La nouvelle méthode du Hollande-bashing : la banderole aérienne sur les plages de l'Atlantique

Publié à 17h31, le 13 août 2013 , Modifié à 17h57, le 13 août 2013

La nouvelle méthode du Hollande-bashing : la banderole aérienne sur les plages de l'Atlantique
(Photo : Collectif Hollande démission)

Après les manifestations, sit-in, veilleurs, voici la banderole publicitaire aérienne. C'est la nouvelle méthode employée par les opposants à François Hollande pour se faire remarquer. 

"Hollande-démission.fr". Voilà ce qu'ont pu voir les vacanciers du littoral Atlantique depuis samedi 10 août dans le ciel des plages landaises, girondines, charentaises et vendéennes. Un message marqué sur une banderole, tractée par un ULM volant le long de la cote. 

Résultat, un happening appelant à la démission du chef de l'Etat potentiellement vu par des milliers de personnes et qui a aussi été partagé sur les réseaux sociaux par des témoins ou par des sympathisants. 

Une manière de se faire voir des Français et des médias, alors que l'actualité politique estivale est peu chargée. Son initiateur, David Van Hemelryck, parle là d'une "action médiatique" parce que "François Hollande n'écoute pas le peuple". 

Cet entrepreneur parisien de 33 ans a donc fait le choix de profiter de ses compétences de pilote et d'un ULM acheté pour l'occasion pour faire passer son message :

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Depuis plusieurs mois je suis choqué d'avoir un président qui répète inlassablement qu'il a raison contre tout le monde, ce n'est pas très démocratique, ce n'est pas possible de gouverner contre son peuple.

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Et l'homme n'en est pas à son premier happening anti-Hollande. Radio Courtoisie, qui se dit "ouverte à toutes les droites", le présente comme le créateur du Camping pour tous, mouvement qui proposait de camper dans le jardin du Luxembourg pendant toute la durée des débats sur le mariage homo au Sénat. Le 14-Juillet, David Van Hemelryck était également aux abords des Champs-Elysées pour huer le président de la République lors du défilé militaire, moment pendant lequel on peut l'entendre, sur cette vidéo , crier "Hollande dictateur". 

  

Autour de lui pour ce nouvel épisode de son engagement, un collectif d'une douzaine de personnes appelé "Hollande démission" qui souhaite prolonger la contestation née pendant l'opposition à l'ouverture du mariage aux homosexuels. Avec un message : il faut faire destituer le président de la République. Pour cela, ils ont lancé une pétition afin de demander un impossible référendum d'initiative partagée.

Au Lab, Charlotte, 25 ans, récemment diplômée en gestion du patrimoine, explique que le "mariage pour tous" n'est pas la seule revendication du groupe. Engagée dans les mois passés contre le mariage des homosexuels au sein du Camping pour tous notamment, la jeune femme raconte : 

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C'est la crise qui nous pousse à faire cela, l'insécurité, l'image que donne François Hollande.

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David Van Hemelryck, 400 heures de vol à son actif et un diplôme théorique de pilote de ligne, a décollé pour la première fois samedi 10 août de Pau, jusqu'à Royan, en passant donc au dessus d'Arcachon, indique le collectif. Au Lab, la tour de contrôle de Royan a confirmé le passage d'un ULM avec une banderole semblable le même jour avec un signalement radio autour de 15h20. 

Rebelote dimanche avec un vol au départ de Royan, direction l'île d'Oléron et l'île de Ré. Jack Chabirand, pilote d'un avion publicitaire dans la région confirme également au Lab avoir vu l'ULM voler dans cette zone. Enfin, lundi 12 août, le collectif a remis le couvert avec cette fois un vol parti de la La Tranche sur Mer et arrivé à la Baule en passant au dessus de Noirmoutier. 

 L'ULM en question, image publiée sur Facebook par son pilote. 

Et le pilote ne souhaite pas s'arrêter là. Il évalue à 8 millions de personnes le public potentiellement touché par une campagne nationale, en se basant sur les estimations de professionnels du secteur.  

"Je compte m'équiper pour faire toutes les plages nécessaires, aller partout où cela sera possible", explique-t-il. Bientôt la Côte d'Azur. "Mais cela suppose quelques difficultés, c'est plus compliqué en terme de règlementation", regrette le pilote. 

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Il y a trois aéroports principaux, donc des négociations à faire avec le contrôle. Et comme ma banderole est un peu provocatrice, je ne suis pas sûr d'obtenir les autorisations. Rien n'interdit de porter une telle banderole mais certaines zones étant soumises à contrôle, une fois en l'air on peut m'interdire le survol de certains endroits.

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Jusqu'à présent je suis tranquille mais quand la médiatisation va se réveiller, je vais peut être avoir plus de problèmes.

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Les difficultés d'une telle action ? Elles sont multiples, explique au Lab le pilote : 

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Les difficultés, ce sont les financements, la réglementation, l'expérience, les délais, la logistique, la préparation. 

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L'initiative coûte plus chère qu'un simple sit-in parisien. Dans le commerce, une banderole de cette taille est facturée dans les 5000 euros, détaille-t-il. Puis précise que c'est entre 300 et 400 euros l'heure de tractage. Des tarifs confirmés au Lab par un professionnel de la banderole publicitaire.

Et niveau règlementation : 

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Il y a des hauteurs imposées, des zones à ne pas survoler, des zones contrôlées qu'un appareil comme le mien ne peut pas pénétrer. Puis il y a des difficultés propres au vol et à la logistique.

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Lors du 14-Juillet, Christiane Taubira avait  dénoncé des actions d'un "incivisme qui se vautre sa propre contemplation".

Bref, beaucoup d'efforts déployés pour faire remarquer un message qui porte de moins en moins depuis la fin des débats sur l'ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe.

Du rab sur le Lab

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