Marine Le Pen is the new François Fillon. Tout comme l'ancien Premier ministre qui officiait en douce sur Twitter sous le pseudonyme @fdebeauce, la présidente du FN aussi a un compte caché (enfin, plus tant que ça) : @enimar68. Libération et Le Monde le révèlent vendredi 4 septembre.
"Anne Lalanne", c'est son pseudo : il s'agit, dans l'ordre, de son deuxième prénom et du nom de jeune fille de sa mère. Quant à @enimar68, c'est une combinaison d'un anagramme de "Marine" et de son année de naissance.
Auprès des deux quotidiens, la patronne du parti d'extrême droite nie se cacher derrière ce compte. Mais diverses sources "proches de la présidente" ou "bien placées au sein du mouvement" sont catégoriques à ce sujet. Par ailleurs, Le Lab peut certifier que l'utilisation de ce pseudo par Marine Le Pen ne se limite pas à Twitter.
“@dom_albertini: La secte Raël fait de Dieudonné son "guide honoraire" http://t.co/XFgwou0xPn”
Le Pen va être jaloux....
— anne lalanne (@enimar68) 6 Juillet 2015
“@FrDesouche: . @MagicarpeLvl100 Mais où serait le FN si B.Gollnisch en avait été le président mon cher Pierre ?
— anne lalanne (@enimar68) 16 Juin 2015
Non c'est précisément pour cela que MLP s'est présentée contre Gollnisch à la tête du front...et l'a battu pic.twitter.com/e2cS2Vz5E6
— anne lalanne (@enimar68) 17 Avril 2015
Dans la foulée, @enimar68 a démenti être Marine Le Pen, tout en remerciant Libé pour tous les "nouveaux tweetos" (sic) que leur article lui a apportés :
Merci à libé j'ai plein de nouveau tweetos !!! Mais pas pour les bonnes raisons parce que cette info est une nouvelle fois bidon
— anne lalanne (@enimar68) 4 Septembre 2015
Très confidentiel (environ 400 abonnés à l'heure de la publication de cet article, 230 quand Libé et Le Monde ont révélé le pot-aux-roses), ce compte créé en 2013 relaye surtout des messages dans la ligne du Front et est suivi par les principaux cadres du FN, ainsi que quelques figures proches du parti. "Anne Lalanne" retweete beaucoup Louis Aliot, Florian Philippot, Wallerand de Saint-Just ou encore Marion Maréchal-Le Pen. Elle s'en prend aussi aux représentants de ce qu'elle nomme "l'UMPS" (Taubira, Sarkozy, Valls, Hollande, Estrosi, etc) et aux médias, glisse quelques scuds (rares, certes) à Jean-Marie Le Pen (moins rares en ce qui concerne Bruno Gollnisch) ou diffuse les propos de @FrDesouche, compte Twitter du site phare de la fachosphère et de la "réinfosphère"...
Cette double identité numérique lui permet donc de sortir d'une communication plus institutionnelle et professionnelle sur son compte officiel, @MLP_officiel, dont Le Monde explique qu'il est "géré par des collaborateurs de 'la bulle', un bureau du siège du parti, à Nanterre, consacré aux activités numériques". Blagounettes, propos plus cash : sous l'apparence d'une banale sympathisante FN, Marine Le Pen délivre un discours moins policé.
En ce qui concerne les comptes auxquels elle s'est abonnée, en revanche, c'est du très classique : beaucoup de cadres et militants frontistes, beaucoup de médias et journalistes (politiques mais pas que), ainsi que des responsables politiques de tous bords (au hasard : Jean-Marc Ayrault, Jean-Vincent Placé, Jean-Louis Borloo, Arnaud Montebourg, Jean-François Copé, Nicolas Dupont-Aignan, etc). Le flux d'information que consulte @enimar68 n'a donc rien de bien particulier. On y trouve tout de même un utilisateur se revendiquant "militant identitaire"... et Valérie Trierweiler.
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