Le ministre des Finances, le patron du PS et le président de l'Assemblée nationale : voilà la cellule riposte envoyée au feu par la France, vendredi 17 avril, contre le ministre des Finances allemand, Wolfang Schaüble.
Jeudi à Washington, ce dernier avait doctement expliqué :
"La France serait contente que quelqu'un force le Parlement [à adopter de dures réformes], mais c'est difficile, c'est la démocratie.
"
Des déclarations tenues au cours d'un débat dans la capitale américaine, où il assistait à des réunions du FMI et de la Banque mondiale.
Autant dire que le gouvernement et le PS n'ont que très moyennement apprécié cette sortie. Premier à réagir vendredi matin : Jean-Christophe Cambadélis. Le Premier secrétaire du Parti socialiste sort la sulfateuse, accusant le ministre allemand de "francophobie" :
"La francophobie de Wolfgang Schäuble est insupportable, inacceptable et contre-productive.
"
La francophobie de Wolfgang #Schäuble est insupportable inacceptable et contre-productive.
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 17 Avril 2015
En début d'après-midi, Claude Bartolone entre en piste. Le président de l'Assemblée dénonce à son tour les "propos pas acceptables" de Wolfgang Schäuble, estimant que ceux-ci démontrent la nécessité d'une "confrontation" pour construire une "Europe solidaire".
Les propos de Wolfgang #Schäuble ne sont pas acceptables. Preuve de la confrontation nécessaire pour construire une Europe solidaire.
— Claude Bartolone (@claudebartolone) 17 Avril 2015
L'homologue du ministre allemand lui-même y est allé de sa réponse. Michel Sapin a rétorqué, via l'AFP :
"La France déteste qu'on la force.
"
Lui aussi présent à Washington, le ministre des Finances français a affirmé vouloir par là répondre "amicalement" à Wolfgang Schäuble. Il a dit :
"Le vocabulaire de la punition, de la sanction, de la contrainte, c'est ce qui fait détester l'Europe.
"
Selon lui, "le principe (partagé par Paris et Berlin) c'est que c'est le rôle de la Commission européenne" d'évaluer les politiques menées au niveau national, et non aux Etats membres de donner leur avis les uns sur les autres. Sur le ton de la plaisanterie selon l'AFP, Michel Sapin a aussi estimé que "connaissant bien Wolfgang Schäuble, c'était plutôt une forme d'encouragement".
Mais il n'y a pas que le PS qui soit monté dans les tours. Jean-Luc Mélenchon, jamais avare d'un commentaire assassin envers le voisin allemand, a ainsi considéré que Wolfgang Schäuble devait "présenter des excuses au peuple français".
Et l'ancien candidat à la présidentielle de lancer :
"[Ses propos] illustrent la nouvelle arrogance allemande à l'heure où elle domine l'Europe qu'elle met en coupe réglée.
"
Il ajoute que le ministre allemand est un "odieux personnage, responsable de douze millions de pauvres en Allemagne, d'une économie minée par le vieillissement d'une population sans appétit d'avenir, le recul de l'espérance de vie et le délabrement général des équipements publics".
Sur Twitter, il se fait encore plus virulent :
#Schäuble est un Bismarck d'opérette. #Merkel devrait lui offrir un cerveau avec une mémoire de l'Histoire.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 17 Avril 2015
Le Front national a également condamné les propos du ministre allemand. Son vice-président, Florian Philippot, a en effet jugé que ces déclarations "compromettent gravement l'honneur de notre pays". Pour le FN, le gouvernement "doit immédiatement convoquer l'ambassadeur d'Allemagne à Paris et exiger des excuses officielles de Mme Merkel en personne, devant ce qui apparaît comme un acte intolérable d'hostilité".