La gauche de la gauche est certes vent debout. Mais elle n'est pas seule. Au PS aussi, de nombreux élus pas nécessairement étiquetés frondeurs dénoncent la décision de la préfecture de police de Paris, qui confirme les intentions du gouvernement, d'interdire la manifestation anti-loi Travail prévue à Paris jeudi 23 juin.
Ainsi le rapporteur de la loi El Khomri à l'Assemblée, Christophe Sirugue, a-t-il clairement fait part de son opposition à cette interdiction, qui selon lui enterre presque définitivement le dialogue sur ce projet de loi explosif. Sur Facebook, le député PS de Saône-et-Loire écrit ce mercredi :
"Je demeure convaincu que pour peu que l'on veuille discuter du projet de loi travail, de part et d'autre, une issue est possible.
Entre ceux qui veulent faire tomber le gouvernement et une interdiction de la manifestation que je ne peux cautionner, je ne suis pas certain que l'on soit encore dans ce débat...
"
Manière de renvoyer le gouvernement et ses opposants à gauche dos à dos. Loin, très loin d'être anodin puisque l'on parle du parlementaire choisi par l'exécutif pour porter le texte à l'Assemblée.
Il est cependant loin d'être le seul, à Solférino, à fustiger cette interdiction. Si le frondeur Christian Paul s'est logiquement insurgé, la députéee Karine Berger y est également allée de son commentaire assassin :
Interdire une manifestation de syndicats représentatifs! Même en désaccord ac les revendications, je ne reconnais pas mon pays. Ni mon Parti
— Karine Berger (@Karine_Berger) 22 juin 2016
Tout comme l'ancienne ministre de François Hollande et députée de la Gironde Michèle Delaunay :
Interdire une manifestation est une décision lourde et difficile pour la Gauche https://t.co/IxdQOzp7nD#manif23juin
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) June 22, 2016
e député Richard Ferrand, loin d'être un contestataire de gauche puisqu'il soutient ouvertement Emmanuel Macron, a également marqué sa désapprobation :
La portée politique et symbolique de l'interdiction de manifester dépasse les exigences de sécurité et risque de renforcer la confrontation.
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 22 juin 2016
D'autres voix d'élus socialistes se sont fait entendre : la rapporteure du budget Valérie Rabault, Linda Gourjade, Yann Galut ou encore Martine Martinel sont de ceux-là.
Gvt et syndicats doivent négocier, vraiment. Pas acceptable en démocratie d'interdire manifestation.Solution tjs possible pour la sécuriser
— Valérie Rabault (@Valerie_Rabault) June 22, 2016
Intolérable en démocratie d'interdire le droit à manifester aux syndicats représentatifs des salariés : du jamais vu depuis 1958 #LoiTravail
— Linda Gourjade (@Linda_Gourjade) June 22, 2016
Comme la violence, l'interdiction d'une manifestation syndicale est en contradiction avec notre histoire et nos valeurs 1/2
— Romain Colas (@romaincolas) June 22, 2016
Je partage totalement l'avis de V Rabault .Evitons les épreuves de force dangereuses pr tous et pr la démocratie https://t.co/fybtuDjsDI
— Martine Martinel (@MartineMartinel) June 22, 2016
Vous l'aurez compris : ils sont nombreux, dans le camp du chef de l'État et du gouvernement, à se désolidariser totalement de cette interdiction. Et ne parlons même pas de Christiane Taubira, icône de la gauche socialiste, qui s'est bien entendu invitée au concert de critiques...