Cette gauche populaire vraiment pas emballée par le vote des étrangers

Publié à 13h12, le 26 septembre 2012 , Modifié à 15h50, le 26 septembre 2012

Cette gauche populaire vraiment pas emballée par le vote des étrangers
L'Assemblée nationale (Maxppp).

Pour eux, c’est net. Une partie des "intellectuels" qui accompagnent le PS – et occupent, parfois, des positions d’élus influents dans le parti – formulent, de plus en plus franchement, son opposition, sur le fond, à la promesse formulée par François Hollande d’accorder le droit de votes aux étrangers hors Union européenne aux élections locales.

Surfant, intellectuellement, sur un fond de chevénementisme, mâtiné d’un brin de laïcardisme, les membres de la Gauche populaire, sollicités par Le Lab ou abondant par ailleurs dans le débat public, revendiquent une opposition à cette proposition, dont 77 députés avaient pourtant fait une revendication forte, signant une tribune enjoignant François Hollande à la mettre en œuvre. 

Ils accusent même les 77 députés qui ont récemment enjoint François Hollande à mettre en œuvre le plus rapidement possible cet engagement de campagne d’instrumentaliser cette question. 

"J'ai été très agacé par l'agitation récente autour du droit de vote des étrangers, et je n'étais pas le seul", lance ainsi Laurent Baumel, député socialiste, tendance Gauche populaire, sollicité par le Lab. Ce parlementaire, ex-chevènementiste et strauss-kahnien n'est pas très emballé à l'idée de voter pour cet engagement de François Hollande.

Lui affirme être sur la même position que Manuel Valls : "je considère qu'à partir du moment où on a ouvert le droit de vote aux étrangers communautaires, il devient illogique de ne pas l'ouvrir au hors communautaire". 

Le député socialiste est donc prêt à voter en faveur du droit de vote des étrangers. Mais il indique que :

Philosophiquement, je ne suis pas pour dissocier citoyenneté et nationalité. 

Membre du collectif de la Gauche populaire, il se montre hostile à ce qu'il considère comme une "agitation autour du sujet". "Le mandat est loin d'être fini, il y aura 5 ans pour mettre en oeuvre cette promesse. Quel est l'intérêt de s'exciter sur ce sujet, quelques mois après les élections ?", se désole-t-il, en pointant la tribune de 77 députés socialistes sur le sujet. 

La Gauche populaire est un mouvement informel composé d'élus, intellectuels et militants socialistes, pas tous membres du PS, réunis autour du Plaidoyer pour une gauche populaire, livre publié en novembre 2011. Objectif du collectif : pousser le Parti socialiste à "reconquérir les couches populaires". 

Pour Laurent Bouvet, autre membre de la Gauche populaire et futur directeur du Cevipof, "les 77, commettent une erreur politique fondamentale". "Ils mettent en difficulté le pouvoir et cela est révélateur d'un problème de gestion de l'ordre dans la majorité. Je comprends pas que ça ne se soit pas fait en coordination avec Bruno Le Roux", déclare-t-il au Lab

Le chercheur, proche du PS, "croyant mais pas pratiquant", considère que le droit de vote des étrangers n'est pas un marqueur politique entre la gauche et la droite. Lui préfère que la France puisse davantage naturaliser les étrangers qui habitent en France plutôt que de leur accorder le droit de vote. 

Laurent Bouvet indique que la gauche prend un "risque politique" en traitant cette question maintenant : 

"Je pense que les citoyens français ne sont pas favorables au droit de votes des étrangers, les sondages convergent ces derniers temps. C'est une boite de pandore. Si on adopte le droit de vote, demain, quand la droite, voire l'extreme droite, arrivera au pouvoir, ils ne reviendront pas sur le droit de vote des étrangers mais ils durciront au delà de ce qu'ils ont toujours fait l'accès à la nationalité, pour en arriver au droit du sang."

C'est lui le plus dur envers les 77 députés socialistes qui publiaient une tribune dans le Monde, pressant François Hollande de tenir son engagement de campagne, parmi lesquels Elisabeth Guigou ou Razzy Hammadi. Pour Laurent Bouvet, "c'est un effet médiatique et pour une bonne partie, ce sont des gens qui espèrent pouvoir être élu aux municipales grace à cela. C'est un calcul à courte vue". 

François Kalfon, délégué au secretariat national du PS en charge des études d'opinion et membre de la Gauche populaire, estimait pendant la campagne qu'il n'était pas question de revenir sur cette "vielle revendication, question de cohérence. Ce n'est pas l'alpha et l'oméga de la façon dont nous pensons l'intégration républicaine." A Atlantico.fr, au cours d'une interview croisée avec Guillaume Peltier il déclarait que ce n'est "effectivement pas une priorité."

Coralie Delaume, blogueuse et membre de la Gauche populaire, indiquait sur Marianne2, que le vote des étrangers est une bonne intention mais une mauvaise idée.

Si la Gauche populaire ne compte qu'un parlementaire, Laurent Baumel, un sociologue du collectif, Philippe Guibert, vient d'être nommé à la tête de la communication du gouvernement. Il dirige désormais le Service d'information du gouvernement (SIG), bras armé - et financier - de la communication gouvernementale.

Pour résoudre cette question, François Hollande pourrait faire usage d'un référendum. Europe 1 évoquait dès mardi 18 septembre l'hypothèse d'une consultation à l'américaine. Le chef de l'Etat pourrait ainsi poser deux questions qui font consensus dans l’opinion, le cumul des mandats et le statut pénal du chef de l’Etat et une troisième, plus difficile, sur le vote des étrangers.

Du rab sur le Lab

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