Le manuel du parfait coup politique

Publié à 16h04, le 12 janvier 2012 , Modifié à 20h01, le 12 janvier 2012

Le manuel du parfait coup politique
Nicolas Sarkozy visite une ferme à Upaix le 16 mars 2007. (Reuters)

Jeudi, Eva Joly a agité la sphère médiatco-politique. La faute à une proposition jugée iconoclaste. La veille, la candidate écolo a organisé une "nuit de l'égalité" au Bataclan, à Paris. Au milieu de différentes propositions faites par la candidate, une retient l'attention des médias : créer deux jours fériés pour Kippour et l'Aïd-el-Kebbir. Pourquoi cette phrase là et pas une autre ? Pourquoi certaines sorties des politiques devienent-elles des "coups" ? Pourquoi d'autres retombent-elles comme des soufflés ? Le Lab fournit aux candidats un manuel du parfait coup politique.
Le Lab remercie le politilogue de l'université de Lorraine Arnaud Mercier et Bastien François, professeur de Sciences Politiques à Paris 1 et élu EELV en Île-de-France.

  1. Choisis bien ton endroit

    Sur Le Devoir

    Leçon numéro 1 : Les lieux ont une âme.

    Ton modèle : George Bush.

    Août 2002. La campagne électorale américaine se dessine. George W. Bush organise alors une conférence de presse au pied du Mont Rushmore, où sont sculptés les visages des présidents américains.

    Malin, le candidat américain se positionne de telle sorte que tous les photographes et JRI sont obligés, pour avoir le visage de George Bush, d'avoir les autres présidents en arrière-plan. Le message est limpide !

  2. Sois réactif

    Sur LCi

    Leçon numéro 2 : N'aie pas peur d'envoyer valser ton emploi du temps.

    Ton idole : Jacques Chirac.

    Le 19 mars 2002, Jacques Chirac est en déplacement à Argentueil. Le même jour, un cocktail molotov vise un commissariat de Clichy-la-Garenne. Le président-candidat se rend sur place pour témoigner de son "indignation". Lionel Jospin aura beau dénoncer une "récupération politique", on connait la fin de l'histoire...

  3. Scrute ton adversaire à la loupe

    Sur Washington Post

    Leçon numéro 3 : Les erreurs de ton adversaire sont du pain béni. 

    Ton modèle : James Webb, un militant démocrate de Virginie.

    2006, l'Etat de Virginie se prépare à élire un nouveau gouverneur. Le républicain Geroge Allen est le chouchou des sondages. James Webb, militant démocrate d'origine indienne, le suit à la trace avec une caméra. Pour guetter le jour où. Et ce jour est arrivé. Mi-août, George Allen craque et traite James Webb de macaque. Face caméra. La video (voir ci-dessus) a tourné et tourné en boucle. Le candidat a beau eu présenter des excuses, le démocrate Mark Warner a remporté l'élection.

     

  4. Raconte n'importe quoi

    Sur Le JDD

    Leçon numéro 4 : L'important, c'est qu'on parle de toi.

    Ton modèle : Frédéric Lefebvre, à la belle époque.

    Il faut occuper l'espace. Quitte à occuper tout l'espace, n'importe comment. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP avant de devenir secrétaire d'Etat au tourisme, à l'artisanat et aux petites entreprises, n'hésitait pas à montrer les crocs contre le PS. Il a même pesté contre l'AFP car elle ne reprenait pas chacun de ses communiqués. A vot'service, Monsieur le porte-parole !

    EXTRAIT

    Le 1er mai 2008, à l'occasion de la Fête du travail, il en remettait une couche à l'adresse de sa cible favorite: "Le travail est le symbole du changement que nous conduisons malgré les forces conservatrices de ce pays qu'incarne si bien le PS. En 40 ans le changement a changé de camp!!!"

  5. Connais toi toi-même

    Sur France Soir

    Leçon numéro 5 : N'essaie pas de devenir un autre que toi.

    Ton contre-exemple : Edouard Balladur.

    Tout le monde a oublié le meeting d'Edouard Balladur le 25 mars 1995 au Bourget, baptisé "la fête avec Edouard". Oui, "la fête avec Edouard". Las d'être considéré comme un monstre de froideur inaccessible, après avoir été caricaturé en Louis XVI par Plantu, Edouard Balladur décide de changer de style.

    Le soir du meeting, sur fond de musique reggae, Edouard Balladur arrive en petit trainà la grande halle d’exposition du Bourget avec sa femme Marie-Josèphe. Puis il monte sur une table pour mieux saluer les 15.000 fans qui crient "Allez Doudou !". La suite, on la connait : Jacques Chirac président.

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