Depuis plus de dix jours, l'UMP est secoué par le bras de fer entre François Fillon et Jean-François Copé. Aux dernières nouvelles, tout semblait à nouveau bloqué rue de Vaugirard, après une journée où avait semblé se profiler une sortie de crise. Des députés "non alignés" ont tenté mercredi un compromis. Pour l'instant en vain.
Pour comprendre ces jours de crises à l'UMP, le Lab vous propose une playlist pour revivre les événements du psychodrame en musique.
>> Si vous avez des propositions, n'hésitez pas à les partager avec nous dans les commentaires ou sur twitter @LeLab_E1.
Tristan Berteloot, journaliste à BFMTV.fr, a rassemblé les choix du Lab dans une playlist Spotify, écoutable ici :
La chronologie du chaos à l'UMP :
> 26 octobre, débat télévisé entre les deux opposants. Sur France 2, François Fillon et Jean-François Copé s'évitent et s'affrontent à fleurets mouchetés afin de donner une image d'unité au sein de l'UMP. Un "je t'aime moi non plus", à l'image de la campagne où les candidats ont soufflé le chaud et le froid, entre eux, afin de donner malgré tout l'apparence d'un couple uni.
Je t’aime, moi non plus. Serge Gainsbourg et Jane Birkin, 1969.
Je t'aime
oh, oui je t'aime!
moi non plus
oh, mon amour...
> 18 novembre, jour de vote à l'UMP, 150.000 militants se déplacent. Le résultat révélera un parti très divisé entre les deux candidats et entre les motions. Avec des adhérents qui finalement n'arrivent pas à choisir clairement, à la manière d'Emily Loizeau qui a bien du mal à faire son choix.
Je ne sais pas choisir. Emily Loizeau, 2006
> 18 novembre, en fin de soirée, chaque camp déclare la propre victoire avec une courte avance de son candidat. Jean-François Copé annonce avoir "1000 voix d’avance" et dans la foulée François Fillon estime également qu'il est le vainqueur, mais qu'il s'en remet à la proclamation de la Commission de contrôle des opérations électorales (Cocoe). Au soir du vote, l'UMP est déjà sous tension.
Stress. Justice, 2007.
> 18 novembre, vers 2h20 du matin, exaspérés par le résultat, des jeunes soutiens de François Fillon viennent manifester devant le siège du parti. Une manifestation de droite, cela rappelle Auteuil, Neuilly, Passy, le chanson des Inconnus.
Auteuil, Neuilly, Passy. Les Inconnus, 1991.
> 19 novembre: La Cocoe passe sa journée enfermée à recompter les votes. Après de longues heures d'attente, elle proclame un "nouveau président". Ce sera Jean-François Copé qui va prononcer son deuxième discours de victoire en deux jours. Le maire de Meaux est proclamé vainqueur avec 50,03% des voix, soit 98 voix d'avance
Le nouveau président. IAM, 1991.
Joignez vos mains, joyeusement, pour accueillir Le nouveau président. Qui est-il ? C'est moi [...] le nouveau président.
Les médias sont invités à écouter ceci : j'émets des souhaits pour l'avenir, oui. Je vais répondre à vos questions.
Mais d'abord patientez que je m'installe.
> 19 novembre : Jean-François Copé appelle François Fillon à "le rejoindre". Déclaré vainqueur, il joue la carte du rassemblement et propose à l'ancien Premier ministre de l'appeler et de le rejoindre. Call me maybe ? François Fillon ne répondra pas favorablement à cet appel …
Call Me Maybe. Carly Rae Jepsen, 2012.
Hey, I just met you,
And this is crazy,
But here's my number,
So call me, maybe?
(dans une version à la naphtaline, Le Lab a également songé au tube de Nicole Croisille, Téléphone moi).
> 19 novembre : François Fillon prend acte de la victoire de son adversaire. "J'aurais préféré m'en satisfaire. Tel n'est pas le cas", se lamente-t-il alors que son concurrent fait un discours de victoire. Il évoque une "fracture politique et morale" au sein de l'UMP.
I’m a loser baby, so why don’t you kill me?
Loser. Beck, 1993.
> 20 novembre : Jean-François Copé souhaite se poser une nouvelle fois en rassembleur. Il propose une vice-présidence de l’UMP à François Fillon. "Tu veux ou tu veux pas ?" Eh bien il ne voudra pas. "Si tu veux pas, j'en ferai pas une maladie". Légèrement euphémique.
Tu veux ou tu veux pas ? Marcel Zanini, 1970.
> 21 novembre : coup de théâtre, les soutiens de François Fillon revendiquent à nouveau la victoire en raison des votes "oubliés" de trois fédérations d'outre-mer. Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Eric Ciotti demandent à la Cocoe de reconnaître son erreur et une médiation d'Alain Juppé, sous forme d'appel à l'aide.
Help. The beatles, 1965.
> 21 novembre : Fillon dit renoncer à la présidence de l'UMP, mais menace déjà de saisir la justice. "J'irai jusqu'au bout", dit-il. Il ne compte pas s'arrêter là …
Don't stop me now. Queen, 1978.
> 22 novembre : La Cocoe reconnaît son erreur. Trois circonscriptions d'outre-mer n'ont pas été prises en compte et ce résultat donnerait "vraisemblablement une inversion des résultats".
Made the fatal mistake,
Like I did once before,
A tendency just to take,
Till the purpose turned sour.
The only mistake. Joy Division. 1998.
> 23 novembre : après quelques jours de chaos à l'UMP, le FN et l'UDI parlent d'un boom des adhésions. Marine Le Pen et Jean-Louis Borloo récusent le fait de se frotter les mains mais évoquent un mouvement clair vers leurs partis. Ca plane pour eux.
Ça plane pour moi
Allez hop ! La nana
Quel panard !
Quelle vibration !
Ca plane pour moi. Plastic Bertrand, 1977.
> 23 novembre, ce jour, la France découvre la commission nationale des recours de l'UMP. Appelée parfois la CNR, ou de manière plus moqueuse, la Conare. François Fillon indique qu'il n'acceptera aucune conclusion de cette instance, qu’il juge partiale.
Comme des connards. Michael Youn, 2004.
> 25 novembre : Rencontre entre Alain Juppé, François Fillon et Jean-François Copé à l’Assemblée. L'entrevue dure à peine plus d'une demi-heure. Le maire de Meaux refuse la médiation d'Alain Juppé qui acte l'échec de son intervention. La sortie de crise, ce sera sans lui.
Without me. Eminem, 2002.
> 26 novembre : François Fillon déjeune avec Nicolas Sarkozy au lendemain de l'échec de la médiation Juppé. Emerge alors l'idée d'une nouveau vote, Nicolas Sarkozy n'y serait "pas défavorable".
Le Parrain, musique du film. Nino Rota, 1970.
> 26 novembre : La commission des recours proclame la victoire de Jean-François Copé avec 952 voix d’avance. Le président de l’UMP appelle son adversaire à le rejoindre. Encore. Pas vraiment une surprise.
It's obvious. DJ Vadim, 1999.
> 26 novembre : François Fillon qualifie la commission des recours "d'illégale". Ses soutiens accusent leurs adversaires "d'avoir bourré les urnes avec 30.000 procurations". Le bras de fer n'en finit pas …
Far Away. King of Trolls, 2009.
> 26 novembre : François Fillon envoie un huissier rue de Vaugirard. Plus les jours passent, plus la situation de l'UMP ressemble à une comédie. Never Gonna give you up !
Never gonna give you up,
Never gonna let you down
Never gonna run around and desert you
Never gonna make you cry,
Never gonna say goodbye
Never gonna tell a lie and hurt you.
Never Gonna Give You Up. Rick Astley, 1987.
> 27 novembre : François Fillon et Jean-François Copé se rencontrent à l’Assemblée à la demande de Nicolas Sarkozy. Nait alors l'idée d'un référendum auprès des militants afin qu’ils décident de revoter ou non. Mais faute d'un accord sur les conditions du vote, le projet échoue. Non, non, rien n'a changé …
Non non rien n'a changé. Les Poppys, 1971.
> 27 novembre : les fillonistes constituent un nouveau groupe parlementaire, le R-Ump. Le RUMP ? C'est le "Rassemblement UMP. Mais, en anglais, le terme a une autre signification, tout aussi intéressant. L'expression "Rump party" est utilisée dans la sociologie politique anglophone pour désigner le reste d'un parti qui a refusé l'alliance de son propre parti avec une autre formation.
Shake your rump. Beatie boys, 1989.
Ce vrai-faux départ des parlementaires UMP aurait aussi pû être inspiré par les Clashs. Doivent-ils aller au R-UMP ou rester à l'UMP ? Should I stay should I go…
Should I Stay or Should I Go. The Clash, 1982.
> 28 novembre, Jean-François Copé lance un ultimatum. Le groupe dissident doit être dissous avant 15h. Le temps passe et le président contesté met la pression sur les fillonistes …
The final countdown. Europe, 1980.
> 28 novembre, les députés du R-UMP refusent de dissoudre leur groupe. Jean-François Copé affirme que "La ligne rouge a été franchie". "J'en tire les conséquences", indique-t-il sur Europe 1. C'est parti pour finir mal.
Finir Mal. Orelsan, 2011.
> 28 novembre, depuis que sa motion est arrivée en tête des votes des militants UMP, Guillaume Peltier se sent pousser des ailes. Dans La Nouvelle république, le sarkozyste indique qu'il se voit bien en Premier ministre de l'UMP. "Petit frère veut grandir trop vite", disait IAM en 1997. "Il marche à peine et veux des bottes de sept lieux."
Petit frère. IAM, 1997.
> 28 novembre, François Fillon oppose à Jean-François Copé un nouveau refus de retirer son groupe. De quoi alimenter un peu plus les tensions, si cela était nécessaire.
Jt'emmerde. MC Jean Gab'1, 2007.
> 3 décembre, : ce dimanche 2 décembre, Jean-François Copé a proposé ses conditions pour une sortie de crise : un référendum qui conduirait à un nouveau vote après les municipales de 2014 ET la décision qui devrait être accepté par tous que le patron du parti en 2016 ne soit pas le candidat à la présidentielle de 2017.
Refus quasi immédiat du camp Fillon et réponse du tac au tac des proches de Copé : c'est à prendre ou à laisser.
En 2001, les Strokes chantaient : "Take it or leave it" :
De son côté, BFMTV.fr vous propose une version du bras de fer en roman-photo.
En 2008, 20minutes.fr réalisait également une playlist du psychodrame du … Parti socialiste. Déchirés par le congrès de Reims, les socialistes ont donné un spectacle politique semblable à celui de l'UMP.