Je trouve qu'on s'en prend un peu trop à Jean-Marc Ayrault qui n'y est pas pour grand chose dans cette affaire-là.
Invité de Canal Plus ce 4 novembre, Bruno Le Maire a-t-il décidé de prendre la défense du Premier ministre socialiste ? Pas du tout. Epargner Jean-Marc Ayrault lui permet simplement de mieux accabler François Hollande :
Je crois que ce que dit Jean-Marc Ayrault ne compte plus. Nous avons un chef de l’Etat, François Hollande, qui n’a absolument aucun cap, aucun plan pour la France. Je tiens monsieur Hollande comme seul responsable. (...)
C’est évident que le gouvernement ne sait pas où il va, mais c’est parce qu’il n’y a pas de chef d'Etat.
Et il n'est pas le seul à droite à adopter cette stratégie de déminage. Le matin-même dans Le Parisien, Jean-François Copé utilise la même rhétorique. Alors qu'on lui demande s'il y a un "problème Ayrault", il dévie :
Le véritable problème, c'est François Hollande.
Idem le 2 novembre sur LCI pour le député de Paris Claude Goasguen :
Je n’accuse pas Jean-Marc Ayrault.Il est peut-être cressonisé [du nom de celle qui fut Premier ministre durant 10 mois sous François Mitterrand, Edith Cresson, ndlr], mais est-ce qu’il n’est pas tout simplement hollandisé ?
C’est le président de la République qui dirige. S’il ne veut pas diriger, on comprend que le Premier ministre soit en difficulté.
On laisse porter sur Ayrault tous les problèmes. En réalité, c’est la hollandisation du pays qui m’inquiète.
Faire peser toutes les critiques sur François Hollande et épargner Jean-Marc Ayrault ? La stratégie est aisée à comprendre : l'un est élu pour cinq ans, l'autre peut être remplacé à tout moment. L'opposition affûte ici ses premiers éléments de langage en cas de changement de Premier ministre.