Bruno Le Maire accuse François Hollande de "jouer avec la germanophobie"

Publié à 20h59, le 06 septembre 2013 , Modifié à 21h02, le 06 septembre 2013

Bruno Le Maire accuse François Hollande de "jouer avec la germanophobie"
Bruno Le Maire, en septembre 2013. (Marlene Awaad/MaxPPP)

RETOUR SUR UNE POLEMIQUE - L'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire aime à être présenté en ami de l'Allemagne. "Germanophone et germanophile", selon la formule encore utilisée dans une interview du Parisien Magazine daté du 6 septembre, le député UMP de l'Eure a aussi dénoncé à plusieurs reprises la "germanophobie" d'une partie de la gauche en France.

En avril dernier, il avait déjà fustigé le "tissu de mauvaise foi" d'un texte du Parti socialiste dénonçant "l'intransigeance égoïste" d'Angela Merkel. Bruno Le Maire avait même asséné:

Le PS véhicule une germanophobie insupportable.

Dans le Parisien Magazine, le député cible encore plus précisément ses attaques. Sont nomément visés Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et François Hollande, le président de la République :

Pour la première fois sous la Ve République, un président a laissé des membres de sa majorité - Arnaud Montebourg, des députés PS - critiquer ouvertement l'Allemagne, sans réagir.

En jouant avec cette germanophobie, François Hollande joue avec le feu. Ne prenons pas l'Allemagne pour un bouc émissaire. C'est à nous de régler nos problèmes.

Pour le député de l'Eure, ces critiques seraient à mettre sur le compte de la jalousie vis-à-vis de l'Allemagne :

Les courants de germanophobie en France s'expliquent d'abord par le fait que l'Allemagne réussit mieux que nous. C'est un sentiment classique et ancien.

L'histoire des relations franco-allemandes, c'est la confrontation de deux peuples qui ont fait des choix culturels et politiques différents.

La mise en cause de François Hollande, supposé "jouer avec le feu", est forte.

Mais Bruno Le Maire semble oublier un peu vite que plusieurs personnalités du PS qui avaient mis en cause l'Allemagne, à l'instar de Claude Bartolone, avait ensuite été rappelés à l'ordre par des ministres du gouvernement Ayrault réputés "bons élèves" de François Hollande, dont Bernard Cazeneuve et Manuel Valls.

Quant à Arnaud Montebourg, ses propos les plus polémiques remontent à 2011 - donc bien avant d'être ministre. Il avait à l'époque comparé Angela Merkel à Bismarck, estimant que la chancelière avait "décidé d'imposer à la zone euro un ordre allemand" :

La question du nationalisme allemand est en train de resurgir à travers la politique à la Bismarck d'Angela Merkel.

Arnaud Montebourg s'était alors vu taxé de "germanophobe", par la droite comme par une partie de la gauche, une accusation courante dans le débat politique.

A la suite de cette déclaration, Romain Pigenel, alors blogueur au Lab - et depuis devenu responsable de la communication de l'Elysée sur internet - s'interrogeait sur la pertinence de ce concept, dénonçant une "ridicule polémique".

Les responsables politiques de droite n'ont cependant pas l'apanage de la dénonciation de la germanophobie. En 2007, c'était Nicolas Sarkozy qui était accusé d'être "germanophobe" par Dominique Strauss-Kahn. Le candidat UMP d'alors avait déclaré :

La France n'a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle n'a jamais exterminé un peuple.

Elle n'a pas inventé la solution finale, elle n'a pas commis de crime contre l'humanité, ni de génocide.

Du rab sur le Lab

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