LE YOLO, C'EST PAS BRUNO - "Tout dire avant pour tout faire après". Cette formule, d'abord écrite par Nicolas Sarkozy avant d'être récupérée par plusieurs autres candidats à la primaire de la droite, Bruno Le Maire y tient. Cette clarté programmatique, qui doit assurer la légitimité du Président à gouverner et réformer, fait selon lui partie du "renouveau" qu'il a érigé en slogan de campagne. Mais le député de l'Eure ajoute un petit plus à ce mot d'ordre commun à une petite moitié des prétendants à la primaire.
Dans une interview aux Échos dimanche 25 septembre, Bruno Le Maire est interrogé sur le pavé qui lui sert de programme - pardon, de "contrat présidentiel" - un document de plus de 1.000 pages présenté il y a dizaine de jours. Il vante une "preuve" de sa vision "réfléchie, constante et cohérente" et un gage de "sérieux". Et ajoute, comme sur un air de défi :
"Tout dire avant pour tout faire après ? Très bien ! Encore faut-il ne pas raconter n'importe quoi avant.
"
"Mon contrat présidentiel va très loin dans les détails pour en assurer sa crédibilité. Nous disons ce que nous ferons, comment nous le ferons, quand et avec quel financement", affirme encore celui qui est pour l'heure donné comme le troisième homme de ce scrutin. Manière d'insinuer que les programmes de ses concurrents, à l'inverse du sien, comprennent leur part de "n'importe quoi" ? Il ne le dit pas clairement mais on sent qu'il le pense très fort.
De fait, Bruno Le Maire n'est pas celui qui est le plus souvent pris en défaut sur la logique de ses propositions. Sauf par exemple lorsqu'il promet à de multiples reprises de mettre en place un CDD "renouvelable sans limitation" ou "sans limites"... avant de rétropédaler pour cause de normes européennes interdisant une telle mesure et d'évoquer une "limite de trois ans" pour ces renouvellements. Ou encore lorsqu'il explique bien malgré lui que le Smic est "insuffisant pour faire vivre décemment sa famille", lui qui refuse pourtant de le revaloriser car cela entraîne "une augmentation du chômage".
Les Décodeurs du Monde ont passé au peigne fin les 1.000 et quelques pages du programme de Bruno Le Maire. Si aucune intox véritable ou grosse erreur factuelle n'est visiblement à souligner, ce document comporte quelques petites approximations chiffrées, des imprécisions sur la réalisation de certaines mesures ou des *oublis* fort bienvenus. Mais on est certes bien loin du niveau de "n'importe quoi", d'intox ou de mensonges atteint par d'autres candidat à cette primaire ou à la présidentielle (ici, ici ou là)...
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