Jeudi 5 décembre, Nelson Mandela est mort. Les responsables politiques y vont tous de leurs messages d'hommage, y compris le Front national et Marine Le Pen. Un signe de plus de l'institutionnalisation du parti d'extrême droite qui qualifiait Nelson Mandela de "terroriste" dans les années 80 et 90, comme l'explique Slate.
Dans un communiqué, Marine Le Pen rend hommage à celui qui "a su imposer la paix et la réconciliation" et qui "marquera incontestablement l'histoire" :
Avec la mort de Nelson Mandela, c'est une grande voix de l'Afrique qui s'éteint. Marine Le Pen salue la mémoire de l'homme et de l'ancien président de la République d'Afrique du Sud qui, par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures.
Des propos bien éloignés de ceux du Front national vingt ans plus tôt qui pourfendaient Nelson Mandela. En 1990, alors que le leader sud-africain est libéré, Jean-Marie Le Pen explique être "ni ému, ni ravi", en raison d'"une espèce de méfiance à l'égard des terroristes quel que soit le niveau auquel ils se situent" et parle de l'apartheid comme d'une "utopie".
En juin de la même année, alors que Nelson Mandela, fraîchement libéré, est en visite au parlement européen, Bruno Gollnisch s'interrogeait sur le fait que "le Parlement européen reçoive officiellement un homme qui refuse jusqu'ici d'abandonner la violence terroriste".
En 2002, le FN faisait encore référence à Nelson Mandela dans son programme en des termes très durs :
Alors que nos dirigeants ne cessent de donner aux Français des leçons “d’antiracisme”, nous avons soutenu l’accession au pouvoir de Nelson Mandela en Afrique du Sud, puis son successeur, qui sont en train de ruiner le pays en provoquant l’exode des Blancs.
Pourtant, au même moment Jean-Marie Le Pen adoucit son discours. Il essaie de rencontrer le leader sud-africain, sans succès. Dans le même temps il explique tenir "en estime" Nelson Mandela pour sa "grande capacité à établir la paix et la réconciliation entre les Africains du Sud".
Si Marine Le Pen rend un hommage appuyé à Nelson Mandela, ce n'est pas le cas de Bruno Gollnisch qui republie un texte critique à l'égard du bilan du sud-africain et revisite le discours passé du Front national. Le parlementaire européen évoque "un concert mondial d’hommages divers et variés" et d'un "microcosme politico-médiatique [qui] n’a pas été avare de dithyrambes, dont l’unanimisme n’est pas pour nous surprendre mais cache bien des non-dits" et parle de "l'épuration ethnique" de la minorité blanche.