L'autonomie des universités ? Ca remonte au Moyen-Âge, pas à la loi Pécresse, assure Geneviève Fioraso

Publié à 22h43, le 06 septembre 2013 , Modifié à 14h53, le 07 septembre 2013

L'autonomie des universités ? Ca remonte au Moyen-Âge, pas à la loi Pécresse, assure Geneviève Fioraso
Geneviève Fioraso en conférence de presse, le 16 juillet 2013. (Thomas Padilla/MaxPPP)

VOUS N'Y ETES PAS DU TOUT - La loi Pécresse de 2007 a-t-elle usurpé son surnom de loi "d'autonomie des universités" ? L'actuelle ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, l'assure dans une interview accordée au magazine Acteurs Publics daté de septembre 2013, convoquant pour ce faire... Le souvenir du "haut Moyen Âge".

La loi LRU, portée par Valérie Pécresse, alors ministre en charge de l'université, avait été votée en août 2007 et donnait davantage d'autonomie aux présidents d'université, tout en autorisant le recours à des fonds privés.

Mais lorsqu'on lui demande s'il y a "consensus aujourd'hui sur le fait d'accorder plus d'autonomie aux universités ?", la ministre actuelle rétorque :

L'université a toujours été intrinsèquement autonome. On parle de la loi Pécresse comme d'une loi qui donnait l'autonomie aux universités, mais c'est faux !
Les universités se sont créées au haut Moyen Âge sur le concept d'autonomie. La loi LRU du précédent quinquennant est en fait une loi de transfert de charges.

Et après l'attaque sur la forme de la loi LRU, Geneviève Fioraso se livre à la critique sur le fond : à ses yeux, la loi de Valérie Pécresse ne donnait aux présidents d'université que l'apparence de l'autonomie.

On a transféré ces budgets à un prétendu "hyperprésident" d'université mais qui ne l'était que sur le papier !

Car le passage aux responsabilités et compétences élargies ne s'est pas accompagné d'une évolution des ressources dans le temps, ni même d'une formation des équipes, qui ont dû gérer des budgets en très forte augmentation.

Le réquisitoire se poursuit de la sorte :

Les présidents d'université avaient l'impression d'être devenus riches alors qu'ils ont été en réalité appauvris, notamment à cause de la non-prise en compte de l'augmentation des charges salariales.

Ce qui explique la dégradation de la situation financière des universités.

La loi de geneviève Fioraso sur l'université, définitivement adoptée en juillet 2013, et dont la ministre assure en quelque sorte le "service après-vente" dans son interview à Acteurs Publics, prévoit de "revoir en profondeur" la loi LRU de Valérie Pécresse, et non son "détricotage", comme cette dernière l'assure.

La ministre actuelle a finalement fixé des objectifs élevés à sa loi au cours de l'interview :

Ce qui me tient à coeur, c'est de redonner à l'enseignement supérieur le rôle d'ascenseur social qu'il a perdu. Aujourd'hui, notre système ne reproduit pas les inégalités, il les aggrave.

En mai dernier, Valérie Pécresse avait pour sa part indiqué au Monde qu'il faudrait "refaire une loi sur les universités en 2017", pour "repartir en avant vers plus d'autonomie", estimant que la loi Fioraso était "un retour en arrière". Jusqu'au haut Moyen Âge ?

Du rab sur le Lab

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