#ANALYSEKB - On disait d'elle qu'elle pourrait cristalliser autour de sa personne l'implosion du Front national en cas de mauvais résultat de Marine Le Pen à la présidentielle. Mais on savait aussi qu'elle avait des envies d'ailleurs. C'est finalement la seconde option que Marion Maréchal-Le Pen a choisie, en tout cas pour le moment. Mardi 9 mai, la députée d'extrême droite du Vaucluse a annoncé son retrait de la vie politique : elle ne se représentera pas aux législatives et quittera également son poste de présidente du groupe FN à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais aurait-elle de plus grandes idées derrière la tête ?
Nombreux sont ceux qui y voient en effet une manière de se préparer pour... la prochaine présidentielle et la reprise en main du parti à moyen terme. C'est le cas de la députée socialiste des Hautes-Alpes Karine Berger. Élue du même territoire que la nièce de Marine Le Pen (la région PACA), celle qui avait soutenu Benoît Hamon pour la primaire puis la présidentielle y voit même une sorte de "calcul démoniaque". Sur CNEWS mardi soir, elle explique que "la dynamique FN qu'elle [Marion Maréchal-Le Pen, ndlr] a créée en PACA est arrivée à un sommet" avec la présidentielle. Elle ajoute :
"Je pense que madame Maréchal-Le Pen fait un calcul très simple : que dans les deux, trois, quatre années qui viennent, la dynamique peut difficilement aller au-delà [mais] qu'en revanche si jamais la France rentrait dans une sorte de bi-partisme où il y aurait un parti central, centriste, qui s'opposerait comme seul parti unique face au Front national, elle a une carte à jouer fantastique si elle revenait sur la scène politique [nationale et locale] dans cinq ans. C'est ça le vrai risque que la France court.
[...] Si nous rentrons dans l'idée qu'il y a grosso modo les progressistes contre les conservateurs, enfin contre les identitaires, ce qui est le leitmotiv de monsieur Macron, de monsieur Mélenchon et de madame Le Pen, eh bien dans quatre ou cinq ans, l'opposition telle qu'elle se rêve du Front national est en mesure de l'emporter. Et je pense que madame Maréchal-Le Pen fait aujourd'hui un calcul démoniaque, si vous me permettez une expression un peu vulgaire, qui est de dire : 'Si le bi-partisme comme certains le rêvent, populiste, s'installe en France, j'ai ma carte à jouer dans cinq ans.'
Politiquement, elle est en train de faire quelque chose qui est un coup de poker mais qui peut, malheureusement, si nous ne sommes pas capables d'une pluralité politique, de reprendre un débat droite-gauche très structuré avec une clarification politique républicaine de notre pays, si nous ne sommes pas capables de faire ce renouvellement-là de la vie politique française, si nous restons sur une opposition frontale entre un centrisme mou et puis le Front national, madame Maréchal-Le Pen est effectivement un danger majeur pour les élections dans cinq ans.
"
On ne s'aventurera pas à reprendre le qualificatif de "démoniaque" utilisé par Karine Berger, mais force est de constater que la démarche de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen n'est peut-être pas dénuée de considérations stratégiques. Dans une lettre envoyée au Dauphiné Libéré mardi, Marion Maréchal-Le Pen confirme en effet son retrait et donne ses raisons, à la fois "personnelles" et "politiques". "J’ai beaucoup manqué à ma petite fille dans ses premières années si précieuses. Elle m’a aussi terriblement manquée. Il est essentiel que je puisse lui consacrer plus de temps", commence-t-elle. Puis elle poursuit, annonçant plutôt une pause qu'une retraite définitive de la vie politique :
"Vous connaissez mon histoire, vous savez que ce monde politique est le mien depuis toujours. À 27 ans, il est encore temps d’en sortir quelques temps. [...] Je pense que l’époque des politiciens déconnectés du réel avec des décennies de mandat électif derrière eux est révolue.
"
Et l'élue FN de prévenir, en guise de conclusion :
"Je ne renonce pas définitivement au combat politique.
"
Comprendre : elle reviendra. Pour la présidentielle 2022 ?