Wauquiez tente de faire croire que sœur Emmanuelle n'aurait pas été forcément opposée à sa position sur les migrants

Publié à 19h34, le 25 septembre 2016 , Modifié à 11h47, le 26 septembre 2016

Wauquiez tente de faire croire que sœur Emmanuelle n'aurait pas été forcément opposée à sa position sur les migrants
Laurent Wauquiez © PHILIPPE DESMAZES / AFP

1.784 migrants répartis dans une région qui compte près de 8 millions d'habitants, cela est trop pour Laurent Wauquiez. Bien trop. Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes a même lancé une pétition contre le projet du gouvernement de répartir dans des centres d'accueil les 10.000 personnes vivant dans la "jungle" de Calais.  

Certains dénoncent cette initiative, d'autres la soutiennent. Si elle était encore en vie, sœur Emmanuelle serait mitigée. C'est en tout cas ce que tente de faire croire le président par intérim de Les Républicains.

Invité de l'émission Bureau politique sur LCI ce dimanche 25 septembre, Laurent Wauquiez parle de la religieuse, rencontrée en Égypte au début des années 2000. Dans son bureau trône une photo de lui avec sœur Emmanuelle dont il raconte souvent avoir été proche. Le chef du service politique de TF1 Christophe Jakubyszyn lui demande alors si, dans l'hypothèse où elle serait encore en vie, sœur Emmanuelle ne dirait pas à Laurent Wauquiez d'aller à Calais s'occuper des migrants. "Sûrement qu'elle me le dirait, répond l'élu LR en souriant. Mais je ne suis pas nécessairement d'accord sur tout ce qu'elle a défendu et ce qu'elle a porté."

Et puis Laurent Wauquiez réfléchit. Comment expliquer que sœur Emmanuelle a marqué sa vie tout en défendant une politique qui semble aller à rebours des combats de la religieuse ? Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes croit trouver une faille. Alors il s'y engouffre :

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Vous savez ce qu'a fait sœur Emmanuelle surtout ? Ce n'est pas en France qu'elle les a accueillis [les réfugiés]. Où est-ce qu'elle  s'est battue ? C'est en Égypte qu'elle s'est battue, c'est dans les bidonvilles du Caire, sur ce quartier du Mokattam, où là elle s'est battue [sic]. C'est au Soudan, où elle a travaillé. C'est en Asie où elle a développé des structures pour les enfants. Ces batailles, elle les a faites dans les pays qui souffraient et pas avec cette fausse tolérance et cette fausse générosité consistant à croire qu'en accueillant tous les réfugiés du monde, on réglera les problèmes. Je crois qu'on crée des déracinés.



Au contraire, vous voyez, votre question, au fond, m'oblige à y réfléchir. Je ne suis pas sûr que sœur Emmanuelle me dirait ça. Je pense qu'elle dirait : 'la bataille, c'est en Égypte qu'il faut la mener, c'est au Soudan qu'il faut la mener '.

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Un passage isolé par le Lab à voir ci-dessous en vidéo : 



On ne saura malheureusement jamais ce qu'aurait dit sœur Emmanuelle à Laurent Wauquiez à propos de la "jungle" de Calais. Seulement peut-on rétorquer au président d'Auvergne Rhône-Alpes que :

1)     Le démantèlement de la "jungle" de Calais et la répartition des 10.000 migrants qui s'y trouvent ne consiste pas à accueillir "tous les réfugiés du monde".

2)     Que sœur Emmanuelle a créé une fondation qui porte aujourd'hui son nom et dont l'objectif est de "lutter plus efficacement et plus durablement contre les inégalités et les situations d’exclusion en France et dans le monde", ainsi qu'on peut le lire sur le site internet de l'association . Pas uniquement en Égypte et au Soudan, donc.

Au début des années 2000, Laurent Wauquiez avait enseigné le français dans le lycée que sœur Emmanuelle avait créé au Caire. "C'est une expérience qui a été très forte pour moi et surtout parce que sœur Emmanuelle avait un leitmotiv que j'aimais bien. Elle disait : 'plutôt que d'escalader la montagne, bouge la pierre, bouge une petite pierre'. Et je crois beaucoup à ça", rapporte le député de Haute-Loire qui, sur ce sujet, a tendance à s'arranger avec sa propre histoire

Sans même aller jusqu'à chercher du côté des religieuses, il est des personnes qui, au sein même du parti Les Républicains, n'approuvent pas la position de Laurent Wauquiez au sujet des migrants. Xavier Bertrand a, par exemple, dénoncé la pétition lancée par son camarade de LR . "Quand des électeurs m'ont demandé, ce week-end, quelle différence il y avait entre la pétition de M. Wauquiez et l'association de M. Briois [maire FN d'Hénin-Baumont et vice-président du FN, NDLR], eh bien, je n'ai pas su quoi leur répondre", a ainsi raconté le président des Hauts-de-France, dimanche 18 septembre.

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