Marine Le Pen lance officiellement sa campagne présidentielle avec ses "Assises présidentielles", ces 4 et 5 février à Lyon. Vous connaissez la candidate, présidente du Front national légué par Jean-Marie Le Pen depuis 2011. Mais Marine Le Pen aimerait également beaucoup que vous découvriez la femme qui se cache derrière l’élue. Qu’à cela ne tienne : un tract de 4 pages est diffusé à l’occasion des Assises. *Sobrement* intitulé "Marine présidente", il présente la candidate à la fonction suprême sous un autre jour. Attention, on se croirait dans un tabloïd ou un journal intime. La mise en page est d’ailleurs faite dans cet objectif.
Voici 4 choses que le Lab a repérées dans ce tract.
# Poke Karine Le Marchand
La présentatrice de M6 figure dans le tract. Il s’agit d’une capture de l’émission Une ambition intime, à laquelle a participé la présidente du FN, comme d’autres politiques, à l’automne dernier. Dans un document officiel de campagne, on voit donc une photo de Marine Le Pen répondant aux questions chocs de Karine Le Marchand. Une manière pour la candidate d’expliquer que se dévoiler est un passage obligé pour toute personne ambitionnant de gagner l’Elysée. "Avant d’élire un responsable politique, on élit une personne", peut-on lire en-dessous de la photo.
Mais cette utilisation de l'image tirée de l'émission de Karine Le Marchand a moyennement plu à... Karine Le Marchand. L'animatrice a fait savoir sur Twitter qu'aucune autorisation n'avait été sollicitée par le FN, demandant à Marine Le Pen de "la retirer immédiatement" :
Cette photo issue de mon émission a été éditée sur vos tracts @MLP_officiel sans mon autorisation. merci de La retirer immédiatement https://t.co/UB5RsN7O5C
— Karine Le Marchand (@KarineLMOff) 4 février 2017
Mais les choses se sont visiblement calmées ensuite :
Puisque c'est une capture d'écran c'est parfaitement exact. Merci https://t.co/9d3rsxRPia
— Karine Le Marchand (@KarineLMOff) 4 février 2017
# La famille oui, mais pas papa
Marine Le Pen met en avant sa famille et notamment ses trois enfants. Avec cette précision venue d’ailleurs (et déjà évoquée dans Une ambition intime) : elle a eu ses trois enfants en moins d’un an.
On la voit également poser avec ses sœurs, Yann et Marie-Caroline. En revanche, aucune mention de son père, un certain Jean-Marie Le Pen qu’elle viré du parti en 2015.
# Si j’existe, c’est d’être femme
Dans ce tract, Marine Le Pen tient à bien faire passer une idée : elle est une femme. Oui, mais une femme "libre". La preuve ? Elle porte une jupe lorsqu’elle se rend à l’Elysée. Eh ouais.
Alors attention, la candidate à la présidentielle note qu’elle ne fait pas de sa condition féminine un "argument" mais un "plus". Enfin presque. Car sur la page d’à côté, on la voit en photo à cheval avec ce commentaire : "La sensibilité féminine permet parfois de mieux comprendre." Et un peu en-dessous, voici ce qu’on lire :
"Qui de mieux qu’une femme pour parler aux femmes, de leurs difficultés, de leurs préoccupation réelles, du lien particulier qui les lie à leurs enfants ? Pour l’avoir vécue, Marine [Le Pen, NDLR] sait la difficulté d’allier les contraintes d’une vie professionnelle et la disponibilité nécessaire à la vie familiale : signer le carnet de correspondance ou voir un professeur, acheter en urgence une paire de baskets ou réserver les vacances…
"
Au cas où l’on n'aurait pas compris : Marine Le Pen veut se présenter telle une femme comme les autres, une femme qui sait à la fois présider un parti politique ET signer le carnet de correspondance.
# On oublie les sans-papiers
Dans ce tract, Marine Le Pen parle aussi de son passé d’avocat. "Titulaire d’un troisième cycle de droit pénal, elle prête serment à 24 ans, travaille beaucoup. Ses dossiers iront des querelles de voisinage au tristement célèbre procès du sang contaminé où elle suivra pour le cabinet où elle travaille la défense d’une association de victimes", peut-on lire.
Mince, il y a un oubli dans tous ces dossiers : son oeuvre à la 23e chambre. Au début des années 90, Marine Le Pen a notamment défendu des sans-papiers menacés d’expulsion, comme Nour-Eddine Hamidi. Un passé qu’elle assume pourtant d’ordinaire. Mais pas là, semble-t-il.
À LIRE SUR LE LAB :
> L’acteur de "Palace" Franck de Lapersonne en surprise du chef aux Assises de Marine Le Pen
> Assises de Marine Le Pen : désormais, le FN vend des t-shirts fabriqués en France