Le dernier jour de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture

Publié à 22h34, le 12 juillet 2012 , Modifié à 00h02, le 13 juillet 2012

Le dernier jour de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture
Frédéric Mitterrand, au ministère de la Culture, le 1er avril 2012. (Maxppp)

CONFESSIONS - Dans un reportage diffusé par France Culture, jeudi 12 juillet, l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand se livre sans détours sur ses trois années passées rue de Valois.

Il détaille plusieurs anecdotes, ainsi que ses occupations du dernier jour, avant qu'Aurélie Filippetti ne prenne sa place.  

  1. Frédéric Mitterrand, ministre des Confessions intimes

    Sur franceculture.fr

    Qu'a fait Frédéric Mitterrand lors de son dernier jour au ministère de la Culture, rue de Valois ?

    Il l'a passé dans un ministère vide, à finir quelques cartons, à écrire des lettres, notamment à François Fillon.

    Ni mélancolie, ni nostalgie. C'est ce qu'il explique à un journaliste de France Culture - le reportage a été diffusé le 12 juillet - auquel qui il se livre.

    Frédéric Mitterrand fait le bilan et revient, entre autres, sur les difficultés d'être ministre :

    Être ministre, c'est un méter bizarre. Je me levais à 6h30, j'étais ici vers 8h30.

    Je repartais rarement avant minuit. 

    Un rythme de vie qui a ses inconénients, notamment sur le plan personnel  ; il évoque, avec force détails, "l’absence totale de toute vie amoureuse" :

    Je n’ai pas de liaison régulière.

    Si j’avais une liaison régulière, le petit couple gentil qui pousse la poussette dans le Marais avec le petit Coréen dans la poussette, c’est plus facile. C’est rentré dans les normes, ça.
    Le problème c’est que [...] actuellement je n’ai pas de relation permanente.
    Ca n’aurait pu alors être [pendant qu'il était ministre, ndlr] que des aventures et des aventures, je ne peux pas les avoir chez moi, parce que j’ai mon fils et que je veux pas lui imposer ça.
    Ca peut difficilement se passer au ministère [...]

    Alors quoi ? Aller draguer, en laissant les officiers de sécurité à la porte du lieu de drague ? Jamais.

    Je peux pas faire ça.

    Donc il n'y a pas eu de vie amoureuse. Y’a eu 3 ou 4 petites escarmouches disons. Mais vraiment très clandestines. C’est pas satisfaisant.

    Il synthétise ses trois ans passés au ministère : "Ma vie personelle s’est résumée à ma famille proche et des amis proches". 

    Ministre, il explique s'être fait "beaucoup d'ennemis" :

    Ca me rendait malade.

    D’ailleurs j’ai eu beaucoup de problème psychosomatiques.

    Le 15 mai, il explique avoir suivi la passation de pouvoirs entre François Hollande et Nicolas Sarkozy à la télé, et regrette d'ailleurs de n'être allé à "aucune passation".

    Il commente la scène : 

    Voici Manuels Vallset son physique de beau ténébreux. Il est beau gosse Manuel Valls.

    C’est peut-être pour ça qu’il avait fait des commentaires un peu acerbes sur mon livre, La mauvaise vie. Il a du se sentir un peu, je sais pas, menacé ?

    Et voici Mazarine. Ah y’a quand même un membre de la famille. C’est bien [...] Elle ressemble de plus en plus à François [Mitterrand].

    [Et là] François Hollande qui sert la main de Nicolas Sarkozy.

    Ce qui serait amusant c’est qu’ils se fassent un petit bisou. Que ça dérape : "Tu es bien rasé aujourd’hui François. Hmmm tu sens bon Nico."

    Ce serait mignon.

    Son dernier jour rue de Valois, il explique terminer ses cartons. Dans un de ceux-ci, se trouve un petit avion, donné par son inspectrice générale du ministère :

    Elle m'a dit : 'voilà, vous allez pouvoir prendre l'avion'.

    Et s'amuse :

    J’espère que je vais pas être frappé par la foudre, à mon tour. Je trouve génial que pour la première visite à Angéla Merkel, telle une walkyrie à l’aéroport de Berlin... Je l’imagine avec le casque avec les cornes, lancant la foudre sur l’avion de François Hollande.

    C’est extraordinaire cette histoire. Finalement ça c’est bien terminé.

    > Le reportage à écouter en intégralité :

  2. Le cocktail rue de Valois avec des Nord-coréens

    Sur franceculture.fr

    Pendant ses trois ans au ministère, Frédéric Mitterrand explique, dans le reportage de France Culture, avoir veillé :

    [...] à ce que le ministère soit une maison et que les gens qui viennent pour des repas ici soient bien traités.

    Alors comme le budget du Ministère est serré, et notamment dans ce registre là, les buffets étaient quelquefois un peu modestes.

    Et détaille une anecdote, suite à la venue de Nord-coréens : 

    Quand j’avais reçu les Coréens du nord, ils croyaient qu’ils venaient pour diner ; c’était un cocktail. Ils étaient un peu surpris.

    En plus les Coréens du nord, quand ils arrivent, ils sont un peu robotisés.

    Heureusement, il y avait de l’alcool. Après quelques rasades, ils étaient plus du tout robotisés. Ils se battaient pour des chips.

    C’était un spectacle extraordinaire.

  3. "Je sors du ministère avec des dettes"

    Sur franceculture.fr

    Je sors du ministère avec des dettes, parce que j’ai un appartement, mes impôts, mon fils, ma mère. Ca va très vite.

    C'est ce qu'explique Frédéric Mitterrand, dans le reportage de France Culture.  

    Il affirme avoir quitté le ministère "avec des dettes" et explique avoir fait l'objet d'un contrôle fiscal :

    J’ai même été l’objet d’une vérification fiscale importante, et le directeur des impôts m’a dit : 'vous seriez un citoyen ordinaire, vous attaqueriez le tribunal administratif qui vous donnerait raison.

    Vous êtes ministre, on ne  peut pas courir le risque d’avoir cette affaire dans Le Canard Enchainé donc il faut payer.'

    Je l’ai senti passer.

    Il a également commenté la volonté de François Hollande de vouloir réduire le salaire des ministres. Une mesure qu'il juge "démagogique" et "contre-performante" : 

    Je trouve ça démago de réduire les honoraires des ministres. Quand vous voyez les risques permanents de la fonction...

    Vous risquez à chaque moment de faire une connerie : de signer un parapheur, quand vous en avez 40 et qui est pas le bon, et qui peut vous exposer à des poursuites pénales pour quelque chose que vous n'avez pas maitrisé - même si votre cabinet est très très performant - ça peut arriver.

    Le salaires des ministres était dérisoire par rapport à ce que touchent les grand patrons d’entreprises.

    Moi je gagnais 12.000 euros par mois. C’est énorme comparé à ce que vivent les Français, j’en ai bien conscience.

    Je n’avais pas d’appartement de fonction, j’avais un appart à Paris, ca coûte de l’argent,

    Il conclut :  

    Un ministre  à 9.000 euros qui habite à Paris sans appartement de fonction, et qui doit continuer à vivre, s’acheter des costumes propres, il aura du mal à joindre les deux bouts.

    Aussi étrange que ça puisse paraitre.

  4. "Danielle a félicité ma mère"

    Sur franceculture.fr

    Interrogé par le journaliste de France Culture sur les rancoeurs éventuelles de son entourage suite à sa participation à un gouvernement de droite, le neveu de François Mitterrand affirme :

    Pas dans mon entourage.

    Je pense que François ne m’aurait fait aucun reproche. C’est à tel point que même Danielle, qui était beaucoup plus engagée, beaucoup plus à l’extrême-gauche que François, même Danielle a félicité ma mère, vous voyez.

    Elle lui a dit : 'tu dois être contente pour ton fils quand même'.

    [...]

    L’exemple de François Mitterrand est quelque chose de très très puissant dans ma vie et dans ma famille.

    Il précise que, dans les "diners en ville" :

    [...] des gens étaient très critiques. Ca je le sais.

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