Le bien mauvais argument de Valérie Pécresse sur la stratégie d'alliance Juppé-Bayrou

Publié à 19h17, le 01 novembre 2016 , Modifié à 21h43, le 01 novembre 2016

Le bien mauvais argument de Valérie Pécresse sur la stratégie d'alliance Juppé-Bayrou
Valérie Pécresse © ERIC FEFERBERG / AFP

EH BIEN C'EST FAUX - Valérie Pécresse roule donc pour Alain Juppé. La présidente LR de la région Île-de-France, très convoitée, a annoncé mardi 1er novembre son soutien au maire de Bordeaux. Ce dernier "saura relever la fonction présidentielle" et "sera un président fort", fait valoir l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, "affectivement" proche de François Fillon, dans une interview au Figaro.

Et au passage, elle est évidemment interrogée sur LE sujet stratégico-polémique qui embrase la primaire ces derniers temps : la question du soutien du centriste François Bayrou à Alain Juppé. Le maire de Pau fait l'objet d'un feu nourri de la part de Nicolas Sarkozy et ses lieutenants, qui l'accusent d'être "de gauche", ne digèrent toujours pas son appel à voter Hollande en 2012 et prédisent en conséquence une "alternance molle" si le maire de Bordeaux devait être élu sur la base de cette collaboration. Valérie Pécresse n'est évidemment pas d'accord avec cette vision sarkozyste des choses. 

Dans Le Figaro, elle défouraille, rappelant que Les Républicains avaient fait campagne avec les candidats MoDem pour les régionales de décembre 2015 :

 

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Ne soyons pas hypocrites et disons la vérité ! Sans les voix de l'UDI et du MoDem, ni Laurent Wauquiez, ni Christian Estrosi, ni moi n'aurions été élus présidents de région. Et cela ne m'empêche pas, je vous le garantis, de mener une politique de franche rupture avec dix-sept ans de gestion socialiste en Île-de-France. Ce sont des partenaires loyaux. Ils se sont engagés à soutenir un programme de réformes et ils s'y tiennent.

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Dans son esprit, il est donc totalement illogique de renier ce partenariat en vue de la primaire, et plus encore de la présidentielle. Pour enfoncer le clou, elle ajoute un autre argument, quitte à raconter une bien grosse bêtise : 

 

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En 2007, alliés au MoDem, nous avons gagné. En 2012, sans le MoDem, nous avons perdu. Ne faut-il pas en tirer les leçons ? J'ajoute que pour réussir, il ne suffit pas de conquérir le pouvoir mais il faut savoir l'exercer. On ne peut pas réformer en profondeur sans entraîner une majorité du pays derrière nos idées. Rétrécir notre majorité, c'est se condamner à l'immobilisme.

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Le MoDem et l'UMP, alliés pour la présidentielle et les législatives 2007 ? Cet argument est invalide. Car le parti centriste, issu de l'UDF, n'a été créé par François Bayrou qu'APRÈS la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Sa date de naissance officielle est fixée au 10 mai 2007. Et le maire de Pau, troisième homme du premier tour, s'était bien gardé de donner une consigne de vote pour départager le candidat de l'UMP et Ségolène Royal...

Par la suite, pour la campagne des législatives, l'UMP d'alors avait bel et bien donné des investitures à des anciens de l'UDF, mais seulement à ceux qui s'étaient ralliés via le Nouveau Centre d'Hervé Morin, et non à ceux qui partaient pour l'aventure MoDem. Désireux de tracer sa voix entre l'UMP et le PS (et donc de ne pas s'allier à la droite), François Bayrou avait vu de très nombreux élus UDF rejoindre l'autre parti centriste, et non le sien. 24 sur 29 pour être exacts, selon les calculs de RFI à l'époque

Il est donc *légèrement* compliqué de dire que l'UMP et le MoDem étaient "alliés" en 2007.

Du rab sur le Lab

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