La France de 2025 de Martine Aubry

Publié à 11h50, le 27 août 2013 , Modifié à 11h50, le 27 août 2013

La France de 2025 de Martine Aubry
Maxppp.

PROSPECTIVE - N’étant pas ministre, elle n’avait pu contribuer au séminaire gouvernemental de rentrée consacré à la France de 2025. Dix jours plus tard, c’est dans une tribune au Monde que Martine Aubry livre sa copie sur sa vision de la France à moyen terme. Une forme de conclusion que Jean-Marc Ayrault n’a pas écrit à la fin du séminaire. Mais aussi une forme de discours de politique générale "pour sortir notre pays du marasme et de la déprime", écrit celle qui s’est réunie avec ses fidèles à la Rochelle.

Dans ce texte intitulé "La France a la possibilité d’inventer un autre monde" et tweeté aussitôt par plusieurs aubryistes, la maire de Lille distribue piques et bons points. Comme un chef de gouvernement. 

Le Lab fait les sous-titres de cette tribune.

>> "L’heure n’est plus au rafistolage"

C’est la critique la plus directe, la plus frontale et la plus brutale de cette tribune. Après avoir écrit d’emblée qu’elle était "pleinement solidaire" du gouvernement, Martine Aubry adresse une critique à la première année de François Hollande aux responsabilités. Pour l’ancienne patronne du PS, le chef de l’Etat n’est pas allé assez loin dans ses réformes et ne donne pas assez "envie" dans le cap qu’il propose.

Si justes et efficaces qu’elles soient, aucune des lois votées, aucune des mesures prises ne sera suffisante si l’avenir n’est pas rendu plus visible et surtout plus désirable. (…)

L’heure n’est plus au rafistolage : nous avons la responsabilité de faire émerger un monde nouveau.

 (Maxppp)

>> Et la "grande réforme fiscale" ?

Annoncé par François Hollande dans sa campagne pour l’Elysée, la "grande réforme fiscale" tarde à voir le jour. Et Martine Aubry le lui rappelle discrètement.

Surmontons le conservatisme des gardiens du vieux monde, et donnons corps – par la négociation, la réglementation, une grande réforme fiscale – à la sociale écologie de marché : une économie sobre écologiquement, une économie de la coopération plutôt que la mise en concurrence de tous.

>> Nouveau modèle français Vs Renaissance

Coucou Jean-Marc Ayrault. Si le Premier ministre développe depuis son arrivée à Matignon le concept de "nouveau modèle français", qu’il avait théorisé dans une tribune… au Monde, Martine Aubry propose via cette tribune une contre-proposition de modèle pour le pays. Un modèle tourné autour du concept de "renaissance" qu’elle essaime tout au long de sa réflexion, assurant qu’il n’y a là "nulle utopie irréalisable".

Renaissance, je choisis ce terme au plus loin de toute idée de restauration d'un temps passé, source de régression et de repli, et en référence aux composantes essentielles du mouvement qui a sorti l'Europe du Moyen Age : l'homme remis au cœur de la société, le progrès scientifique, la nature magnifiée, l'ouverture au monde.

>> La transition écologique

Les partenaires écolos de la majorité socialiste devraient apprécier cette sortie de Martine Aubry, qui a négocié l’accord électoral ayant permis à EELV d’avoir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

L’édile lilloise y écrit que "la renaissance doit d’abord être industrielle". Mais cette renaissance industrielle passe, selon elle, par un tournant écologique, rappelant que la France a "la capacité de devenir un fer de lance mondial dans le solaire, l’éolien et le géothermique".

>> La ville du futur

(Maxppp)

Au détour de sa réflexion sur la renaissance industrielle, Martine Aubry glisse un bon point à l’un de ses proches : François Lamy, ministre de la Ville, qui réunit régulièrement dans son ministère le premier cercle aubryiste.

Ainsi écrit-elle :

Les villes de demain, à la fois durables et mixtes ? Nous détenons toutes les compétences de l’urbanisme et de l’architecture jusqu’au traitement des déchets, au transport, à l’énergie, en passant par l’écoconstruction.

>> Bravo Peillon

Parmi les bons points distribués par Martine Aubry dans sa tribune, l’un va directement à "la refondation de l’école" menée par le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon. Pour l’ancienne ministre du Travail, "la renaissance doit être aussi celle de l’action et des services publics", dont l’école :

C'est possible avec une éducation nationale qui offre à chaque enfant des pédagogies et des rythmes adaptés à ses difficultés comme à ses facilités : c'est là la refondation de l'école.

>> Ma copine Marylise<img style="vertical-align: middle;" src="http://i.imgur.com/soKZgPz.jpg" alt="" width="450" />

(Maxppp)

Les proches de Martine Aubry présents au gouvernement ont presque tous droit à un petit paragraphe qui concerne leur domaine de compétence. Ainsi la décentralisation, objet du portefeuille de Marylise Lebranchu, une intime de la maire de Lille :

Avec une décentralisation qui fait de la créativité de nos régions et de nos métropoles le terreau du développement du pays ; et de nos villes et départements le bras de proximité d'une solidarité nationale garantie par une puissante péréquation.

>> Attention aux retraites

C’est le sujet brûlant de cette rentrée politique et gouvernementale : la réforme des retraites. Et Martine Aubry a bien son mot à dire sur la philosophie de la réforme en gestation.

Avec une sortie qui sonne comme un avertissement à Jean-Marc Ayrault et le gouvernement qui privilégieraient une hausse de la CSG :

La question de l'équilibre des régimes doit être traitée, mais elle se réglera dès lors que nous portons une réforme de société, et non une vision comptable.

>> Non à l’austérité

Européiste convaincue, Martine Aubry rappelle la promesse de camapgne de François Hollande de réorienter l’Europe vers la croissance. Et les derniers soubresauts dans la politique européenne mettant en cause les politiques d’austérité et de réduction drastique et rapide des déficits publics.

Ainsi affirme-t-elle :

Une nouvelle renaissance ne peut être que résolument européenne, à condition de remettre l'Europe sur de bons rails. (…) La renaissance européenne exige la relance, tant les politiques d'austérité de ces dernières années ont été mortifères.

>> Vive la culture

La culture c’est son dada. Au point d’avoir rêvé, en cas de non-nomination à Matignon, d’un grand ministère de la Culture. Elle écrit donc que la culture "doit inspirer cette renaissance" :

Il n’est pas pour moi de grand projet politique sans ambition culturelle. (…) J’espère pour la France une renaissance culturelle, généreuse, comme chaque alternance en a produit, en 1936 comme en 1981.

 

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