Le petit Copé illustré en quatre leçons

Publié à 12h05, le 29 octobre 2012 , Modifié à 12h36, le 29 octobre 2012

Le petit Copé illustré en quatre leçons
Jean-François Copé sur France Culture le 29 octobre 2012 (captures dailymotion)

Comment éviter de répondre à une question, par Jean-François Copé. Le candidat à la présidence de l’UMP a une technique bien rodée pour esquiver certains sujets et désarçonner son interlocuteur : mettre en doute la bonne foi du journaliste.

Mise en pratique ce 29 octobre sur France culture. Durant 45 minutes d’interview, Jean-François Copé a eu le temps de montrer l’étendue de ses gammes : de la technique de l’offensé, à celle du professeur de journalisme en passant par l’accusation de "gauchisme". Le Lab vous explique le petit Copé illustré à travers quatre exemples.

  1. "On nous a changé France Culture !"

    > Technique n°1 : la leçon de journalisme

    Il est 7h46, Jean-François Copé est à l’antenne de France Culture depuis cinq bonnes minutes quand la première stratégie d’évitement se met en place : cette radio le déçoit beaucoup.

    Le contexte : Puisque Jean-François Copé prône une "droite décomplexée", le journaliste cherche à savoir quels hommes politiques de droite ont des "complexes à dire ce qu’ils pensent". Mais après plusieurs relances, le candidat refuse de donner des noms précis.

    La réplique : Devant l’insistance de son interlocuteur, Jean-François Copé change de sujet en critiquant le ton de l’interview :

    Dites-moi, on se calme là !Il est 7h30 du matin, je suis content de venir vous voir. (…) J’ai beaucoup de plaisir à venir chez vous car c’est un endroit où on peut finir ses phrases.

    Je ne sais pas ce qui se passe tout d’un coup, on ne peut plus les finir, on nous a changé France Culture !

    Le journaliste maintient tout de même sa question. Mais le candidat la juge de toutes évidences mauvaise :

    L’intérêt de notre émission, je vais vous dire, c’est d’être un tout petit peu conceptuel. Si vous me permettez, on va essayer de le faire ensemble et d’élever un tout petit peu notre discussion.

    On ne saura donc pas qui sont les "complexés" de la droite, Jean-François Copé embrayant sur sa théorie bien connue du "ni-ni".

    > Technique n°2 : la victimisation

    Le contexte : Le journaliste fait remarquer à Jean-François Copé qu’il a des idées très arrêtées sur certains sujets comme le mariage homosexuel ou le droit de vote des étrangers, idées qu’il n’avait pas forcément quelques années auparavant :

    Ce qui peut frapper dans votre style, c’est une certaine véhémence, un certain manichéisme. (…) Or, vous-même, vous avez varié sur ces sujets.

    La réplique : Piqué au vif, Jean-François Copé pratique alors la bonne vieille technique du "c’est celui qui le dit qui l’est" et rappelle qu’il ne cesse de se faire agresser par certains intervieweurs :

    Etes-vous certain que je suis plus véhément que vous ce matin ? Où est la véhémence ?

    Avez-vous eu l’occasion de regarder l’émission de Monsieur Ruquier où je me suis fait quasiment insulter par le journaliste, clairement engagé à gauche ? (…)

    Depuis tout à l’heure, excusez-moi, c’est quand même vous qui expliquez que vous êtes dans le camp des gentils et que moi je suis l’horrible agressif qui n’est d’accord avec rien de ce qu’il faut penser à Paris.

    Voici le passage de Jean-François Copé dans "On n'est pas couché" le 20 octobre. Le journaliste jugé "insultant" est Aymeric Caron :

    > Technique n° 3 : l’offense

    La technique de l’offense va encore plus loin que celle de la victimisation : d’un Jean-François Copé offensé ne sortira aucune réponse concrète.

    Le contexte : Sur le thème des liens avec le Front national, le journaliste cite l’exemple de Roland Chassain, élu UMP qui s’était désisté au second tour des législatives dans les Bouches du Rhône au profit du FN. Elu qui, malgré la demande d’exclusion faite à l’époque par Jean-François Copé, n’a jamais été privé de sa carte du parti. Elu enfin qui était présent lors du lancement de campagne du candidat et à son meeting à Marseille.

    La réplique : Elle se fait en deux temps : évacuer le "problème Chassain" pour porter l'attention sur le camp adverse, puis s’offusquer de la "mauvaise foi" journalistique :

    Ecoutez, je ne peux pas accepter ce procès d’intention. Je vous rappelle que Roland Chassain a été désavoué pour les propos qu’il a tenus, il a été battu à ces élections.

    Et un député FN a été élu dans cette même région car la candidate socialiste s’est maintenue et que personne n’en a parlé. A ma connaissance, elle n’a pas été désavouée.

    Jean-François Copé fait ici référence à Catherine Arkilovitch qui a refusé de se désister face à Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse dans le cadre d’une triangulaire. L’affaire avait été, au contraire, très commentée et la candidate désavouée publiquement par Martine Aubry sans être exclue du PS.

    Mais Jean-François Copé s'appuie sur cet exemple, selon lui passé inaperçu médiatiquement, pour crier à la mauvaise foi :

    Ce procès d’intention est inacceptable ! Ce que j’attends d’un journaliste objectif c’est de reconnaitre l’honneur de ma famille politique d’avoir refusé d’exercer le pouvoir avec l’extrême droite.

    Ne pas reconnaitre ça, c’est d’une mauvaise foi caractérisée.

    Le candidat ne s’expliquera finalement pas sur la non-exclusion de Roland Chassain et sur son discret soutien lors de différents meetings.

    > Technique n°4 : le procès pour flagrant délit de "gauchisme"

    Très liée aux techniques précédentes, la complainte contre les journalistes "clairement engagés" se retrouve souvent dans la leçon de journalisme et dans la victimisation.

    Le contexte : Un reportage est diffusé à l’antenne de France Culture. On y raconte la distribution de croissants au chocolat baptisés "Copé" devant la Grande Mosquée de Paris le 26 octobre. On y entend Abderrahmane Dahmane, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy chargé de la Diversité, très véhément contre Jean-François Copé.

    La réplique : L’actuel secrétaire général de l’UMP frappe immédiatement le reportage du sceau de la partialité :

    Comme je regrette le caractère tendancieux de ce reportage. (…) Vous interrogez celui qui est bien connu pour m’insulter moi et un certain nombre de mes amis depuis des années.

    Vous vous êtes bien gardés, les uns comme les autres, d’interroger nos compatriotes de confession musulmane qui m’ont bien compris et qui ont bien souvent remercié les engagements que j’ai pris.

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