Cas pratique : vous êtes porte-parole d'un gouvernement socialiste, donc de gauche, et vous devez justifier une interdiction de manifester ciblant une mobilisation contre votre texte de réforme du code du Travail. Que faire ?
A) Vous mettez en avant le contexte sécuritaire.
B) Vous appelez chacun à la responsabilité.
C) Vous essayez de convaincre ceux qui veulent tout de même manifester de respecter des conditions de sécurité propres à permettre une autorisation de manifestation.
D) Non pas la fameuse "réponse D" mais l'argument bien pourri ramassé par-terre en entrant dans la salle.
Si vous êtes Stéphane Le Foll, vous faites tout cela à la fois. Car après avoir scrupuleusement respecté les trois premiers points de ce petit guide de survie en territoire de gauche hostile, le porte-parole du gouvernement a dégainé l'argument inattendu et boîteux du jour.
Lors du point presse post-conseil des ministres, qui se tenait à la mi-journée mercredi 22 mai après que la préfecture de police a annoncé l'interdiction de la manif de jeudi, il a évoqué la question d'un rassemblement "statique". Il s'agissait de l'alternative à un défilé proposée par la préfecture aux syndicats pour que la manif ait lieu. Les organisations syndicales avaient refusé. Ce qui étonne un tout petit peu Stéphane Le Foll. Qui a donc déclaré à la presse :
"Je rappelle que le Front de Gauche a organisé des rassemblements statiques puisque quand Jean-Luc Mélenchon s'exprime depuis la place Stalingrad, c'est une manifestation statique.
"
Et de s'interroger : "Est-ce qu'il explique que ça veut dire que la démocratie ne peut pas s'exprimer ?"
Voilà donc le porte-parole du gouvernement comparant une manifestation syndicale à un meeting politique d'un candidat à la présidentielle. Et puisque ce genre d'événements-là se déroule de façon immobile - pardon, "statique" -, pourquoi est-il si inacceptable d'organiser la même chose pour protester contre un texte de loi ?
D'une logique *imparable*.
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