L’art de l’esquive, par l'eurodéputé LR Brice Hortefeux

Publié à 09h24, le 22 juin 2015 , Modifié à 13h15, le 22 juin 2015

L’art de l’esquive, par l'eurodéputé LR Brice Hortefeux
Brice Hortefeux en train d'esquiver la question d'un journaliste. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP

"Ce n’était pas la question. Mais c’est ma réponse." Cette phrase est un grand classique de la langue de bois politicienne. Ou comment les hommes politiques esquivent la question initialement posée par leur intervieweur. Et Brice Hortefeux en a donné plusieurs exemples, ce lundi 22 juin sur RTL.

Interrogé sur la comparaison, qui a "dégoûté" la gauche , faite par Nicolas Sarkozy entre les migrants et une fuite d’eau, l’eurodéputé… oups, pardon, le député européen (voir "bonus track") de Les Républicains, Brice Hortefeux défend son patron. Et esquive la véritable question pour répondre sur le fond :

"

Le politiquement correct, le déni de réalité, le refus d’employer les mots pour dire la vérité, tout ceci ça suffit. Nicolas Sarkozy a eu parfaitement raison de souligner que proposer une répartition ce n’est pas ce qu’il fallait. Si on met des quotas, c’est un appel d’air.

"

Sauf qu’il n’était pas interrogé sur la question des quotas et d’une éventuelle répartition européenne des migrants mais bel et bien sur la comparaison borderline du président de Les Républicains. Et quand Jean-Michel Aphatie le relance sur ce sujet bien précis, soulignant qu’il n’avait pas répondu à sa question, Brice Hortefeux embraye de nouveau :

"

Non seulement je vous dis ce que je pense. Mais j’ai pu observer dans Le Parisien d’hier. La question était posée aux lecteurs et 63% des lecteurs ont parfaitement compris et approuvé cette position.

"

Samedi 20 juin, Le Parisien a en effet interrogé ses lecteurs sur internet sur la question :

"

Sarkozy a-t-il été trop loin en comparant l’afflux de migrants à une fuite d’eau ?

"

Brice Hortefeux dit vrai lorsqu'il évoque ce "sondage". Sur les 13 845 internautes qui ont répondu à ce sondage en ligne, effectivement, 62,6% ont répondu ne pas avoir été choqués par la comparaison faite par l’ancien président de la République.

Mais Brice Hortefeux ne s’arrête pas là dans l’art maitrisé de l’esquive. Interrogé ensuite sur l’arrivée de DSK sur Twitter , l’élu LR répond tout d’abord qu’il n’a pas vu mais que cela le laisse "pantois". Une fois cette réponse mesurée balancée, il enchaîne sur… Christiane Taubira. L’ancien patron du FMI lui sert donc de prétexte, très capillotracté, pour s’attaquer à la ministre de la Justice et ressortir sa sortie de vendredi sur son "rêve" d’une semaine de 32 heures . Il dit :

"

Ça me laisse pantois. J’ai pas vu. Ce que J’ai surtout retenu du week-end, c’est que madame Taubira, elle, proposait la mise en place des 32 heures. Franchement, j’ai un conseil. 32 heures, c’est encore beaucoup trop et vu la politique de madame Taubira, je pense qu’elle ferait mieux de s’arrêter de travailler, ça serait plus utile au pays.

"

L'art de l'esquive, Brice Hortefeux, ça le connaît. Il en avait donné un bel exemple avec l'affaire Bygmalion, en 2014. Ainsi, pour montrer à quel point cette affaire ne le touchait et ne le concernait pas, le parlementaire ex-UMP persistait, faussement innocent, à feindre de ne pas savoir prononcer "bygmalion" , faisant mine d'hésiter avec "pygmalion". Un running gag qu'il a fini par abandonner.

[BONUS TRACK] Non, je ne suis pas eurodéputé

En très grande forme, Brice Hortefeux a commencé son interview sur RTL "on fire". Présenté d’emblée comme "eurodéputé Les Républicains", ce qu'il est selon l'usage courant, ce proche de Nicolas Sarkozy rectifie, énervé, aussitôt :

"

Mais pas eurodéputé. Je ne suis pas député de la zone euro, je suis député européen.

"

Qu’on se le dise.

Du rab sur le Lab

PlusPlus