interposé, au ministre de l'Intérieur qui assurait que Jean-Vincent Placé est "le seul qui s'interroge" ... :
"Si seulement c'était le cas !"
si seulement c était le cas!“@le_parisien: Verts au gouvernement : Placé est «le seul qui s'interroge», réplique Valls dlvr.it/2SGWfm” — Jean-Vincent Placé (@JVPlace) November 9, 2012
2. en retwittant un soutien, qui assure que "Jean-Vincent Placé [...] donne la température des militants #EELV" :
On a souvent reproché à @jvplace de la jouer perso et lorsqu'il donne la T° des militants #EELV on s'interroge Monde schizophrénique
— JS Herpin (@jsherpin) Novembre 9, 2012
3. enfin, en dénonçant le manque de courage de ses petits camarades EELV qui pensent la même chose sans oser le dire, répondant à un tweet du journaliste politique de Sud Ouest Bruno Dive :
au contraire la franchise est plus collective que l hypocrisie ! “@divebruno: Ce #Placé porte bien son nom. Mais il joue surtout perso” — Jean-Vincent Placé (@JVPlace) November 9, 2012
Mais, dès mardi 6 novembre, Noël Mamère avait lancé la manchine, estimant, après la remise du rapport Gallois, que les écologistes avaient "pris un gros coup sur la casquette".
Et s'est interrogé sur l'opportunité, pour son parti, de rester au gouvernement, notamment à cause du "report" de mesures en faveur d’une fiscalité écologique :
S'il n'y a pas une réponse apportée sur le sujet par le gouvernement d'ici 2013 ou 2014, nous serons en droit de nous interroger sur notre utilité dans cette majorité.
Ce n'est pas une coquetterie d'écologiste que je tiens là. C'est simplement le fait de dire que tous les pays qui se sont engagés dans la transition énergétique l'ont fait par le biais de la fiscalité écologique et ont ainsi créé des emplois et amélioré la compétitivité.
Invité de dernière minute du journal de 8h d’i>Télé pour réagir aux propos de Jean-Vincent Placé, François De Rugy, le co-patron des députés verts avec Barbara Pompili, a tenu des propos plus nuancés :
Je ne tiendrai pas les mêmes propos. Nous ne devons pas nous interroger à haute-voix devant les micros. On attend de nous que l’on propose, que l’on agisse, que l’on décide.
Il peut y avoir des troubles, des attentes, des impatiences légitimes pour les écologistes par rapport à la politique de la majorité et du gouvernement.
Mais il n’y a pas à donner le sentiment qu’on pourrait se poser la question, tous les quatre matins, de notre participation à une majorité et à un gouvernement dans laquelle nous sommes allés de façon solide et durable.
Cependant, le député de Loire-Atlantique admet que les annonces en matière de compétitivité ont déçu son parti sur les questions de fiscalité écologique. Et insiste quand même sur le fait que cela "n’est pas acceptable" :
Entendre qu’il faut attendre trois ans pour mettre en place une fiscalité écologique, c’est incompréhensible et inacceptable pour nous. Et nous le disons. D’ailleurs, nous avons déjà vu le ministre de l’économie rectifier le tir.
Et d’ajouter, presque menaçant :
Sur les conclusions du rapport Gallois, on est allé très vite sur la TVA, sur le crédit d’impôt et on dirait que sur la fiscalité écologique, il est urgent d’attendre. Ce n’est pas acceptable.
Invité de BFM TV ce vendredi, Harlem Désir a commencé par estimer que "les écologistes ont toute leur place dans cette majorité et au gouvernement" et par saluer l’action des deux ministres écolos du gouvernement Ayrault.
Le premier secrétaire du PS fait ensuite feu sur le patron des écologistes au Sénat, trouvant "cette réaction décalée" :
Je crois que c’est une réflexion personnelle de Jean-Vincent Placé qui ne reflète pas l’état d’esprit du partenariat que nous avons avec Europe Ecologie Les Verts. […]
J’imagine que ses amis vont réagir.
Je trouve cette réaction décalée.