Sept manières de présenter des vœux de crise

Publié à 16h42, le 27 décembre 2012 , Modifié à 15h35, le 28 décembre 2012

Sept manières de présenter des vœux de crise
Montage Le Lab - Captures d'écran Ina

ET SURTOUT, LA SANTE - Nier l’évidence, multiplier les propos encourageants, se focaliser sur les marqueurs positifs ? Difficile pour les présidents d’apporter sur la table du réveillon des prévisions pessimistes ou des chiffres négatifs pendant leurs voeux.

Pour réussir cet exercice obligé de la Ve République, le président de la République doit faire preuve de tact. Le Lab a identifié sept manières d'annoncer une année difficile.

>> Option 1, Georges Pompidou, 1972 : La crise ? Quelle crise ?

Le contraste est saisissant. En 1972, Georges Pompidou l’affirme : si on vous dit que tout va mal, on vous ment !

Il vous arrive, comme à moi, en ouvrant le journal ou en tournant le bouton du poste, d’apprendre que tout va mal.

En vérité, qui le croit réellement ?

>> Option 2, Georges Pompidou, 1973 : Ah oui, celle-là

Mais lors des vœux de 1973, c’est la mine grave que le président de la République décrit une France minée par le premier choc pétrolier :

Il y a un an, en vous offrant mes vœux pour l’année 1973, je vous disais que ce serait une année d’expansion exceptionnelle et de grands progrès dans divers domaines. Et bien, c’est ce qui s’est passé. Les chiffres le prouvent, et les observateurs les plus rigoureux le reconnaissent.

Et pourtant, il faut bien reconnaître que l’année se termine dans une atmosphère moins sereine et que les perspectives sont plus sévères.

>> Option 3, Nicolas Sarkozy, 2011 : Le verre à moitié plein

D’accord, il y a le chômage, la hausse des prix, la crise… Mais il faut voir le verre à moitié plein, il y a aussi des motifs de satisfaction.

Il y a des raisons d'espérer. Nous devons, nous pouvons garder confiance en l'avenir.

Car si tant de pays ont connu des difficultés insurmontables, la France a tenu, elle a résisté.

>> Option 4, Jacques Chirac, 1995 : Ayez confiance !

Le contexte est troublé... Mais ça va aller, c’est promis !

Reconnaissons-le, cette crise a pu éveiller, chez certains, quelques doutes par rapport aux espoirs que mon élection a fait naître.

Eh bien non ! Ces espoirs, je les porte. Ils ne seront pas déçus.

>> Option 5, Valéry Giscard d’Estaing, 1979 : Pas ma faute...

Oui, c’est dur… Mais c’est conjoncturel, pas (entièrement) de ma faute !

Dans ce monde dangereux, à un moment où l'on voit flamber le prix du pétrole et de l'or, vous êtes en droit de vous interroger :

Que signifient des voeux pour cette fin d'année ? Est-ce une illusion que l'on vous propose ? Que peut-on attendre en 1980 et pour les années 80 ?

>> Option 6, Nicolas Sarkozy, 2010 : C’est pire ailleurs

Les Français se plaignent, mais par rapport à d’autres on est tout de même bien lottis ! (à 1'35)

Grâce au travail des Francais, à leur courage, à leur capacité d’adaptation, à la force de notre économie, aux avantages de notre modèle social...

La récession fut moins sévère et d’une durée plus courte que ce que connurrent nombre de nos partenaires.

>> Option 7, François Mitterrand, 1983 : Du sang, des larmes

A la manière de Winston Churchill, le Président prévient que l’année qui va suivre sera dure, qu’il a dans ses cartons des mesures impopulaires, bref qu’il va falloir être courageux :

Bien qu'à de nombreux signes on voit notre pays sortir peu à peu de la crise, je ne promets rien d'autre à personne que la poursuite, sans faiblesse, de l'effort de redressement national où nous sommes engagés.

 >> François Hollande, 2012 ? : Je vous avais prévenu

François Hollande a lui-même préparé le terrain pour d’éventuels voeux de crise. A l’antenne d’Europe 1 le 21 décembre dernier, il avait annoncé que 2013 “serait une année difficile”

Sur le même sujet :

Le site Culture visuelle décortique les voeux de Nicolas Sarkozy pour mettre à jour sa volonté de se distinguer de ses prédecesseurs.

Lire aussi le deuxième épisode de notre série sur les voeux présidentiels :

Combien de temps ça dure, des voeux présidentiels ?

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