Leçon de realpolitik, par François Hollande. Le chef de l'Etat donnait jeudi 11 octobre un entretien à France 24, RFI et TV5-Monde. Et le président de la République s'est expliqué sur les rencontres avec des chefs d'Etat contestés.
En République démocratique du Congo, François Hollande va rencontrer Joseph Kabila. L'autocrate congolais a été intronisé en janvier 2001, suite à l'assassinat de son père, Laurent-Désiré. Depuis, il s'est fait réélire en novembre 2011 dans des conditions douteuses.
Pour justifier cet entretien, François Hollande assure qu'il dira "à Kinshasa ce qu'il dit partout"."Je n'ai pas plusieurs langages. Je n'ai pas plusieurs manières de parler selon mes interlocuteurs", explique-t-il.
J'aurais l’occasion de m'en entretenir avec le Président Kabila. Les temps ont changé, la France est maintenant désireuse à la fois de respecter tous ses interlocuteurs, mais aussi de leur dire la vérité.
Cette vérité n’est pas celle de la France, c'est celle des droits fondamentaux, des libertés essentielles et de la démocratie.
Par ailleurs, François Hollande indique qu'il ne se contentera pas de rencontrer le dirigeant de RDC. Le président de la République a aussi à son programme une rencontre avec l'opposition. Et il s'en targue lors de cette interview :
J'en parlerai avec le Président Kabila et j'aurai un entretien avec lui. J’ai souhaité aussi avoir un entretien avec l’opposition, le principal parti, j’allais dire le principal opposant historique.
Je le verrai, j’en verrai d’autres, les organisations non gouvernementales, non pas pour m'ingérer, je ne suis pas là pour être l’arbitre, le juge, ce n’est pas ce que l’on demande à la France et ce n’est pas ce que la France veut faire.
François Hollande a déjà été critiqué pour ses rencontres à l'Elysée. Mi-septembre, le palais présidentiel avait reçu Blaise Compaoré, président du Burkina-Faso, et Ilham Aliev, Président de l'Azerbaïdjan. Des visites très officielles et signalées dans l'agenda du président de la République. En revanche, le 23 juillet dernier, François Hollande recevait un chef d'Etat controversé de manière plus secrète. Sans aucune mention sur l'agenda élyséen, le président socialiste accueillait le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa, "à la tête d'une dynastie sunnite au pouvoir depuis deux cents ans" et qui "réprime dans le sang la révolte chiite", comme le souligne Le Point.
Il s'en explique et voit comme un message envoyé aux chefs d'Etat africains sa rencontre avec Etienne Tshisekedi, opposant au dirigeant Kabila. Et lorsqu'il rencontre des dirigeants élus de manière, il "fait en sorte d'avoir de bonnes relations d'Etat à Etat" :
Je les considère, je suis conscient, lorsqu’ils ont été élus par un processus démocratique, qu'ils représentent pleinement leur pays.
Quand ils n’ont pas été élus par cette procédure, je fais en sorte d'avoir de bonnes relations d’Etat à Etat, mais je reconnais aussi les opposants dès lors qu'ils s'inscrivent dans la démocratie, qu'ils veulent, concourir sans violence à ce que ce soit les urnes qui décident en Afrique comme partout ailleurs.
"Des relations d'Etat à Etat". Une expression qu'il répète au cours de cette interview :
Par ailleurs, je reçois les chefs d’Etat de tous les pays du monde, ceux qui me demandent audience, rendez-vous ; je me déplace également. Il n'y a pas toujours que des démocrates, je le regrette mais j'ai des relations d'Etat à Etat.
Et lors de ces rencontres, François Hollande affirme pouvoir parler de tout, et en particulier de la situation des pays :
Néanmoins, chaque fois que je reçois un chef d'Etat, africain, d’une autre origine ou d'un autre continent, chaque fois je leur parle de la situation dans leur pays, non pas pour m’immiscer, non pas pour m’ingérer, mais parce que je leur dois cette franchise.