Le multiplex politique du 12 février avec Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon

Publié à 11h03, le 12 février 2017 , Modifié à 15h22, le 12 février 2017

Le multiplex politique du 12 février avec Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon
François Bayrou, Marion Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. © Montage Le Lab via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE - C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, Le Lab se plie en quatre (voire beaucoup plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.

Au programme de ce dimanche 12 février : Marine Le Pen au Grand Rendez-vous Europe 1/Les Échos/iTélé, Jean-Luc Mélenchon à BFM Politique, François Bayrou dans Dimanche en politique sur France 3 et Marion Maréchal-Le Pen au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.



  • Marine Le Pen


# Pas de racisme jusqu'à preuve du contraire

Dans son témoignage, Théo, violemment interpellé à Aulnay-sous-Bois et victime d’un viol présumé par un policier, évoque le racisme. "Nous refusons que des policiers se transforment en miliciens racistes", a encore dénoncé David Cormand , patron d’EELV. Mais pour Marine Le Pen, évoquer le "racisme" au sein de la police est "indigne" :

"

Je considère que ces déclarations de la part de responsables politiques sont indignes. Voilà. Je vous le dis. Et je pense que ces responsables politiques portent en partie la responsabilité morale de ce qui s’est passé hier soir, mais de ce qui se passe en réalité depuis deux ou trois nuits [à Aulnay-sous-Bois].



[...] S’il peut y avoir, comme chez les journalistes d’ailleurs, ou [de la part] de personnes qui pourraient faire preuve de racisme, c’est à la justice de le décider. Ce qui est terriblement grave, c’est que des responsables politiques jettent ainsi l’opprobre sur l’intégralité de la police. Moi je l’ai dit et je l’ai redit : par principe, je soutiens la police.

"

Samedi 11 février, 37 ont été interpellées en Seine-Saint-Denis, après une manifestation à Bobigny en soutien au jeune Théo. Près de 2.000 personnes s'étaient rassemblées dans l'après-midi devant le tribunal de Bobigny pour réclamer "Justice pour Théo". Après plus d'une heure de manifestation dans le calme, des policiers postés sur une passerelle ont reçu des projectiles. Des bruits de pétards et des mouvements de foule ont suivi. Des casseurs s'en sont pris à des vitres d'immeubles et au mobilier urbain et deux voitures ont été incendiées en marge de la manifestation.

# Macron ne soutient pas les intérêts français

Marine Le Pen, dont l'adversaire préféré dans cette campagne présidentielle est celui qu'elle nomme le "mondialiste" Emmanuel Macron, a accusé ce dernier d'avoir agi "contre les intérêts français" lorsqu'il était ministre de l'Économie. Elle cite la fusion de Technip avec FMC Technologies, le rachat d'Alstom par General Electric et de SFR par Patrick Drahi :

 

"

Par exemple, Technip, par exemple, Alstom, par exemple, lorsqu’il a permis à Drahi qui le soutient par l’intermédiaire de l’ensemble de ses journaux et de ses stations de télévision, de racheter SFR. [...] Vous ne savez pas que monsieur Macron a permis à une grosse boîte, qui était en difficultés d’ailleurs, américaine de racheter Technip, qui était un fleuron français [elle ne finit pas sa phrase] ?

"

Lorsqu'on lui oppose que la direction de Technip était favorable à la fusion avec FMC Technologies, la cheffe frontiste assure que "c’est contre les intérêts français". Le dossier Alstom avait été approuvé par Bruxelles malgré l'annonce par le groupe américain de 765 suppressions de postes en France.

Enfin, on ne voit pas bien en quoi Patrick Drahi, milliardaire franco-israélien, ne servirait pas les intérêts de la France en rachetant SFR. À moins que Marine Le Pen fasse référence au fait que l'homme d'affaire bénéficie du statut de "résident fiscal" en Suisse (mais elle ne le précise pas).

# Coucou Guaino et Dupont-Aignan

Marine Le Pen a annoncé qu'elle Présidente, le Premier ministre ne serait pas forcément issu du Front national. Ce que les cadres frontistes ont approuvé. Ce 12 février, la candidate FN à la présidentielle lance plus particulièrement un appel à Henri Guaino (LR) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France), tous deux candidats, eux aussi, à l'Élysée :

"

Obligatoirement, [la majorité présidentielle] ira au-delà du Front national. Elle va comporter tous ceux qui vont nous rejoindre avant le premier tour, entre les deux tours, après le deuxième tour. Je propose à tous les patriotes, à tous ceux qui ont la nation au cœur. Je ne vais pas vous faire une liste de gens. Je pense qu’il y a un certain nombre de personnes qui, aujourd’hui, dans la vie politique française, sont des patriotes. Monsieur Guaino est un patriote. Monsieur Dupont-Aignan est incontestablement un patriote. Ceux-là devraient pouvoir un jour, demain, se rendre compte peut-être, s’ils en ont le souhait, la volonté, que la nation est en grand danger, quoi qu’on en dise, et que le choix qui va se faire à l’élection présidentielle est presque un choix de civilisation. [...] Est-ce qu’ils sont capables de me rejoindre ? Je le souhaite. En tout cas, je leur lance un signal. Je leur dis : 'Si vous voulez oeuvrer pour le pays, alors il faudra, à un moment donné, rejoindre le grand clan des patriotes'.

"

#

 



  • Jean-Luc Mélenchon

# Dissolution des brigades spécialisées de terrain

 

Les quatre policiers mis en examen, trois pour violences et le dernier pour viol à l'encontre de Théo, appartiennent à la même unité : la brigade spécialisée de terrain (BST). Il y en a notamment une vingtaine en Ile-de-France, comme à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), d'où est originaire Théo. Descendant de la police de proximité, ces BST ont été mises en place en 2010 par le ministre de l'Intérieur de l'époque Brice Hortefeux. Elles sont particulièrement décriées par les habitants des endroits où ces BST opèrent, comme le rappelait déjà le Bondy Blog en 2014.

Sur BFMTV, Jean-Luc Mélenchon a proposé de "dissoudre" les brigades spécialisées de terrain. Il a déclaré :

 

 

"

Il faut dissoudre les brigades spécialisées de terrain, exactement comme on avait dissous les pelotons de motocyclistes voltigeurs au moment où Malek Oussekine (le 6 décembre 1986, ndlr) qui passait dans la rue - exactement comme Théo passait dans la rue - avait été victime mortelle, qui du fait de sa pratique conduisait à des résultats semblables. Je veux dire que des millions de Français originaires de toute l'Afrique ou des départements et territoires d’Outre-mer se sentent menacés aujourd'hui par des interventions intempestives du genre de celles de ces policiers.

"

Le candidat à la présidentielle de la France insoumise plaide pour le retour de la police de proximité. "Il y avait une solution qui fonctionnait, c'était la police de proximité et il faudrait faire en sorte que dans de nombreux endroits en France la seule présence du service public ce ne soit pas les brigades spécialisées de terrain mais ce soit tout le reste du service public. La police de proximité est la solution", a-t-il déclaré. 

 

# Transparence : j'ai changé

La transparence s'impose petit à petit aux responsables politiques, au rythme des révélations qui sortent dans la presse. Dernière affaire en date : le Penelope Gate. Lundi 6 février, François Fillon a notamment donné des détails sur ses comptes en banque et quelques noms de clients  de sa mystérieuse boîte de conseil, 2F Conseil. Ce dimanche 12 février, dans le JDD , Emmanuel Macron a fait la lumière sur ses finances, personnelles et de campagne. Pour Jean-Luc Mélenchon, cet exercice de transparence ne va pas trop loin. Il a expliqué : 

 

 

"

C'est comme ça. Du moment qu'on n’attente pas à la vie privée des gens... Au début ça m’exaspérait car je me sentais tout d’un coup comme suspect mais la majorité des militants politiques sont des gens honnêtes, ça paraît presque curieux de le dire.

"

Jean-Luc Mélenchon a précisé qu'il avait un appartement à Paris dont il est propriétaire "moyennant une dette cependant" et qu'il possède "une petite maison de campagne dont je suis très content que j’ai achetée il y a 20 ans".



  • Marion Maréchal-Le Pen


# La gêne est totale

Comme Marine Le Pen quelques heures plus tôt, Marion Maréchal-Le Pen a "constaté" que les manifestations violentes survenues le 11 février à Bobigny (Seine-Saint-Denis) étaient "prétexte à jeter l’opprobre" sur les policiers et gendarmes. La députée FN du Vaucluse s’est dit par ailleurs "gênée", comme sa tante, que des responsables politiques aient qualifié l’interpellation et le viol présumé de Théo de "raciste" :

 

"

Le soutien à Théo et les manifestations de soutien ont été le plus souvent prétexte à jeter l’opprobre sur toute une profession qui est celle des policiers et des gendarmes. Je constate aujourd’hui que ces racailles, ces voyous, ces délinquants, appelez-les comme vous voulez, utilisent ce qui semble aller vers un accident, hein, d’après la police des polices, à savoir l’IGPN pour casser [...] du flic. [...] J’ai entendu le fait que, soi-disant, l’IGPN pourrait protéger sa profession. C’est quand même très mal connaître l’IGPN puisque, de manière générale, la police des polices a plutôt un jugement extrêmement dur à l’égard de la police et à l’égard des dérapages. [...] Dans les conclusions [du rapport de l’IGPN, ndlr], il semblerait qu’il n’y ait pas eu la volonté de violer. Après, on verra ce que dit l’enquête.



S’il y a eu mauvais comportement ils devront être sanctionnés. En revanche, je suis très gênée par le fait qu’une grande partie de la classe politique, de gauche mais pas exclusivement, se soit précipitée pour jeter l’opprobre sur toute une profession. J’ai même entendu une secrétaire d’État [Juliette Méadel, ndlr], avant même la moindre conclusion, ne serait-ce que de l’IGPN, dire que c’était un acte raciste. J’ai vu le président de la République, et c’est son droit, et pourquoi pas, aller rendre visite à ce jeune homme, mais je ne l’ai pas vu au chevet des 300 policiers blessés au moment [des manifestations contre] la loi Travail. Je trouve ce deux poids, deux mesures absolument insupportable, voilà.

"

 

#PasMonFéminisme

Lors du débat à l’Assemblée sur l’extension du délit d’entrave à l’IVG, Marion Maréchal-Le Pen, s’adressant à la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, avait lancé : "Vous êtes la honte du combat des femmes, obsédée par la couleur du cartable, le sexisme de la grammaire, le jouet rose des Kinder, la répartition du temps de vaisselle dans le couple". Dans Le Grand Jury ce 12 février, la députée frontiste développe sa vision du "féminisme de gauche", qu’elle oppose aux "vraies menaces qui pèsent sur les femmes", à savoir l’inégalité salariale et "l’avancée de la charia" :

 

"

Le problème, c’est que le féminisme, aujourd’hui, est très connoté à gauche. En revanche, je suis une femme, donc j’aime autant défendre les intérêts qui sont les miens, c’est certain. J’ai le sentiment que le féminisme de gauche est un féminisme qui est à côté de la plaque. C’est une forme de volonté de l’État socialiste de s’immiscer dans le lit entre l’homme et la femme : on va être obsédé par la couleur du cartable, par le sexisme de la grammaire - il faut absolument dire madame LA députée et pas LE député parce que sinon, c’est sexiste [...]. Une réforme très symptomatique : la réforme du congé parental, qui fait qu’un couple, s’il souhaite bénéficier de l’intégralité du congé parental, va obligatoirement devoir le répartir égalitairement entre l’homme et la femme. Mais enfin, est-ce qu’aujourd’hui, c’est ça les enjeux principaux qui touchent à la condition féminine ? Non !



Aujourd’hui, les vraies menaces qui pèsent sur la femme, c’est plutôt la précarité salariale, ça c’est une réalité, des femmes et des familles monoparentales le plus souvent constituées de femmes d’ailleurs, de mamans. L’autre chose, c’est l’avancée aujourd’hui de la charia, de la loi islamique sur une partie du territoire français, qui font que les droits les plus élémentaires sont aujourd’hui bafoués pour un certain nombre de femmes dans ces territoires dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, il y a une forme d’aveuglement ou de complicité électorale sous la forme de l’islamo-gauchisme.

"

 



  • François Bayrou

 

#J'avais pourtant prévenu François Fillon

On sait que le président du MoDem n'est pas fan du projet de François Fillon qu'il qualifie "d'extrêmement dur". Ce n'est pourtant pas faute d'avoir prévenu le député LR de Paris. Voilà ce que le responsable centriste a déclaré : 

 

 

"

François Fillon a choisi contre mon avis d’avoir un programme qui est extrêmement durJe lui ai dit depuis le début, dès la première minute, depuis même l’entre-deux tours de la primaire que ce programme par le caractère très dur de ce qu’il demandait aux Français était une menace y compris pour son élection. En tout cas une menace pour l’idée que je me fais de l’avenir du pays. J'avais dit que c'était un programme qui allait tirer les Français vers le pessimisme et donc être récessif, c’est-à-dire menacer la progression de l’économie ou de la société française.

"

François Bayrou a par ailleurs souligné que la campagne de François Fillon n'allait pas être de tout repos. "Vous ne pouvez pas défendre un programme comme ça. A chaque phrase, vous allez avoir le choc en retour des pratiques qui sont maintenant révélées", a-t-il déclaré. La campagne du candidat LR à la présidentielle est déjà difficile : des heurts entre pro et anti-Fillon ou encore des insultes .

 

# "Je n'ai jamais été aussi mûr"

Il n'a toujours pas pris sa décision sur une éventuelle candidature à la présidentielle. Cela n'est plus qu'une question de jours. En attendant, François Bayrou laisse entendre qu'il pourrait bien être à nouveau candidat, encore plus avec l'affaire Fillon. Il a précisé : 

 

 

"

Je n’ai jamais été aussi mûr pour cette élection. J’ai vécu les élections précédentes, certaines très juvéniles, d’autres très enthousiastes, mais en effet avec le temps j’ai acquis de l’expérience. Mais ce n’est pas au travers de moi que je pose la question. Je pose la question au travers des menaces immenses qui pèsent sur le pays.

"

Interrogé par le journaliste pour savoir "si ça vaut le coup de quitter Pau (ville dont il est le maire, ndlr) pour une campagne présidentielle", François Bayrou a mis en avant des intérêts publics qu'il juge supérieurs à ceux de "son désir ou goût personnel". Il a déclaré : 

 

 

"

Si le choix personnel était celui qui l’emportait, je suis infiniment heureux dans cette fonction. Mais dans la vie, les questions les plus graves sont des questions que l’on ne tranche pas uniquement par son désir ou son goût personnel. Il y a aussi le sentiment qu'il arrive que vous soyez le seul à pouvoir faire ce qui doit être fait.

"

Une mission quasi-divine que seul François Bayrou pourrait accomplir donc, en somme.

 

Du rab sur le Lab

PlusPlus